Le milieu des arts visuels ne lâche pas prise et demande maintenant que Québec tienne une consultation publique sur la mission et la gouvernance du Musée d'art contemporain de Montréal.

C'est le Regroupement des artistes en arts visuels du Québec (RAAV), mardi, qui a appelé la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, à procéder de la sorte «afin de bien ancrer l'institution dans son environnement social et politique».

Depuis plusieurs semaines, soit depuis la nomination d'une nouvelle directrice générale à la mi-juin, le musée de la rue Sainte-Catherine Ouest a fait l'objet d'une attaque en règle de la part de personnes influentes du milieu des arts visuels.

Les protestataires ont exprimé de sérieuses préoccupations face au processus de sélection et des inquiétudes quant au rayonnement international de ce musée-phare de l'art contemporain au Québec et au Canada. Ils ont aussi proposé des pistes de solution pour revitaliser le musée, jugé trop conservateur et figé.

Les initiateurs du mouvement, Laurier Lacroix, muséologue et historien de l'art, et Anne-Marie Ninacs, commissaire et chercheuse indépendante, ont été appuyés dans leur démarche par plus d'une centaine d'autres acteurs de la communauté des arts visuels.

Dans la foulée, Maurice Forget, membre à vie du Musée d'art contemporain de Montréal, ancien administrateur du musée et ancien président de la Fondation du Musée, un autre personnage influent dans le milieu de la culture à Montréal, a aussi, de son côté, fait une sortie publique ces dernières semaines, soulignant la nécessité d'une discussion en profondeur autour du statut de ce musée et de sa place dans le milieu québécois de la culture. Dans une lettre d'opinion publiée dans les médias à la fin juillet, il a aussi identifié quelques changements fondamentaux à apporter, tel que l'amélioration du financement de l'institution et la création d'un immeuble plus grand et plus convivial pour y tenir ses activités.

Mardi, le RAAV, disant constater l'ampleur de la vague de contestation et l'importance des intervenants qui l'ont mise en oeuvre et du soutien qu'elle a généré, a donc demandé à la ministre d'intervenir.

Selon la présidente du RAAV, Lise Létourneau, cette institution a trop de potentiel, trop d'importance pour l'ensemble du milieu des arts visuels, pour qu'on ne remette pas en question, de temps à autre, son mode de gouvernance et sa façon de remplir sa mission artistique et sociale. Elle a ajouté qu'il s'agirait là d'un exercice positif qu'il serait probablement bon d'effectuer au moins à chaque décennie afin de bien ancrer l'institution dans son environnement social et politique. Selon elle, il faut mettre ce musée au diapason des besoins du public et des artistes contemporains du Québec.

Le RAAV, dont le mandat est de représenter l'ensemble des artistes professionnels ayant une démarche de création en arts visuels, considère que cette consultation doit aussi concerner l'ensemble des institutions muséales que l'Etat soutient financièrement, tout particulièrement celles dont la mission est de présenter les oeuvres d'artistes contemporains au public québécois. Selon l'organisme, la culture interne de ce milieu semble propice à des décisions trop souvent défavorables aux artistes d'ici, aux acteurs du domaine des arts visuels ainsi qu'au public qu'il est sensé desservir.