Le réputé Art Institute of Chicago vient d'inaugurer sa nouvelle Modern Wing. Des oeuvres de Chagall, Pollock, Picasso et Warhol disposent dorénavant d'une demeure spacieuse, lumineuse et élégante signée Renzo Piano.

Le plus grand chantier jamais entrepris au Art Institute of Chicago vient de se terminer avec l'ouverture, le 16 mai, d'une toute nouvelle aile consacrée à l'art moderne - The Modern Wing, selon l'appellation officielle. Ce pavillon de 264 000 pieds carrés, soit le tiers de la superficie totale du musée, constitue le septième et le plus ambitieux agrandissement de cette institution centenaire, qui devient ainsi le deuxième musée des États-Unis après le Metropolitain Museum of Art de New York. L'imposant édifice de calcaire, de verre et d'acier donnant sur la rue Monroe, face au Millenium Park, s'impose comme la deuxième «entrée principale» du musée. Il s'ouvre sur un hall lumineux, de part et d'autre duquel sont disposées, au rez-de-chaussée comme aux étages supérieurs, des salles d'exposition. Conçu par la firme de l'architecte italien Renzo Piano, ce pavillon construit au coût de 300 millions US a été pensé pour maximiser l'éclairage naturel et ainsi mieux mettre en valeur l'impressionnante collection qui y est exposée.

Renzo Piano est un habitué des lieux réservés à la mise en valeur des oeuvres d'art. Seulement aux États-Unis, il a été impliqué dans des projets de conception ou d'agrandissement de musées à Los Angeles, Atlanta, Dallas et Houston. Sa plus célèbre réalisation en la matière demeure toutefois le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, situé à proximité de l'hôtel de ville de Paris, qui s'est imposé comme un symbole architectural de la Ville lumière.

Riche collection

L'addition de cette aile, un processus amorcé en 1999 avec la sélection de l'architecte, permet au Art Institute of Chicago de déployer sa collection d'art moderne et contemporain, qui ne pouvait être vue qu'en partie jusqu'ici. Le jeu en valait la chandelle, car si l'institution de Chicago est connue dans le monde entier pour ses chefs-d'oeuvre impressionnistes et post-impressionnistes (des tableaux majeurs de Monet, Renoir, Van Gogh et Seurat, notamment), elle possède également un riche patrimoine d'oeuvres du XXe siècle.

La peinture européenne de la première moitié du XXe siècle se trouvant au troisième étage, le visiteur soucieux de chronologie a avantage à amorcer son parcours tout là-haut. Passant d'une salle à l'autre, on découvre plusieurs sculptures de Giacometti (dont sa Femme cuiller de 1926) et nombre de tableaux marquants: La crucifixion blanche de Chagall, des Magritte (dont Le temps traversé) et l'immensément célèbre Vieux guitariste de Picasso (1903), symbole de sa période bleue.

Un étage plus bas, on plonge dans la peinture américaine (Pollock, Kline et autres grands de l'expressionnisme abstrait américain), ainsi que dans l'art contemporain: des tableaux-installations de Jasper Johns et Eva Hesse, mais aussi du pop art, dont un Elvis de Warhol.

En ce début des années 2000, on est toutefois particulièrement remué par une série de dessins récents de Robert Gober. Surtout connu comme sculpteur, l'artiste américain a dessiné des corps qui s'étreignent, bras, têtes et pieds coupés, sur des pages du New York Times du 12 septembre 2001. Évocation à la fois tendre et brutale, assurément troublante, de ces attaques qui ont fait basculer le monde et détruit des familles.