Où convergeront Montréalais et touristes le soir du réveillon dans le Vieux-Montréal ? L’organisme qui présente gratuitement le fameux spectacle du Nouvel An au quai Jacques-Cartier a annoncé qu’il prenait « une pause » cette année, incapable de financer l’évènement.

Les festivités hivernales dans le Vieux-Montréal n’auront pas lieu ce mois-ci, pas plus que le spectacle annuel du Nouvel An. L’évènement saisonnier, qui réunit bon an, mal an environ 200 000 personnes, n’est plus viable financièrement, selon ses administrateurs.

Le cofondateur de Montréal en fêtes et vice-président du C.A., Martin Durocher, a expliqué la décision de l’OBNL par les coûts élevés liés à l’organisation de l’évènement, la pénurie de main-d’œuvre et le sous-financement public.

La somme de 125 000 $ par année que nous donne la Ville de Montréal n’a pas été majorée depuis cinq ans. Mais les coûts de sécurité ont triplé, on a dû mettre en place un plan de mesures d’urgence, les frais de notre main-d’œuvre ont augmenté, l’inflation aussi, donc c’est sûr qu’on a un manque à gagner.

Martin Durocher, cofondateur de Montréal en fêtes et vice-président du C.A.

Martin Durocher, qui reçoit également des sommes de Tourisme Montréal et Québec, ainsi que de Patrimoine canadien, évalue le financement public cette année à environ 500 000 $. Environ 200 000 $ ont été récoltés au privé. Or, Montréal en fêtes estimait le coût de l’évènement à 1,8 million. « Il nous manquait 1 million. On a tenté de revoir les budgets consentis par nos partenaires dès le début de l’année, mais rien n’a changé. »

Le conseil d’administration, présidé par Dimitri Soudas, déplore également la difficulté de trouver une main-d’œuvre qualifiée depuis le début de la pandémie. « Tout le milieu de l’évènementiel est touché par la pénurie de techniciens, entre autres, donc c’est difficile pour nous, précise Martin Durocher. Il y a beaucoup d’employés qui se sont réorientés. »

Défendre la gratuité

« C’est sûr qu’on aurait pu décider de faire payer les gens pour le spectacle du Nouvel An, mais je vais continuer de me battre pour la gratuité de l’évènement, nous dit Martin Durocher, qui a fondé Montréal en fêtes en 2013 avec son frère Jean-Francis. J’ai grandi dans une famille monoparentale où on n’avait pas les moyens de voir des shows, et je suis sûr qu’il y a des milliers de familles qui ont besoin d’évènements gratuits à Montréal. »

Martin Durocher compte maintenant relancer tous les partenaires de Montréal en fêtes pour les convaincre d’augmenter leurs investissements.

« On est un OBNL, rappelle-t-il. On a déjà viré les deux employés à temps plein de Montréal en fêtes. Cet organisme est tenu à bout de bras par un conseil d’administration bénévole de sept personnes. On va relancer la Ville de Montréal, mais on n’a pas l’impression qu’on est dans les priorités de l’administration actuelle. »

L’évènement, rassembleur, se déploie pendant une dizaine de jours dans les rues du Vieux-Montréal (animations de rue, braseros, etc.) pour culminer vers le spectacle du 31 décembre tenu depuis 2014 au quai Jacques-Cartier, et se termine par des feux d’artifice.

De son côté, la Ville de Montréal dit avoir été informée de la nouvelle de l’annulation de l’évènement alors que « la décision [de Montréal en fêtes] était déjà prise ».

« Montréal en fêtes entame présentement une réflexion pour revoir sa formule et son montage financier et nous allons continuer de soutenir financièrement l’organisme selon la capacité de payer des Montréalais et Montréalaises. Plusieurs rencontres ont eu lieu cette année avec l’organisme et nous allons maintenir le dialogue ouvert avec Montréal en fêtes », a fait savoir le cabinet de la mairesse Valérie Plante par courriel.