Le Congrès Ciné-Québec a dévoilé mercredi les données d’une étude sur le cinéma – et la culture en général – et les médias. Voici quelques faits saillants.

- 18 %

Depuis cinq ans, la culture – cinéma compris – a perdu 18 % de sa place dans les médias, selon l’étude réalisée par Influence Communication, et 20 % de sa place depuis 2001. Le cinéma, lui, a perdu 26 % de sa présence médiatique depuis cinq ans et 45 % depuis 2001. « Il y a eu une baisse d’intérêt à l’égard du cinéma en salle au profit du cinéma sur plateformes », observe Jean-François Dumas, président d’Influence Communication. L’étude indique aussi que la culture a été dépassée par la cuisine, et est sur le point d’être dépassée par l’automobile (toujours en matière d’occurrences).

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-François Dumas, d’Influence Communication, a mené l’étude commandée par le Congrès Ciné-Québec.

Régionaliser le message

« Je remarque qu’il y a un essoufflement dans la stratégie de communication des cinémas, évalue Jean-François Dumas. On fait la promotion du cinéma de la même façon depuis très longtemps, mais l’industrie du cinéma doit se demander ce qu’elle peut faire de différent pour ne pas présenter le cinéma comme un art, mais comme un divertissement. Vendre le cinéma aux mordus d’art, c’est acquis, mais aller chercher de nouvelles clientèles et créer un évènement quand on parle d’un film, c’est autre chose. ‟McDonaldiser” la communication pour parler de cinéma, ce n’est pas toujours gagnant. Mais s’il y a une particularité régionale à explorer, les médias seront plus nombreux à en parler. »

L’échelle du CH

Tout le contenu du cinéma au Québec en une semaine est équivalent à la médiatisation de 1,8 minute d’une partie moyenne du Canadien de Montréal. « Ça fait mal, nous dit le producteur Pierre Even, présent au congrès. On sait tous que le CH est une religion. Mais c’est sûr qu’en voyant ça, on se dit : il faut trouver des façons d’être plus présents. » Et Jean-François Dumas d’ajouter : « Pourtant, l’industrie du cinéma est importante, elle génère beaucoup de revenus, mais on n’en parle pas beaucoup… »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre Even

La culture « classique », populaire

Avec 35 % d’occurrences, la culture classique, qui comprend le théâtre, la danse, les arts visuels et la littérature, est la plus présente dans les médias. Elle est suivie de près par la culture évènementielle (festivals), avec 32 %. La culture commerciale, qui comprend le cinéma, les séries télé, les spectacles, mais aussi les ventes d’albums, arrive en troisième avec 19 % de présence dans les médias. Enfin, la culture éphémère (mort d’un acteur, par exemple) obtient une présence de 15 %. Encore une fois, le cinéma ne fait pas bonne figure. « On aimerait faire une étude qualitative pour mieux comprendre ces données », dit Pierre Even.

Le documentaire en force

Que ce soit dans les médias écrits ou les médias électroniques, le contenu portant sur les documentaires jouit d’une présence médiatique importante – 15 000 occurrences dans les médias imprimés, 475 dans les médias électroniques. « C’est une autre nouvelle qui nous a étonnés, note Pierre Even. On le voit surtout dans les médias électroniques. Peut-être parce que les documentaires traitent de sujets sociaux qui génèrent des nouvelles qui vont au-delà du cinéma. Cela dit, ce n’est pas parce qu’on note cette tendance qu’on va se mettre à produire des documentaires, même si on a des projets documentaires en production. »

Méthodologie

L’étude a été réalisée au cours des derniers mois ; les résultats, eux, ont été compilés dans les dernières semaines. L’étude porte sur le contenu culturel répertorié dans les journaux imprimés, sur le web, ainsi que l’écoute à la radio et à la télé au cours des cinq dernières années (du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2022). Au total, près de 241 000 éléments de nouvelles culturelles – dont le cinéma – ont été comptabilisés, puis analysés pour cette étude. Seules les données sur les réseaux sociaux n’ont pas été prises en compte.