La justice française a interdit mardi l'exposition anatomique Our Body, laissant 24 heures aux organisateurs pour suspendre la manifestation qui présente au public, depuis le 12 février à Paris, de vrais corps humains.

La société organisatrice de l'exposition, Encore Events, a immédiatement annoncé qu'elle allait faire appel de cette décision.

Déjà présentée à Lyon et Marseille, l'exposition devait s'achever le 10 mai, avant de migrer au Parc Floral, en banlieue parisienne.

Deux associations de lutte pour les droits humains avaient assigné la société Encore Events pour obtenir l'interdiction de cette manifestation.

Tandis qu'à l'audience du 1er avril, Encore Events avait souligné le caractère pédagogique et scientifique de la manifestation, les associations demanderesses avaient argué qu'elle portait atteinte aux droits humains.

Les corps du litige sont exposés depuis le 12 février à Paris. Au prix de 15,50 euros l'entrée, le public peut y découvrir 17 cadavres de Chinois, hommes et femmes, entiers ou disséqués. Les corps sont préservés par plastination, une technique qui consiste à remplacer les liquides organiques par du silicone.

L'exposition Our Body a déjà été proposée par d'autres organisateurs aux États-Unis, en Allemagne et en Espagne.

Plus largement, ces expositions anatomiques ont été vues par plus de 30 millions de visiteurs dans le monde.

Dans son ordonnance, le juge des référés Louis-Marie Raingeard a estimé que cette exposition représentait «une atteinte illicite au corps humain» et que les «découpages» des corps qui sont proposés, ainsi que «les colorations arbitraires» et «les mises en scènes déréalisantes» manquent de «décence».

«L'espace assigné par la loi au cadavre est celui du cimetière», rappelle le magistrat dans sa décision, considérant que «l'objectif commercial» poursuivi par les organisateurs «porte une atteinte manifeste au respect qui est dû» aux corps.