Si un interprète vivant à l’étranger vient tourner au Québec, la production qui l’engage devra couvrir ses frais de séjour et de déplacement. C’est aussi vrai, en fonction de plusieurs critères, pour les artistes québécois qui doivent travailler dans une autre région que la leur.

« Les producteurs ont l’obligation de les payer, à moins que les artistes renoncent à leur indemnité quotidienne », explique la présidente de l’Union des artistes (UDA), Sophie Prégent.

En effet, de nombreux artistes donnent une adresse montréalaise aux productions qui les engagent : une astuce pour ne pas être désavantagés parce qu’ils coûteraient plus cher.

C’est à l’artiste de décider. L’UDA donne un cachet minimal quotidien. L’artiste peut y renoncer ou négocier un meilleur salaire qui lui permettra de couvrir ses dépenses, s’il vit en région.

Sophie Prégent, présidente de l’Union des artistes

Un pouvoir de négociation que n’ont toutefois pas tous les artistes, selon leur niveau d’expérience et de popularité.

Savant calcul

Les frais sont calculés en fonction du bureau de l’UDA auquel l’artiste est affilié, soit Montréal ou Québec. S’il est inscrit au bureau montréalais et qu’il doit tourner dans une région « éloignée », le kilométrage sera calculé à partir du métro Berri-UQAM.

Par contre, si le tournage a lieu à Montréal, ce même artiste affilié au bureau montréalais n’aura droit au remboursement d’aucuns frais, peu importe que sa demeure soit dans la métropole, à Saint-Jérôme ou à Rouyn-Noranda. « S’il vit à Saint-Jérôme, c’est un choix personnel, tout comme l’employé qui travaille pour Bell à Montréal, mais qui vit à Piedmont », affirme Mme Prégent.

Certains artistes notent néanmoins une injustice. Dans son livre J’attends l’autobus, le comédien Alexandre Castonguay explique que des frais de séjour et de déplacement sont prévus pour les artistes montréalais qui jouent en région, alors que ses frais, en tant que Rouyn-Norandien, sont calculés en fonction du bureau montréalais de l’UDA auquel il est affilié.

En entrevue, il milite pour une stratégie panquébécoise d’occupation artistique du territoire. Pas seulement en ce qui concerne la diffusion, mais également la création. « Je rêve d’artistes qui habitent partout, qui ressentent le territoire et qui le racontent. Pas seulement des histoires sur le terroir, mais un peu de tous les genres qui se déroulent en région », dit Alexandre Castonguay.