Après avoir enfilé autant de saisons de Grey’s Anatomy, 17 ans pour être précis, je croyais avoir atteint mon quota de musique folk triste qui accompagne l’histoire a) d’un patient qui se sait condamné, mais qui l’accepte avec une sérénité renversante ou b) celle d’un médecin au bord de l’épuisement qui est déchiré entre le sauvetage de sa carrière ou de sa vie personnelle en lambeaux.

C’était avant de découvrir New Amsterdam, du réseau NBC, que TVA relaie les mardis à 20 h. Oui, c’est irréaliste, ultrasimple, sirupeux, déjà vu, dopé aux bonnes intentions et bercé par des guitares sèches mouillées de larmes, mais ça marche. En temps de pandémie, du moins.

Cette émission est l’équivalent d’une chanson de Coldplay, genre Fix You. On trouve ça bien quétaine, mais on ne change pas de poste quand elle joue. Netflix offre déjà les deux premières saisons, en français et en anglais, tandis que l’Extra de Tou.TV mettra en ligne la deuxième saison de New Amsterdam le 22 juillet.

Le personnage au cœur des intrigues, le DMax Goodwin (Ryan Eggold, vu dans Liste noire), nouveau directeur médical de cet hôpital pas comme les autres, est tellement parfait que ça nous fout des complexes.

Il porte la barbe de deux jours comme sur la couverture du magazine GQ. Il parle espagnol avec le personnel de soutien. Il soigne des sans-abri directement sur le trottoir. Il implante un marché fermier dans l’entrée principale de l’hôpital. Un peu plus et il opère gratuitement ses patients. Non, attendez. Il le fait aussi. Désolé.

Même son nom est cliché : Max Goodwin. Le bien l’emporte. Urgh. Et vous savez quoi ? C’est rafraîchissant de voir des personnages bons et bienveillants à la télévision, même s’ils frôlent la caricature. En plus de traiter des virus datant de la période glaciaire, notre bon DMax Goodwin soigne son propre cancer en se baladant avec sa chimiothérapie portative dans les corridors de l’hôpital New Amsterdam, en plein cœur de Manhattan. Rien n’arrête Super Max !

Le service de cardiologie facture plus qu’il ne s’occupe des malades ? Super Max les congédie en bloc. Il manque de personnel sur les étages ? Super Max embauche 50 docteurs d’un coup. Au diable les donateurs, les budgets ou la bureaucratie.

En fait, le DMax Goodwin de New Amsterdam est l’anti-DHouse. Il est charmant, altruiste et à l’écoute. Il prend son travail très à cœur. Il réussit à changer le système de l’intérieur. Bref, il apporte de l’espoir et du réconfort. C’est probablement ce qui explique le succès populaire – et non critique – de New Amsterdam, une série tout sauf cynique.

New Amsterdam s’inspire d’un livre qui a été écrit sur l’hôpital Bellevue de New York, le plus vieil établissement public de santé aux États-Unis. Bellevue, comme New Amsterdam, accueille tous les clients, qu’ils détiennent une assurance privée ou non.

En plus des urgences et de tous les services d’un hôpital ordinaire, New Amsterdam abrite une école publique, une prison, une salle d’audience et des bureaux de l’ONU. Le hall de l’hôpital que l’on voit dans l’émission est en fait celui, bien réel, de Bellevue, où se déroulent les tournages.

PHOTO TIRÉE D’IMDB

L’actrice Janet Montgomery interprète le rôle de la Dre Lauren Bloom.

Autour du DMax Goodwin, on retrouve l’urgentologue Lauren Bloom (ma préférée), l’oncologue Helen Sharpe, le chirurgien cardiaque Floyd Reynolds, le psychiatre Iggy Frome et le neurologue Vijay Kapoor. Une distribution qui représente bien la diversité d’une ville cosmopolite comme New York.

Si vous ne connaissez pas New Amsterdam, vous ne tomberez pas en bas de votre civière en y plongeant. Le canevas demeure celui d’une série médicale classique, avec tous les incontournables qui s’y rattachent.

Dans tous les épisodes, il y a un cas super spécial et hyper rare qui défie les pronostics. Oui, il y a au moins une alerte à l’Ebola. Oui, il y a du flirt entre les employés. Oui, les médecins hurlent « Clear ! » au moins 12 fois par heure en rechargeant leurs appareils de défibrillation.

Ah oui, les sans-abri sont tellement mal maquillés qu’ils ont l’air de sortir de la série Walking Dead.

Malgré ses nombreux défauts, New Amsterdam remplit sa prescription principale, soit nous injecter une bonne dose d’optimisme. Et c’est un remède efficace, qui change du défaitisme ambiant. Clear !