Le Musée des beaux-arts de Montréal a choisi un capitaine rompu aux eaux troubles pour succéder à Bernard Lamarre comme président de son conseil d'administration. Ayant travaillé chez Domtar et Imasco, spécialiste en gouvernance, ainsi qu'en fusion et acquisitions d'entreprises, l'avocat Brian Levitt en a vu d'autres.

Engagé depuis plus de 12 ans au sein de l'institution de la rue Sherbrooke, il ne doute aucunement de la solidité de l'organisation en place, «très bien gérée», dit-il. Crise économique appréhendée, ou pas.

 

«La pire des choses, c'est la complaisance, mais nous avons le privilège et l'opportunité de bâtir sur une fondation qui est déjà plus que solide. Quand ça va bien, ça va bien», estime-t-il.

En ce qui concerne la fréquentation (640 000 visiteurs en 2007-2008), de dons d'oeuvres d'art (d'une valeur de 23 millions) et de ventes d'expositions à l'étranger, le Musée a battu tous ses records cette année.

«Cela étant dit, ajoute-t-il, il y aura plein de défis. L'équipe fait un travail extraordinaire. Le conseil doit voir comment il peut l'appuyer. Les gestionnaires, pour réussir, doivent agir. Mais au C.A., la qualité très importante est la retenue. Avant d'agir, il faut réfléchir et plutôt deux fois qu'une.»

La confiance tranquille du nouveau président se base sur la réussite du Musée auprès de ses diverses clientèles, sur sa participation à la vie montréalaise et sa réputation grandissante à l'international.

«Dans n'importe quelle entreprise ce n'est pas l'opinion du producteur qui compte, mais celle des clients. Quand on a 600 000 personnes qui viennent au Musée, c'est un appui encore plus important que les dons d'argent à mon avis», croit-il.

Le succès de la campagne de financement de 100 millions du Musée, lancée hier, repose d'ailleurs, selon lui, sur la popularité des expositions récentes.

«L'argent suit l'organisation et non l'inverse. On mesure la santé d'une organisation au succès obtenu auprès de ses clientèles. Je ne m'intéresse pas à ma propre appréciation, mais à celle des autres», explique-t-il. M. Levitt ne nie pas toutefois que le ralentissement économique puisse nuire aux organismes culturels.

«On n'y échappera pas, avoue-t-il. En culture, ce n'est jamais gagné d'avance. Je ne vais pas dire aux gens de ne pas donner à d'autres institutions. Mais ce n'est pas une question de légitimité. Nous existons, nous avons une mission et nous la remplissons bien. On est prêts à être jugés là-dessus.»

Trois présidents pour 100 millions

Pas un, ni deux, mais bien trois coprésidents dirigeront la campagne de financement du Musée des beaux-arts de Montréal: le PDG de CAE, Robert Brown, le coprésident d'Ogilvy Renault, Norman Steinberg, et le président d'Hydro-Québec, Thierry Vandal.

Ce dernier a d'ailleurs précisé que la société d'État contribuerait à la hauteur de 2 millions. Il ne croit pas que les autres campagnes de financement montréalaises - le CHUM, les universités et l'OSM, par exemple - nuisent aux chances du MBA d'atteindre son objectif de 100 millions.

«L'institution est bien connue des milieux d'affaires. Le projet est concret avec un programme de grande valeur. On n'a pas à vendre le Musée, il s'agit simplement d'expliquer le projet», croit-il.

Plus de 70 millions sont déjà engrangés en provenance des gouvernements, de certaines grandes sociétés et individus. L'argent servira notamment à la création du pavillon d'art canadien, à un fonds pour les expositions et les collections et aux programmes d'éducation et de recherche.