Bonne nouvelle pour le milieu culturel. Le gouvernement Legault a annoncé en point de presse plusieurs relâchements, qui permettront aux festivals et évènements culturels de renouer avec leur public dès la fin de mai.

La patience des Québécois friands de spectacles sera récompensée : dès le 28 mai, les salles et les stades pourront les accueillir. Le couvre-feu sera également levé partout au Québec à cette date. La mesure touche aussi indirectement les propriétaires de cinémas et de salles de spectacles, qui sont toujours contraints de fermer leurs portes plus tôt en soirée.

Québec permet ainsi les rassemblements de 250 personnes par section dans une salle ou un stade – pourvu qu’ils aient des places assignées. Dans les lieux comportant plusieurs entrées, les groupes pourront être admis séparément jusqu’à un maximum de 2500 personnes.

À partir du 25 juin, les directions de festivals pourront laisser entrer 2500 spectateurs, sans l’obligation d’avoir différentes sections. Le Festival international de jazz de Montréal et les Francos ont déjà été repoussés en septembre, mais des évènements pourront avoir lieu dès cet été dans la région montréalaise.

Un point de presse de la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, doit avoir lieu mercredi pour détailler le protocole sanitaire auquel seront assujettis les organisateurs d’évènements.

Québec a également précisé, en marge de son annonce, qu’une preuve de vaccination ne serait pas nécessaire pour assister aux évènements pour l’instant.

On n’est pas encore rendus à déterminer ça, c’est un peu trop tôt. On attend encore l’avis de la Santé publique.

Christian Dubé, ministre de la Santé

Pour le promoteur evenko, il y a encore beaucoup de choses à valider avant de programmer des spectacles. « Nous préférons ne pas accorder d’entrevues pour le moment afin d’analyser le tout », a expliqué Christine Montreuil, responsable des relations médias. Les modifications aux consignes sanitaires permettront à une foule de 2500 personnes – soit 12 % de la capacité du Centre Bell – d’assister à un spectacle, mais la majorité des performances musicales prévues au calendrier se tiendront toujours en septembre.

Malgré l’annulation du festival Osheaga, il y aurait possibilité de tenir des spectacles extérieurs. L’équipe de programmation pourrait se pencher là-dessus, mais il n’y a rien de concret dans l’air pour le moment, a précisé Mme Montreuil. « Nous sommes cependant ravis de la décision du gouvernement relativement aux spectacles et évènements. Bien que le nombre de spectateurs demeure limité, nous applaudissons cette décision qui nous permet d’envisager un retour éventuel à la normalité. »

Scénario espéré

Pour les organisateurs du festival Juste pour rire, qui démarre le 15 juillet, ces récents assouplissements attendus depuis longtemps changent « beaucoup de choses ». « Ça va très, très bien. Lorsqu’on a décidé de présenter le festival en juillet, c’était une gageure. L’équipe a fait 2700 scénarios, mais même dans nos plus beaux rêves, on ne pensait pas voir Montréal en zone jaune ou verte cet été », a réagi Patrick Rozon.

Des calculs restent à faire par rapport au nombre de personnes admises selon les différentes sections de chaque salle et le protocole sanitaire doit être précisé, ajoute le vice-président contenus francophones au Groupe Juste pour rire.

Si faire un spectacle d’humour devant 250 personnes c’est possible, devant 750, ça devient un party.

Patrick Rozon, vice-président contenus francophones au Groupe Juste pour rire

« Les changements pour le nombre de spectateurs en salle ne nous concernent pas, car il n’y a pas de balcon à la TOHU. Et nous n’avons pas prévu de grands rassemblements extérieurs non plus. C’est le feu vert qu’on attendait. On est contents », estime Stéphane Lavoie, directeur général et directeur de la programmation du festival Montréal Complètement Cirque, prévu du 2 au 18 juillet.

Plusieurs sont impatients d’en savoir plus sur les protocoles sanitaires liés à ce grand retour des rassemblements culturels. « Tout est dans les détails ; nous devons maintenant analyser les divers éléments du plan pour se faire une tête sur ce que ça veut dire, concrètement, pour un évènement comme le nôtre », explique Samantha McKinley, directrice des communications du Festival d’été de Québec, qui aura lieu du 8 au 18 juillet.

Martin Faucher, directeur artistique et codirecteur général du Festival TransAmériques (FTA), qui aura lieu du 26 mai au 12 juin, a réagi à l’annonce avec une pointe de déception. Plusieurs questions restent en suspens. Les premières représentations extérieures du festival sont prévues pour le 28 et le 29 mai prochain.

La situation est intolérable. Il va falloir attendre un point de presse du ministère de la Culture pour avoir plus d’éclaircissements. Et est-ce que tout sera précis après ce point de presse ? Je n’en ai aucune idée. Ça fait deux ou trois semaines qu’on nous dit que les annonces s’en viennent. On a besoin d’avoir l’heure juste.

Martin Faucher, directeur artistique et codirecteur général du Festival TransAmériques

Soulagement du côté de l’Association professionnelle des diffuseurs de spectacles, qui représente 350 salles de spectacles au Québec. « Les diffuseurs membres de RIDEAU amorceront les démarches nécessaires afin de rendre possible ce plan de déconfinement graduel dans le but de renouer le plus rapidement possible avec leur public. »

Levée du couvre-feu

La levée du couvre-feu donne un peu d’air aux propriétaires de salles de cinéma. « Ça nous donne une séance de plus en soirée, à une période où les gens normalement aiment venir aux séances plus tard. C’est une bonne nouvelle pour nous », commente Mario Fortin, président-directeur général du Cinéma Beaubien, du Cinéma du Parc et du Cinéma du Musée.

Vincent Guzzo, propriétaire des cinémas Guzzo, juge la nouvelle positive, mais déplore le manque de précisions. « Je ne sais toujours pas quand je vais ouvrir mes salles. Il faudrait avoir plus de concret. Dire que la majorité des zones et villes seront en orange ou jaune à telle date, ça ne me dit pas quand je peux ouvrir mes salles à Montréal ou Laval. Je ne peux pas dire à mes distributeurs de me livrer un film ou de la nourriture le jour d’avant. »