C'est la semaine de relâche. Sortons des sentiers battus et prenons l'«entrée de secours» de la nouvelle galerie L'Aspirine pour admirer les poupées horrifiques de Fabesko et de ses amis, tous plus bizarroïdes les uns que les autres. Ça fait du bien!

Fabienne Escolano, alias Fabesko, 39 ans mais look d'ado, fabrique des poupées. Elle en parle avec beaucoup de respect. Ce sont, en vérité, des «sculptures», dit-elle. Dans la galerie-boutique-atelier qu'elle vient d'ouvrir, rue Roy, là où régnait auparavant la chocolatière Chloé, elle présente jusqu'au 20 avril une exposition de crazy dolls, comme disent si bien ces Français qui font partie du «collectif mutant créateur de peluches et poupées bizarroïdes». Ce collectif a été créé par David Notany, alias Dav Dav Guedin, dont le site «perso» sur le Net vaut à lui seul une semaine de relâche. Les poupées noires de Dav Dav font partie du show.

 

L'exposition rassemble les «poupées» de tous formats, de toutes tailles, d'une douzaine d'exposants de France, de Suisse, de Belgique et du Québec. Mais attention: «poupées» n'est peut-être pas le meilleur terme pour désigner ces trucs en peluche, en cuir, en guenille, qui n'ont rien à voir avec les gentilles petites filles miniatures aux cheveux blonds qui ferment les yeux et disent «maman» quand on les couche. Ce sont des êtres indéterminés qui prennent la forme de girafes à deux têtes, par exemple, de super héros maganés, de momies avec un couteau dans le ventre, de monstres à tête de mort. Il y a là des homards en similicuir rouge, des petits soldats à têtes et ailes de vraies abeilles, des têtes en peluche dans du faux formol. Aussi quelques bas-reliefs rembourrés représentant les fantasmes de Fabesko elle-même, sur les maladies et la médecine. Et la grande maison de poupées, création collective qui occupe une bonne partie de l'espace, ferait peur aux vrais petits enfants. Qui seraient par ailleurs ravis de frissonner ainsi d'horreur.

Il y a une parenté entre les crazy dolls de L'Aspirine, dirigée par cette Parisienne qui a adopté Montréal il y a un an, et les «bibites» de l'Usine 106U, une autre boutique-galerie récemment déménagée de l'autre côté de la rue Roy, au numéro 160, à cinq rues de L'Aspirine (anagramme de parisien). On dirait des oeuvres d'enfants devenus grands qui puisent dans leurs souvenirs pour exprimer ce qui leur était interdit quand ils étaient petits. Il y a cet humour noir dénonciateur des modèles et des rôles imposés, ce recyclage d'objets trouvés, et le plein pouvoir de l'imagination «lâchée lousse» dans la jungle de l'inconscient. D'ailleurs, parmi les exposants de Crazy dolls, on retrouve les Eric Braün, Mimi Traillette, La Puce à l'agonie et autres fidèles de l'Usine 106U. Il y a aussi, dans les deux cas, le désir d'être accessible à tous. Ainsi, l'on peut trouver des mini-poupées et autres petits objets insolites à 2$. Le prix des «sculptures» va de 20$ à 200$. Le prix moyen est de 50$. N'y allez pas tous en même temps, la galerie est toute petite.

La bière et les assiettes

Le Cheval blanc, bar bien connu pour son design et sa bière maison, a accroché sur ses murs une quarantaine d'assiettes «signées» par des artistes de la bédé et autres. Il s'agit d'assiettes conventionnelles, pour la forme, mais dont le dessin, en noir et blanc, est rarement destiné à accueillir des plats. Des morceaux de comics le plus souvent. On y reconnaît les coups de griffe de Simon Bossé, entre autres, Richard Suicide, Iris, Obom et Gigi Perron. À 60$ l'unité, les assiettes sont presque toutes vendues. S'il n'y en a plus pour les retardataires, il reste quand même là de la bien bonne bière. À votre santé!

Crazy Dolls à la galerie L'Aspirine, 370, rue Roy Est, jusqu'au 20 avril. Ouvert le mercredi et le dimanche, de 14h à 19h; le jeudi, vendredi et samedi, de 12h à 20h. Céramiques au Cheval blanc, 809, rue Ontario Est, jusqu'au 15 avril. Ouvert du lundi au vendredi à partir de 15h; le dimanche, à partir de 17h.