La fin de l’été à Laval rime avec festivals, alors que se déroulent du 5 août au 19 septembre Diapason, Mosaïque et LVL UP. Les occasions de célébrer la culture se multiplient dans l’île Jésus ces dernières années, où l’on veut faire de l’art un outil rassembleur. Incursion dans la municipalité qui ne veut rien avoir à envier à Montréal.

« On veut que les gens connaissent Laval. Il y a peut-être une connotation négative de Laval, mais on est aussi cool que Montréal ! » Un sourire dans la voix, Laurence Perreault, programmatrice du festival Diapason, ne prend pas de demi-mesure pour parler du territoire où se déploie l’évènement. Cette année, le festival de musique, annulé en 2020, s’installe de nouveau à Sainte-Rose, quartier du nord de la ville.

Depuis jeudi et jusqu’à dimanche, Patrick Watson, The Franklin Electric, Matt Holubowski, Elliot Maginot, Naya Ali, Les Deuxluxes, Émile Bilodeau et de nombreux autres se relaient sur les trois scènes de Diapason.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Gabrielle Shonk, en spectacle jeudi soir dernier au festival Diapason

La Presse s’y est rendue jeudi. Le public était au rendez-vous, Sainte-Rose s’anime ces jours-ci. L’ambiance était festive, mais à la manière d’un festival de village, dans une plaisante sobriété. Dans le Vieux Sainte-Rose, les doux accords de Gabrielle Shonk rebondissaient sur les murs des bâtiments.

L’auteure-compositrice-interprète, ses cheveux roses aussi flamboyants que ses chaussures Crocs jaunes, a offert une heure de musique à un parterre plein et ravi. A suivi le fabuleux groupe The Franklin Electric, la nuit tombée.

Au même moment, à quelques minutes de là, au bois de l’Équerre, Ghostly Kisses jouait pour les 150 privilégiés ayant eu accès au premier concert de la série de spectacles à la belle étoile. Passé le quartier résidentiel, après un trajet en navette et une marche d’un kilomètre environ, on atteint cette scène retirée en forêt, qui est l’une des grandes réussites du festival.

Patrick Watson se chargeait ensuite de clore cette première soirée, dans ce décor magique, en plein milieu du bois. Seul sur scène, mais entouré de son piano et de toutes ses machines à son, il a pris un grand plaisir à présenter un spectacle à moitié improvisé, un peu décalé et si envoûtant.

Un « momentum »

Diapason célèbre son 12anniversaire cette année. Le festival est un des précurseurs d’un mouvement de plus en plus bouillonnant, qui veut mettre la culture de l’avant à Laval.

PHOTO PHILIPPE RENAULT, FOURNIE PAR LE FESTIVAL DIAPASON

Laurence Perreault, programmatrice du Festival Diapason

On est peut-être moins connus, mais ça fait un petit bout qu’on est actifs. Ça va être de plus en plus le cas.

Laurence Perreault

Steve Marcoux, programmateur musical chez [co]motion – la boîte lavalloise derrière LVL UP –, se souvient de son arrivée à Laval, en 2017, après avoir travaillé pendant des années sur la scène montréalaise. « Il y avait des choses qui s’en venaient, une volonté des organismes de mener des projets à rayonnement, mais rien n’était encore clair, raconte-t-il. Tout était à construire, mais il y avait une réceptivité. »

La première édition du festival de musique rap et d’arts numériques LVL UP a eu lieu en 2019 et la deuxième sera lancée le 16 septembre. Au moment d’échafauder ce qui deviendrait LVL UP, « il y avait un momentum pour miser sur la culture dans le développement de la ville », dit Steve Marcoux.

Cet élan a bien servi le projet et se répercute sur plusieurs autres initiatives. Parmi celles-ci, le nouveau Village Laval, également conçu par [co]motion. L’idée ? Donner encore plus de « vitalité » au quadrilatère Montmorency, où LVL UP installe déjà ses quartiers.

PHOTO FOURNIE PAR [CO]MOTION

Steve Marcoux, programmateur musical chez [co]motion

L’objectif, c’est de faire un espace culturel, un endroit où les gens peuvent se rassembler, prendre un verre, à deux pas du métro. On veut rassembler différents acteurs [culturels], travailler avec eux.

Steve Marcoux, programmateur musical chez [co]motion

« Et pas juste cette année, on voudrait que ça habite le quadrilatère tout au long de l’été [dans l’avenir] », explique Steve Marcoux.

Le soutien de la Ville

L’invitation a donc été lancée pour que d’autres évènements culturels viennent s’y installer. Et le festival Mosaïque, qui en sera à son premier essai du 26 au 29 août, a répondu présent. « C’est une drôle d’année pour lancer un festival », convient d’emblée Carl-Éric Hudon, programmateur pour la Centrale des artistes, qui a conçu et produit l’évènement. L’ébauche du festival, née d’une génératrice d’idées rassemblant plusieurs organismes, date d’avant la pandémie. Le projet a obtenu le soutien de la Ville de Laval et les organisateurs n’ont pas reculé devant le défi de le lancer dans les contraintes de la situation sanitaire.

Mosaïque présentera fin août des concerts de TEKE::TEKE, de Sarahmée, d’Elisapie et d’Afrikana Soul Sister, notamment. Une programmation principalement musicale, qui n’est pas aussi multidisciplinaire que la mission du festival le commande, convient Carl-Éric Hudon.

Une fois de plus, la COVID-19 vient changer les règles du jeu, mais ce n’est que partie remise, puisque l’évènement est là pour de bon, espèrent les organisateurs.

Si Diapason et LVL UP ont des visées assez larges en ce qui a trait à leur public, conviant tant les Lavallois que les Montréalais et les résidants de la Rive-Nord à leur évènement, « Laval est le public qu’on cherche à attirer » à Mosaïque. Tout le monde est bienvenu, évidemment, mais l’accessibilité pour les résidants lavallois, avant tout, était une importante case à cocher dans l’élaboration du festival.

Faire rayonner Laval

Au festival Diapason, la faune de visiteurs vient principalement de l’île Jésus et de la Rive-Nord, mais aussi de Montréal et d’ailleurs. On y prône d’ailleurs beaucoup la découverte du quartier Sainte-Rose tout autour, de ses restaurants, ses boutiques, ses bars.

Selon Laurence Perreault, comme aux yeux des programmateurs de LVL UP et de Mosaïque, ce n’est que le commencement de quelque chose de beau à Laval. « Il y a autant de goûts différents qu’il y a de monde dans la vie, alors c’est tant mieux si on est beaucoup à offrir différentes choses », dit la programmatrice de Diapason.

« On développe tous des évènements qui ont une belle unicité, affirme Steve Marcoux. Des évènements qui ne s’excusent pas d’être à Laval, qui sont conscients de leur environnement et qui travaillent à le mettre en valeur. On veut continuer à bien s’enraciner dans la collectivité et aller chercher un maximum de public. Il y a moyen de faire rayonner Laval par sa culture. »

Consultez le site du festival Diapason Consultez le site de LVL UP Consultez le site de Mosaïque