Un Renoir passé aux rayons X pour examiner la lumière du tableau, un grain de sable détecté sur une toile de Guillemin, qui aimait peindre sur la plage, sont quelques-uns des aspects inédits des Impressionnistes révélés par la nouvelle exposition du musée de l'Albertina ouvert jeudi soir à Vienne.

«C'est la vitalité de la couleur qui fait la popularité de l'impressionnisme: une neige blanche devient subitement multicolore selon la lumière du jour», a expliqué Klaus Albrecht Schröder, directeur du musée, en présentant certaines des nouvelles techniques expérimentées pendant 5 ans par des experts pour cette exposition intitulée «Impressionnisme, comment la lumière est venue sur la toile».

Plus d'une centaine de peintures de dizaines d'artistes dont Cézanne, Courbet, Degas, Gauguin, Manet, Monet, Pissarro, Renoir, Signac, Sisley, Toulouse-Lautrec et Van Gogh, rassemblées avec l'aide du Wallraf-Richartz Museum de Cologne, sont ainsi décortiquées et fournissent parfois des trouvailles surprenantes.

«Ces artistes ont-ils peint, comme disait Monet, «comme un oiseau chante», ou ont-ils planifié leur oeuvre? C'est cette question qui a guidé notre projet», a précisé le directeur.

Aussi le passage des tableaux aux rayons X, infrarouges, ultraviolets ou d'autres scanners modernes a permis de découvrir des esquisses précises au crayon sous des couches de peinture injustement qualifiées de coup de pinceau spontané lancé sur la toile au beau milieu de la nature.

En revanche, l'examen au microscope d'une peinture de bord de mer a permis de détecter le grain de sable et les pollens minuscules fixés par le vent dans la gouache utilisée par l'artiste, prouvant qu'il avait bien peint en plein air.

«Malgré la taille de l'oeuvre, on a, par exemple, la preuve que le peintre a travaillé directement sur la plage, et non exclusivement en studio» a souligné Iris Schaefer, conservatrice du musée de Cologne.

Un agrandissement révèle de la même manière un bourgeon de peuplier incrusté dans le tableau «Linge séchant au bord de la Seine» de Caillebotte, laissant imaginer aux visiteurs l'artiste penché sur son chevalet, à l'ombre des grands arbres. «On a dû chercher centimètre par centimètre: c'était sensationnel d'entrer dans la tête des artistes, dans le processus de création», a ajouté la conservatrice.

Pour détailler encore davantage le travail des impressionnistes, les responsables de l'exposition ont retrouvé les ustensiles des uns, les livres inspirant les autres. Parmi eux, Les étude des couleurs du génie littéraire allemand Goethe ou les Optiques du physicien, philosophe et mathématicien anglais Isaac Newton, qui, outre sa théorie de la gravitation universelle, a été le premier à démontrer qu'un prisme décompose la lumière blanche en un spectre de couleurs.

Alliant le côté galerie de peinture à celui de musée de l'histoire de l'art, l'Albertina expose au milieu des toiles des objets ayant appartenu aux peintres: des lunettes d'Auguste Renoir, un chausson de ballerine d'Edgar Degas ou encore la palette et les tubes de peinture de Vincent Van Gogh.