Netflix a connu une dernière année record – effet de pandémie, bonsoir – en ajoutant 36 millions d’abonnés à sa banque de clients, qui en compte maintenant plus de 200 millions partout sur la planète.

Chez nous, les téléspectateurs se bourrent d’émissions sur l’Extra de Tou.tv, Crave ou le Club illico. Le rattrapage, la rafale ou le gavage remplissent nos soirées hivernales de couvre-feu.

C’est étrange, mais de mon côté, le confinement m’a ramené à une consommation plus traditionnelle de la télé. Je m’accroche davantage à des rendez-vous télévisuels fixes, qui structurent mes journées de plus en plus désorganisées.

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Roy Dupuis dans Toute la vie

Le lundi, c’est L’échappée, Une autre histoire et Les pays d’en haut. Le mardi, c’est Toute la vie et 5e Rang. À 18 h 30, c’est mon petit Big Brother Célébrités. À 19 h, c’est mon District 31. Le jeudi, c’est Infoman.

Ces balises me donnent l’impression d’avoir un semblant d’horaire. Ces marqueurs me fixent un petit objectif, une récompense de fin de journée. Et la semaine s’écoule plus rapidement ainsi.

Mardi soir, comme 992 000 d’entre vous, j’ai été secoué par une scène hyper dramatique dans Toute la vie. Ouf. L’alerte au divulgâcheur bourdonne ici comme le mécanisme d’ouverture des portes extérieures de l’école Marie-Labrecque.

Donc, Pierre-François Legendre et Brigitte Lafleur, qui incarnent les parents Éric et Marjolaine, ont été criants de vérité et bouleversants quand ils ont appris la mort cérébrale de leur ado Éloïze (Élizabeth Tremblay-Gagnon), écrasée par un camion dans une ruelle de Montréal. Difficile de ne pas verser une larme.

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Pierre-François Legendre et Brigitte Lafleur dans Toute la vie

Maintenant, les deux parents sauveront-ils le bébé de leur Éloïze, un bébé qui a été la source d’une bataille vicieuse entre eux ? Tout indique que oui.

J’adore le volet de Toute la vie qui concerne la famille de Christophe (Roy Dupuis). Sa mère inadéquate (excellente Micheline Lanctôt), que l’on ne voit pas assez souvent, et sa sœur Julie (épatante Larissa Corriveau), qui verse de la vodka dans le biberon de son bébé pour qu’il arrête de pleurer. Ce clan de multipoqués dysfonctionnels mériterait quasiment son « spinoff ». On les verrait dans la docusérie Au cœur de la DPJ ou dans Huissiers et on y croirait.

L’utilisation de chansons québécoises dans Toute la vie mérite également un coup de chapeau. Dans les deux dernières semaines, l’ajout d’Entre parenthèses, de Salomé Leclerc, Le temps des fleurs, par les Dear Criminals, et Toi aussi, de Louis-Jean Cormier, a joliment bonifié la série.

Mercredi soir, j’ai donné une ultime chance à Sans rancune, l’émission échevelée de TVA que pilote Pier-Luc Funk, assisté de Pierre-Yves Roy-Desmarais et Hélène Bourgeois Leclerc. L’épisode sur les amateurs de country de la semaine passée m’avait découragé et ennuyé profondément. La pauvreté des textes était gênante. Même les 25 invités riaient très peu en studio.

Le bien-cuit des coiffeurs et coiffeuses a débouché sur le meilleur épisode de Sans rancune jusqu’à présent. Mais est-ce trop tard pour sauver l’émission du naufrage ? Bien peur que oui.

Sans rancune a démarré avec une costaude cote d’écoute de 811 000 téléspectateurs, écrasant même l’émission phare de Radio-Canada, Les enfants de la télé (666 000). Le buzz et l’effet de curiosité n’ont pas duré. Mercredi, Sans rancune (456 000) a été aplati par Les enfants de la télé (1 057 000). Ça serait étonnant que Sans rancune reprenne le dessus. À moins que l’émission spéciale prévue dimanche à 20 h, avec d’anciens académiciens, ne redémarre la machine.

TVA surfe sur une mauvaise vague depuis le début de l’automne. Ses nouvelles émissions de variétés En studio, À tour de rôles et Bijoux de famille en ont arraché. Le remake de Caméra café n’a attiré que 482 000 curieux mardi soir, une catastrophe pour un réseau populaire comme TVA. Imaginez. Big Brother Célébrités à Noovo (475 000) a pratiquement décroché la même audience que la sitcom de TVA.

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Steve Gagnon dans L’échappée

Lundi soir, le téléroman vedette de TVA, L’échappée (753 000), a de nouveau été surclassé par Une autre histoire (905 000) de Radio-Canada. Ça n’arrivait presque jamais avant. Parenthèse sur L’échappée : le personnage téteux de Jean-Simon (Steve Gagnon), qui tourne autour de la pauvre Jade (Charlotte Aubin), a enfin révélé ses vraies couleurs. Gourou ou arnaqueur ? Ça s’annonce croustillant.

De retour à TVA, heureusement qu’il leur reste les bulletins de nouvelles, Le tricheur et La tour pour faire le plein de téléspectateurs. La faible offre en séries de fiction a nui à TVA dans les derniers mois. Alors que Radio-Canada a rapidement relancé la fabrication de ses téléromans cet été (5e Rang, District 31, Toute la vie, Discussions avec mes parents), TVA a joué de prudence. Peut-être trop.

C’est pourquoi nous ne verrons pas L’heure bleue avant septembre, soit 18 mois après sa sortie des ondes. Une éternité. L’échappée a repris l’antenne six semaines après ses concurrents. Même retard dans la production d’Alertes, l’émission dérivée d’Alerte Amber, qui commencera finalement le 8 février (au lieu de septembre 2020).

Mais il y a de l’espoir. Québecor a mis le grappin sur la première série de Xavier Dolan, soit l’adaptation de la pièce de théâtre La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé. Il y a également le téléroman Nous, d’Anne Boyer, qui percole chez TVA et qui racontera la vie de cinq vingtenaires.

Nous sommes chanceux que notre industrie ne soit pas paralysée comme à Hollywood. Profitons-en !