Joël Le Bigot, véritable pilier de la radio publique à Montréal, a annoncé samedi matin que l’heure de la retraite a sonné pour lui. Après 45 années derrière le micro, il animera sa dernière émission le 18 juin prochain.

À 9 h 20, alors que tous ses collaborateurs de l’émission Samedi et rien d’autre étaient présents autour de lui, il s’est adressé à ses auditeurs. « Faites le calcul comme moi, j’ai 76. Ça ne parait pas, mais des fois oui. Et là je me dis : qu’est-ce que tu fais ? Soixante-seize, pourquoi pas une autre année ? T’es bien en studio, t’es aussi bien que sur un bateau. Quand je quitte un studio, je quitte un endroit qui est parfait. »

Avec sa verve habituelle, Joël Le Bigot a fait part des nombreuses questions qui ont nourri sa réflexion au cours des derniers mois. « Aujourd’hui, tout est correct, mais est-ce que l’année prochaine ça va aller moins bien ? Est-ce que c’est la direction qui va décider que je suis trop vieux ? Est-ce que c’est ma santé qui va décider que c’est assez ? C’est compliqué ! Pour toutes ces raisons, j’ai pensé que ça serait mieux de faire cela cette année. »

Joël Le Bigot a ensuite évoqué le nom de son ancien collaborateur, Michel Nadeau, décédé en octobre 2021. Ce dernier aimait répéter à l’animateur qu’il faisait régulièrement des exercices et qu’il était en forme. « Un an après, il était mort, a dit Le Bigot. Ça, ça m’a donné un coup sévère au sujet du déroulement du futur. Bref, je suis assez capable d’être maître de ma vie, de décider ce que sera ma vie et de ne pas attendre que la vie décide pour moi. Voilà pourquoi j’arrêterai en espérant devenir un auditeur l’année prochaine et retrouver tous ces faux jetons avec lesquels je travaille et qui font semblant de m’aimer », a-t-il ajouté à la blague.

Avant d’être à la barre de l’émission Samedi et rien d’autre, pendant 24 saisons, Joël Le Bigot a animé à partir de 1977 la quotidienne matinale CBF-Bonjour. En compagnie d’Alcide Ouellet, Francine Grimaldi, Roger Laroche et Marc Laurendeau, il avait créé un heureux mariage entre le ton sérieux qu’exige l’information et un autre davantage spirituel et léger qu’aiment retrouver les auditeurs à leur réveil.

Aux commandes du rendez-vous du samedi matin depuis 1998 (il a aussi animé l’émission du dimanche matin durant quelques années), Joël Le Bigot a fait de ce rendez-vous un repère, sinon un rituel, pour ses nombreux auditeurs. Son émission domine largement les sondages depuis de nombreuses années dans le créneau du samedi matin, à Montréal.

Pendant toutes ces années, Joël Le Bigot a fait preuve d’une grande fidélité envers ses collaborateurs. Autour de lui ont gravité Ève Christian, Guy Bois, Lionel Levac, Philippe Mollé, Jean-Claude Vigor, Stéphane Garneau, Michel Coulombe, Caroline Morin, Ariane Cipriani, Christophe Huss, Jean-François Kahn et Isabelle Porter.

Avant cela, il a pu compter sur la présence de son inséparable Francine Grimaldi, de même que Richard Garneau, Gilles Archambault, Jacques Languirand et Edgar Fruitier afin de multiplier des blagues sur la moyenne d’âge avancé de ceux dont il aimait s’entourer.

Dans les minutes qui ont suivi cette annonce, les témoignages se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Pour certains, il s’agit d’une « tragédie ». « Mes samedis ne seront plus les mêmes », a écrit une auditrice. « Quelle peine me vous faites ce matin », a ajouté un fidèle auditeur.

Le départ de Joël Le Bigot s’inscrit dans l’important changement de garde auquel nous assistons depuis quelques semaines. En effet, on a appris au cours des dernières semaines que Paul Houde, Pierre Bruneau, Denis Lévesque, Michel Lacombe, Denis Gagné, Pierre Therrien, Jacques Fabi n’allaient pas retrouver leur habituelle tribune l’automne prochain.