La Grande Bibliothèque souligne par deux expositions l'Année mondiale de l'astronomie. La première, pour les grands, nous initie au cosmos imaginaire des Premières Nations; l'autre, pour les petits, fait découvrir le monde réel des étoiles.

Au premier étage de la Grande Bibliothèque, dans la section Littérature, sont rassemblées sous vitrine les oeuvres inédites de 14 artistes autochtones, accompagnées de petits textes de huit poètes amérindiens. Un thème les unit: les grands mythes amérindiens de la création du monde. Autre chose qu'ils ont en commun: ils ne font pas de l'art autochtone traditionnel. La plupart des exposants sont diplômés d'écoles d'art ou d'universités canadiennes. Ils puisent leur inspiration dans la culture de leurs ancêtres, sujet de leurs recherches, et s'expriment par les moyens de l'art contemporain.

 

«Il y a là un territoire immense qui appelle mille explorations», écrit Raymond Dupuis, d'origine malécite, bien connu en tant qu'artiste montréalais. Fait-il référence au ciel ou à la culture autochtone, on ne sait pas. Mais l'exposition à laquelle il participe est une sorte d'initiation à la complexité et à la diversité des mythes amérindiens. Les conceptions du monde qui inspirent ces artistes de différentes nations peuvent sembler curieuses, mais elles présentent souvent les humains comme un petit rouage dans un grand tout à protéger.

Prenons Denis Charrette, Métis algonquin de l'Outaouais, par exemple. Il semble s'intéresser à la grande diversité des arbres dont il utilise plusieurs essences, parfois dans la même pièce. Ses sculptures sont d'une grande finesse d'exécution. L'une d'entre elles, Fibres planétaires, est particulièrement éloquente. Une tranche d'arbre ovale dont on voit les lignes de croissance ressemble à la voûte céleste. Le sculpteur y a mis, à la place d'étoiles, des points taillés dans diverses essences de bois. Pour sa part, Raymond Dupuis s'intéresse depuis plusieurs années à la culture des Hopis. Dans l'oeuvre exposée, composée de plusieurs petits tableaux, il reprend à sa manière, toujours aussi éclectique, des pétroglyphes du Nouveau-Mexique qui décrivent le mouvement des planètes. Autre exemple, Katia Kurtness, Innue du Lac-Saint-Jean, a recours à des objets ou symboles évocateurs (notamment des plumes d'oiseau, la Lune...) pour parler d'elle-même.

Depuis quelques années, les artistes d'origine autochtone occupent une place de plus en plus grande dans les salles d'art contemporain des musées. C'est le cas notamment au Musée des beaux-arts de l'Ontario, à Toronto, et au Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa. On comprend pourquoi, même si l'exposition est de taille réduite, en visitant Cosmogonies des Premières Nations, organisée par Terres en vues, un organisme à but non lucratif voué à la promotion et à la diffusion de la culture autochtone.

Initiation

L'exposition destinée aux petits, dans la grande salle du sous-sol, s'appelle Virginia. C'est le nom de la petite fille fictive de Galilée, inventée par l'astrophysicien Pierre Chastenay pour initier les enfants aux découvertes de l'astronomie au fil des siècles. Virginia guide les petits visiteurs par des textes écrits au-dessus de vitrines chargées de vieux télescopes et d'autres appareils pour sonder les cieux. Elle s'en prend souvent à Aristote qui, dit-elle, a fait plein d'erreurs dans ce domaine. Et se dit fière de son papa qui a toujours raison. L'exposition intéressera aussi les grands. On y trouve d'immenses photographies des astres prises par de puissants télescopes. On se sent bien petit devant cet univers infini. Comme les humains dans les cosmogonies des Premières Nations.

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Cosmogonies des Premières Nations et Virginia à la Grande Bibliothèque, 474, boulevard De Maisonneuve Est. Ouvert du mardi au vendredi, de 10 h à 22 h. Samedi et dimanche, de 10 h à 17 h. Entrée libre.