Vincent Munier aime la poudrerie et le brouillard. Isolé du monde, dans l'eau en suspension, gelée ou gazeuse, il fait ses meilleures photos. Montréal en sera témoin dans le cadre de l'exposition État sauvage, présentée sous chapiteau devant le Centre Bell, dès demain, et ce, jusqu'au 7 septembre.

L'exposition État sauvage comprend 130 photos, dont 70 de Vincent Munier, réputé photographe français de 33 ans, seul au monde à avoir gagné trois fois le prix BBC Wildlife Photographer of the Year.

Il nous arrive du toit du Canada, l'île Banks, dans les Territoires du Nord-Ouest, où il a photographié des loups et des lièvres blancs, en solitaire pendant un mois. Quelques-unes de ses photos sont d'ailleurs présentées en première mondiale ici.

«Je suis un passionné des pays froids, avoue-t-il. C'est au Québec que j'ai fait ma première rencontre avec le harfang des neiges. J'ai l'intention d'aller voir la migration des caribous dans le Nord», a dit le photographe natif des Vosges, dont c'est la première exposition personnelle au Québec.

En Russie, en Finlande, en Norvège, au Japon, en Alaska, Vincent Munier saisit depuis huit ans le courage et la solitude des animaux nordiques dans l'immensité des paysages. Il a photographié nombre de mammifères et d'oiseaux, mais c'est l'émotion qu'il ressent qu'il réussit à transmettre dans ses «tableaux» vivants.

«Le fait de passer du temps seul dans une nature vierge, c'est ce dont j'ai besoin, dit-il. Je cherche les espaces où l'homme n'a pas encore mis sa griffe. Je m'adapte à la ville mais, au bout d'un certain moment, j'ai besoin de repartir. C'est intense, physiquement et psychologiquement.»

Ses expéditions peuvent durer quelques jours, mais parfois des mois. Il part le plus souvent seul, en skis ou en raquettes.

«Les émotions sont beaucoup plus fortes ainsi. En Arctique, où je viens de passer un mois, j'ai vécu trois jours au rythme d'un lièvre. Ça peut paraître naïf, mais c'est un bonheur. Mes photos sont des coups de coeur.»

Au début de sa carrière, Vincent Munier répondait surtout aux commandes de magazines. Depuis quelques années, il est seul maître à bord. Il a déjà exposé ses photographies dans plus de 35 pays et publié sept albums.

Trois en un

L'exposition est une réalisation de UMA, la Maison de l'image et de la photographie, selon une idée de son directeur, André Cornellier. «C'est du Jean-Paul Lemieux!» s'exclame-t-il en parlant de Vincent Munier.

L'exposition, qui a nécessité quatre mois de travail, est divisée en trois volets: elle présente aussi des photos provenant des collections de National Geographic, sur les mammifères marins, et du magazine Nature's Best du Smithsonian Museum de Washington, sur les grands fauves.

«C'est la première fois que ces trois grands acceptent de travailler ensemble, explique M. Cornellier. Ils n'ont pas l'habitude, mais leurs univers sont respectés et bien séparés dans le parcours de l'exposition.»

Chaque espace comprend des effets sonores propres aux thèmes abordés par les photographes et, fait inusité, le plancher de l'exposition est recouvert de sable. Avis aux amatrices de talons hauts!

Enfin, Vincent Munier donnera une conférence (payante) à propos de son travail, vendredi à 18 h, à l'Université Concordia.

________________________________________________________________________________

État sauvage, du 6 août au 7 septembre, devant le Centre Bell. Billets en vente sur place.