Des exemplaires de la première édition d’un livre qui, selon des experts, contient les fondements de la science moderne, se trouvent dans trois bibliothèques universitaires du Canada

Le professeur Mordechai Feingold, du California Institute of Technology et Andrej Svorencik, de l’Université de Mannheim en Allemagne, recherchent des exemplaires des Principes mathématiques de la philosophie naturelle d’Isaac Newton dans des collections privées.

Un recensement publié en 1953 indiquait qu’il existait 189 exemplaires de cette première édition dispersés dans le monde, mais une nouvelle estimation en signale 386.

L’Université de Toronto, l’Université McGill et l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, détiennent chacun un exemplaire du livre relié en cuir de 510 pages.

L’exemplaire de l’Université McGill lui a été offert en 1911 par William Osler, un médecin renommé, dont la collection contenait 8000 titres.

Lauren Williams, la bibliothécaire de liaison de la Collection d’histoire naturelle Blacker-Wood de McGill, souligne que les livres de l’époque de Newton étaient plus petits, de sorte qu’ils n’étaient plus de grands objets fixes. « Ils étaient plus légers et plus faciles à transporter. »

Dans les catalogues, le bouquin est décrit comme étant de forme octavo d’environ de 20 à 25 centimètres.

Selon Mme Williams, la reliure d’un livre peut également en dire long sur son propriétaire. Une personne riche utilisait de la feuille d’or, tandis qu’une personne plus pauvre aurait opté une reliure simple. Isaac Newton a choisi une reliure simple, ce qui en dit long sur son approche des livres fonctionnels et pratiques, ajoute-t-elle.

Ces livres n’étaient pas censés être une sorte d’articles de luxe à exposer.

Lauren Williams, bibliothécaire de liaison de la Collection d’histoire naturelle Blacker-Wood de McGill

Karen Smith, la bibliothécaire des collections spéciales de Dalhousie, raconte que l’exemplaire de l’université a été donné en 1934 par William Inglis Morse, qui a passé la majeure partie de sa vie adulte à voyager et à collectionner des livres.

Elle ajoute que M. Morse croyait que les livres devraient être « transmis comme un héritage à travers les âges ».

La bibliothèque de livres rares Thomas Fisher de l’Université de Toronto a acheté un exemplaire d’un libraire en 1971 pour moins de 5000 $, a déclaré la bibliothécaire en sciences et médecine Alexandra Carter.

« Un travail de détective »

Les professeurs Feingold et Svorencik ont publié en septembre un article décrivant leur « tentative de localiser tous les exemplaires survivants » de la première édition du livre de Newton, publié en 1687.

Beaucoup de lecteurs de l’époque pensaient que le livre était « si compliqué » que personne ne l’a lu, dit M. Feingold. En cherchant les anciens propriétaires des premières éditions, les deux chercheurs veulent démontrer que non seulement le livre a été lu, mais qu’il a également été compris.

« Pas nécessairement comme Newton le concevait, mais suffisamment pour en tirer parti », lance-t-il.

Au cours des 300 dernières années, ces exemplaires ont voyagé dans différentes parties du monde après avoir été achetés ou légués.

C’est un travail de détective très intéressant de vraiment essayer de retrouver les différents propriétaires d’un livre. Il y a beaucoup, beaucoup d’histoires à raconter sur ces exemplaires.

Le professeur Mordechai Feingold, du California Institute of Technology

Selon lui, les possesseurs chérissent ce livre parce qu’il a été rédigé par Isaac Newton. Il mentionne qu’un exemplaire a été vendu pour 3,7 millions en 2016.

Des copies numérisées des exemplaires sont largement disponibles, mais elles n’ont pas la qualité « magique » du papier.

« Quand on parcourt les pages, on a l’impression de tracer l’esprit d’une personne extraordinaire et d’essayer de comprendre son cheminement », dit M. Feingold.