La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, a dévoilé dimanche matin les détails du Plan pour consolider, faire briller et propulser le milieu culturel, une initiative de 225,8 millions sur trois ans visant à relancer cette industrie québécoise gravement secouée par la pandémie de coronavirus.

La volonté derrière ce plan au slogan vaguement olympique est donc double : s’assurer d’une nécessaire relance, mais en se parant contre les imprévus. Une catapulte et une cotte de mailles en même temps ? a-t-on demandé à la ministre Roy.

« Exactement, répond-elle en entrevue téléphonique. Et cette initiative vient du milieu, avec lequel nous avons multiplié les rencontres pour trouver les moyens de répondre aux problématiques engendrées par la COVID-19. La nouvelle réalité est qu’il va falloir vivre avec un virus. Mais on ne peut plus stopper les activités sociales et culturelles des gens. Il fallait donc voir comment nous allions vivre avec de possibles éclosions qui feront partie de notre quotidien. »

PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, LE SOLEIL

La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy

C’est pour cette raison du « vivre avec » que plus de la moitié (123,3 millions) des 225,8 millions, d’abord annoncés lors du dépôt du budget, le 22 mars, et détaillés dimanche matin, va au premier volet dit « Consolider ».

Ce volet vise notamment à créer un « filet de sécurité » permettant de prolonger durant 12 mois le soutien supplémentaire (budget pour les mesures sanitaires, aide à la billetterie, etc.) apporté depuis deux ans pour faire rouler les plateaux de tournage et assurer la diffusion des spectacles.

« Quoi qu’il arrive avec la COVID-19, on maintient ce filet de sécurité pendant toute une année », se réjouit la ministre.

Mais après ? « Nous ne sommes pas dans la même position qu’en 2020 », répond-elle en faisant allusion au fait que la science [vaccins, etc. ] permet de mieux affronter la pandémie. « On a maintenant des outils qui nous permettent de croire qu’une fermeture complète de tout n’est pas dans les cartons. »

Ce premier volet de consolidation prévoit aussi d’aller vers de « nouvelles clientèles » qui n’étaient pas financées dans le passé par le Ministère et ses sociétés (la SODEC et le CALQ) pour les aider dans leurs actions de relance. La ministre donne en exemple les cinémas et les salles alternatives.

« Nous avons réservé une somme de 5 millions sur trois ans pour aider des salles comme le Lion d’Or ou le Club Soda, là où les jeunes commencent, donne-t-elle en exemple. On ne peut pas les abandonner. »

La relève

La ministre Roy insiste beaucoup sur l’aide à la relève qui, depuis le début de la pandémie, a eu peu d’occasions de se faire valoir, soit parce que les lieux de diffusion étaient fermés, soit en raison d’un engorgement dû à une suroffre lorsque les salles rouvraient.

Cette relève est au cœur du deuxième volet (Faire briller) du plan qui est doté d’une enveloppe de 79,5 millions. Une bonne partie de cette somme va à la bonification des programmes de bourses du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), qui passent de 12 à 22 millions pour les trois prochaines années. Au moins 20 % de ces 30 millions supplémentaires sont réservés à des projets d’artistes de la relève.

À cela s’ajoute une autre somme de 7 millions sur trois ans pour des artistes de la relève issus de l’immigration, des communautés autochtones ou en situation de handicap.

On veut vraiment mettre sous les projecteurs les jeunes qui n’ont pas eu l’occasion de s’y retrouver.

Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications

Enfin, le troisième volet (Propulser) du plan prévoit une enveloppe de 23 millions pour aider au rayonnement international et à l’exportation des œuvres québécoises, et soutenir des projets qualifiés d’innovants et audacieux. Les œuvres de réalité augmentée, les balados et les installations immersives en sont des exemples.

Toujours disponible

Faisons un saut en arrière et rappelons que le mardi 10 mars 2020, le gouvernement Legault déposait un budget comprenant une injection de 407 millions d’argent frais sur cinq ans pour la culture. La ministre Roy, comme de nombreux représentants du milieu culturel, était alors ravie.

Or, le lendemain, l’Organisation mondiale de la santé statuait qu’une pandémie de coronavirus avait atteint la planète. Le reste est passé à l’histoire.

« Ce budget record est constitué de sommes qui sont toujours là, rappelle néanmoins la ministre Roy. Si d’aventure, si par malheur, il devait ravoir une pandémie du même type, ces sommes-là sont toujours là et seront converties pour soutenir encore le milieu. Mais ça, c’est le scénario catastrophe et apocalyptique. Je préfère me tourner vers du positif, vers l’action. »

En savoir plus
  • 225,8 millions
    Le plan dévoilé dimanche matin se divise en trois volets : Consolider (123,3 millions), Faire briller (79,5 millions) et Propulser (23 millions).
    source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec