Deux des plus importants musées d'art moderne au monde, le MoMA de New York et le Tate Modern de Londres, possèdent ses oeuvres. Il vient de terminer un spectacle avec Isabella Rossellini pour le 50e anniversaire du Guggenheim de New York, dans le cadre d'une rétrospective Kandinsky. Auparavant il était à Genève, en Pologne, à Venise et en Nouvelle-Zélande.

S'il existe un artiste qui définit ce que représente le Montréal d'aujourd'hui, branché et multiculturel, c'est ce magicien de la lumière qu'est Rafael Lozano-Hemmer.

À 42 ans, le Montréalais d'origine mexicaine est une vedette internationale de l'art électronique. Sa grande réussite est de mettre les spectateurs au centre de son oeuvre. Des spectateurs-acteurs qui participent, grâce à la grande maîtrise technologique de l'artiste, à une oeuvre transcendant cette technologie. À travers quelque chose de froid et d'inhumain au départ, il crée des liens et une communion.

«Mon meilleur travail, raconte le diplômé en chimie de l'Université Concordia, est En voz alta (À voix haute) que j'ai présenté l'an dernier au Mexique. Ce l'est non pas en raison de ce que j'ai fait, mais parce que les gens en ont fait leur projet.»

Utilisant des porte-voix activant des éclairages monumentaux, ce mémorial a permis à nombre d'habitants de Mexico de raconter les expériences douloureuses vécues en 1968 lors de la répression d'une manifestation étudiante qui avait fait entre 300 et 500 victimes.

Rafael Lozano-Hemmer crée des installations interactives dans l'espace public. Il utilise la robotique, les projections, le son et la lumière pour aborder les thèmes comme le désir, l'absence, la perte, la complicité, le partage, la solitude dans des contextes tantôt ludiques, tantôt stratégiques, voire engagés.

L'art contemporain est, par essence, un acte conscient et Lozano-Hemmer croit profondément que cette prise de conscience requiert beaucoup d'humilité de la part des créateurs.

«Nous ne savons pas ce qui va arriver avec l'oeuvre, dit-il. Le public est partie intégrante de l'oeuvre. Je ne dessine pas une oeuvre uniquement pour moi. Tout dépend de la façon dont les gens la lisent, l'interprète et la créent.»

Petite entreprise

Dire qu'il ne sait plus où donner de la tête en ce moment est un euphémisme. Son calendrier est rempli jusqu'en 2011. Il travaille désormais avec une petite équipe de 10 personnes: artistes, ingénieurs, architectes. Pourtant, à part Mutek qui l'a heureusement programmé en mai dernier, on le voit peu à Montréal.

Et même si la nouvelle place des Festival bénéficiera d'une commandite de 1 million de dollars pour une oeuvre d'art public, il est peu probable qu'on le retrouve parmi les candidats. Avec trois jeunes enfants, il doit limiter ses projets.

«Je sais que j'aurai l'occasion de travailler ici. Ce serait fantastique, mais pour l'instant j'ai décidé de créer trois ou quatre pièces par année. En général, les gens voient ce que j'ai fait et me commandent une oeuvre», fait-il simplement.

Venise

Bien que citoyen canadien, Lozano-Hemmer a été choisi en 2007 comme responsable du pavillon du Mexique à la Biennale de Venise au moment où le Québécois David Altmejd représentait le Canada probablement l'événement international le plus important en art contemporain. Est-il déjà trop cher pour notre métropole?

«Non, répond-il. Je viens de créer une oeuvre pour la Biennale de La Havane et ça n'a rien coûté. Tout dépend. J'ai des projets de 1 million de dollars, mais c'est ce que veulent les commanditaires.»

«Avant, poursuit-il en souriant, je disais que mes projets étant aussi grands que mes insécurités. Mais après quatre ans en psychothérapie, je fais de petites choses aussi. Je n'ai plus besoin de gigantesque.»

Une question reste: quand Montréal osera-t-il enfin s'offrir sa star de l'art électronique?

 

En un mot

Maître de l'art interactif électronique

Montréal, c'est...

«Un endroit fantastique pour la famille et pour le travail. Il y a des artistes et des ingénieurs extraordinaires et il est possible de louer des studios à prix modique.»

Que dit-on de Montréal?

«Au Mexique, Montréal est vu comme une ville latine où existe une chaleur humaine introuvable en Amérique du Nord. Ailleurs, les gens savent qu'il y a un grand intérêt ici pour les nouvelles technologies, l'architecture et les arts de la scène. Ils connaissent Montréal pour ça.»

Que manque-t-il à Montréal?

«En art visuel, nous avons les créateurs, mais il faut améliorer les relations internationales, attirer davantage les artistes étrangers ici et exporter les nôtres.»

À voir sur le web

Vidéos de la majorité des oeuvres à lozano-hemmer.com