Irwin Wurm, artiste viennois connu sur la scène internationale, et Cozic, un couple d'artistes québécois, ont une chose en commun: ils veulent jouer avec vous. Le premier à la galerie de l'UQAM, l'autre chez Graff. L'art est un jeu. Sérieux!

Dans la galerie de l'UQAM, la plupart des «sculptures» d'Irwin Wurm sont en fait des pièces de mobilier domestique ou des objets du quotidien: divan, petit réfrigérateur, table, balles de tennis détournés de leur usage habituel. On vous invite, par exemple, à vous mettre la tête en bas dans un sac, les pieds en l'air collés contre le mur, à vous mettre la tête dans un trou pratiqué dans le dossier d'un divan ou à vous étendre sur quelques balles de tennis sans bouger. Sur une table sont rassemblés quelques ouvrages philosophiques: Sartre, Spinoza, Adorno Wurm recommande de les placer sous vos bras, entre vos jambes, en équilibre Curieux exercices, parfois impossibles à faire, qui déstabilisent. Le titre de l'exposition: Désespéré. Sans doute s'agit-il de désespoir existentiel.

 

L'ensemble des choses qui demandent la participation des visiteurs s'appelle «One minute sculptures» et chacune, au titre insolite, est accompagnée de conseils à suivre. Ainsi, le titre pour le petit réfrigérateur est Keep a Cool Head et les instructions sont les suivantes: mettez votre tête et votre main dans le réfrigérateur et tirez une ligne, fumez un joint ou buvez une bière Pour Tennis Balls: étendez-vous sur les balles de tennis. Aucune partie de votre corps ne doit toucher le plancher. Tenez la position pendant une minute et ne pensez à rien Ou encore devant un tapis sur un piédestal: retenez votre souffle et pensez à Spinoza. Quant au sac où se mettre la tête, il s'agit du Freud's Ass...

Wurm est un artiste qui s'exprime par différents moyens, dont la vidéo. Au programme, un couple dans une voiture discute philo tout en roulant d'abord dans la rue, puis à la verticale, le long d'un immeuble en hauteur, comme si cela allait de soi. Renversant!

Décodez-moi!

Ça fait plus de 30 ans que Monique Brassard et Yvon Cozic, utilisant eux aussi des objets du quotidien, invitent les gens à jouer avec leurs oeuvres. À les toucher, à monter dessus ou à les décoder. Pour leur exposition chez Graff, ils ont inventé un code fait de petites bouées de la taille d'un CD qu'ils appellent couronnes. Chaque lettre a sa couronne faite de plusieurs couleurs. On se promène dans la galerie avec le code en mains. Ainsi, une série de dessins de couronnes au mur devient, une fois le code appliqué, le mot «inexplicable». On se demande si Cozic parle ici d'art contemporain. Une belle boule en bois porte la couronne du E. Il paraît qu'il s'agit du «e» absent du livre de Georges Perec, La disparition... le «e» que l'on aurait enfin retrouvé. Les Cozic ont en effet quelque chose d'oulipien. Il y a des séries de couronnes à lire de haut en bas ou de bas en haut, de gauche à droite ou de droite à gauche. De même qu'une amusante suite de niches s'appelant, d'un côté et toujours en code, «chien». De l'autre côté de la clôture, en anglais: «dog». Prenez garde au dog!

Lire et écrire la couleur constitue l'autre volet d'une exposition de Cozic présentée à Expression, le centre d'exposition de Saint-Hyacinthe logé au-dessus du marché en plein air de la ville. Là, les dessins à déchiffrer sont des onomatopées. Chaque dessin a son titre, emprunté à des phrases découpées dans les magazines, auquel correspond, toujours en code, une onomatopée. Pour Ça commence par un rêve, par exemple, on aura cinq fois la lettre z.

Les deux expositions, chef Graff et à Expression, devraient intéresser particulièrement les parents qui ont de jeunes ados. Des heures et des heures de plaisir à déchiffrer et réinventer le langage.

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Désespéré, Irwin Wurm, Galerie de l'UQAM, jusqu'au 11 octobre. Ouvert du mardi au samedi, de 12h à 18h. Entrée libre.

Lire et écrire la couleur, Cozic, Galerie Graff, jusqu'au 4 octobre. Ouvert du mercredi au vendredi, de 11h à 18h, le samedi, de 12h à 17h. Entrée libre.

L'art, c'est de faire du bruit en silence, Cozic, Expression, Centre d'exposition de Saint-Hyacinthe, jusqu'au 19 octobre. Ouvert du mardi au vendredi, de 10h à 17h, samedi et dimanche, de 13h à 17h. Entrée libre.