(La Haye) Un tribunal néerlandais a rejeté mardi une requête de l’écrivain français de renommée mondiale Michel Houellebecq visant à faire interdire un film qualifié de « porno » dans lequel il joue et qui porterait atteinte à son image.

Dans la bande-annonce du film Kirac 27, réalisé par le collectif néerlandais Kirac, l’écrivain apparaît torse nu embrassant une jeune femme dans un lit. M. Houellebecq estime que sa diffusion en ligne aurait nui à sa réputation et qu’il a été dépeint comme une « star du porno ».

Le tribunal « refuse les injonctions demandées et condamne Houellebecq à payer les frais de procédure, estimés à ce jour à 1393 euros », a déclaré le juge des référés du tribunal d’Amsterdam.

« Il est incompréhensible que Houellebecq ait participé aux enregistrements s’il trouvait le contrat vraiment problématique », a-t-il expliqué dans un jugement écrit.

Le juge a rejeté les affirmations de M. Houellebecq selon lesquelles il n’avait signé le contrat que parce qu’il était déprimé et avait bu.

L’auteur a qualifié le jugement de « très décevant » et « envisage sérieusement » de faire appel, a affirmé à l’AFP son avocate néerlandaise Jacqueline Schaap.

Tout a commencé lors d’un dîner à Paris en novembre 2022, lorsque la femme de l’écrivain, Lysis, a confié au réalisateur néerlandais Stefan Ruitenbeek que son époux souhaitait « faire un film porno pour contrer sa morosité », selon le jugement.

M. Ruitenbeek a par la suite filmé M. Houellebecq à Paris couchant avec une collaboratrice du réalisateur, Jini van Rooijen, étudiante en philosophie.

L’auteur et sa femme se sont ensuite rendus à Amsterdam en décembre, où ils ont signé un contrat pour le film.

« Je lui ai dit que je connaissais plein de filles à Amsterdam prêtes à avoir des relations sexuelles avec un écrivain célèbre par curiosité, et que j’organiserais l’hôtel pour lui si j’avais la permission de tout filmer », affirme M. Ruitenbeek.

Mais M. Houellebecq a déclaré dans des documents judiciaires vus par l’AFP que le contrat le mettait « à la merci » de M. Ruitenbeek.

Le jour de la signature, « j’étais fatigué, la journée avait été longue et le vin nécessaire avait déjà été bu », a affirmé l’écrivain dans ces documents. « Je n’ai pas l’ambition de devenir une star du porno à mon âge », a-t-il ajouté.

Les relations entre les deux parties ont été rompues peu de temps après le tournage et se sont détériorées après la diffusion de la bande-annonce.

L’écrivain s’est plaint que M. Ruitenbeek avait accordé une interview au site d’information Vice en février, dans laquelle il a déclaré que M. Houellebecq était « vraiment bon au lit ».

Le juge néerlandais a estimé que si le contrat était « loin d’être équilibré » et accordait au réalisateur des droits étendus, il n’était pas illégal.

Les preuves sont « insuffisantes pour supposer que [le] jugement [de M. Houellebecq] était altéré par la fatigue et l’alcool » ou la dépression, est-il écrit dans le jugement.

« J’ai toujours eu l’intention de faire un portrait intègre. J’espère que Michel sera heureux avec le résultat », s’est félicité le réalisateur dans un communiqué publié par son avocat.

En février, M. Houellebecq a perdu une action en justice similaire devant un tribunal français.