Le Musée du portrait n'est pas mort et enterré, malgré le départ imminent de sa directrice générale en poste depuis 2001.

La haute direction de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a convoqué la presse, hier après-midi, afin de corriger ce qu'elle a qualifié d'information «erronée et trompeuse».

Dans un courriel envoyé en milieu de semaine à son personnel, la directrice générale du Musée du portrait du Canada, Lilly Koltun, annonçait qu'elle quittait son poste, que l'institution perdait son appellation de musée (gallery) et que ses activités étaient intégrées à celles de BAC.

«Le statut du Musée du portrait du Canada n'a pas été modifié», a martelé hier le bibliothécaire et archiviste du Canada, Daniel J. Caron, précisant qu'il ne s'agit pas d'une entité séparée, mais bien d'un programme de Bibliothèque et Archives Canada qui conservera son appellation.

La directrice générale n'a pas démissionné, précise l'institution, qui confirme néanmoins que Mme Koltun sera affectée à d'autres tâches dès le 14 septembre, au terme d'un jeu de chaise musicale de l'équipe de gestion.

«Les ressources financières et humaines dédiées à faire connaître la collection et à la rendre accessible ne changent pas, a assuré M. Caron. C'est inconditionnel.»

La collection du Musée du portrait qui regroupe plus de 20000 peintures et dessins, 4 millions de photographies et des milliers de caricatures sera plutôt gérée par l'entremise de partenariats.

Réalisées avec le Musée des sciences et de la technologie, les expositions Festival Karsh et Karsh: Créateur d'images, par exemple, commenceront leur périple au début 2010.

Selon les plans originaux mis de l'avant en 2001 par le gouvernement libéral de Jean Chrétien, le Musée du portrait devait s'établir dans l'ancienne ambassade des États-Unis, rue Wellington, en face du Parlement.

L'édifice a été le théâtre d'importants travaux, avant que les conservateurs de Stephen Harper ne changent les plans après leur arrivée au pouvoir en 2006.

En novembre 2007, le fédéral a plutôt lancé une compétition mettant aux prises neuf villes dont Ottawa intéressées à accueillir une nouvelle version du projet évalué à 44 millions $. Le concours a lui aussi été annulé l'an dernier.

Facture de 13 millions $

Selon le député d'Ottawa-Centre, Paul Dewar, la «mauvaise gestion» de ce dossier par le gouvernement fédéral aura coûté 13 millions$ aux contribuables.

Il rappelle que 11,4 millions $ avaient déjà été dépensés pour rénover l'ancienne ambassade américaine. En outre, poursuit-il, la compétition mettant aux prises neuf villes canadiennes aurait coûté 1,9 million $ supplémentaires.

«Après des années de tergiversations sur le musée, l'ancienne ambassade des États-Unis demeure une coquille vide, témoignage éloquent du désengagement du gouvernement actuel envers les arts et la culture», rage le député Dewar, qui ne mâche pas ses mots pour qualifier la «destruction» orchestrée par le gouvernement.

Le député demande à Ottawa de revenir au plan d'origine, en face de la colline du Parlement, de façon à récupérer une partie de la mise.