Ce n'est pas d'hier que les artistes s'intéressent aux aliments. Il y a les natures mortes qui les représentent et le Food Art qui les utilise comme matériau. On pense aux fruits de Picasso, aux personnages d'Arcimboldo - nés d'un assemblage de fruits et de légumes, aux conserves de soupe de tomates de Warhol ainsi qu'aux sculpteurs qui travaillent avec de la viande ou de la gomme à mâcher. C'est bien, mais ce n'est pas vraiment ce dont il est question ces jours-ci à Saint-Hyacinthe.

Les artistes qui participent à Orange ne font pas que des représentations : ils remettent en question la façon dont les aliments sont produits et la façon dont ils sont consommés.

 

Les artistes ont les mêmes préoccupations que tout le monde. Ce sont d'abord des citoyens qui mangent et qui consomment, précisent les trois commissaires d'Orange, Sylvette Babin, Geneviève Ouellet et Marcel Blouin. Il ne faut donc pas s'étonner de voir maintenant l'alimentation au coeur de l'art contemporain, comme il l'est au cinéma et dans la littérature, notamment avec la multiplication des ouvrages ayant pour sujet la provenance des aliments, la composition de l'assiette et l'industrie agroalimentaire.

« De plus en plus, il y a une préoccupation citoyenne face à l'alimentation, explique l'artiste Thierry Bossé-Arcand, auteur d'une oeuvre mettant en scène Ronald McDonald. Les gens cuisinent de plus en plus. Ils prennent le temps de cuisiner. Ils s'intéressent à l'agriculture. On en parle plus à la télévision et dans les journaux. «

L'artiste Richard Purdy présentera une conférence sur l'importance de l'aliment dans l'art contemporain. Il est d'accord, le contexte social explique cet intérêt accru des artistes pour les questions alimentaires. Mais il explique aussi cet engouement par un effet de réaction. « Les gens passent leurs journées devant leur écran d'ordinateur, dit-il. Ils arrivent à la maison et s'installent devant l'écran de télévision. « En travaillant avec la matière organique, les artistes font des oeuvres qui ont une odeur et même, parfois, un goût. Et ces oeuvres « d'art chimique «, dit-il, laissent des souvenirs plus forts encore chez ceux qui les voient, puisqu'elles marquent plus d'un sens et contrastent avec un univers, autrement, trop fade.