Si les œuvres inspirées de la lutte contre les inégalités raciales ne manquent pas, une foule de chansons, livres et œuvres d’art ont vu le jour à la suite de la mort de George Floyd et de la résurgence du mouvement Black Lives Matter. En voici quelques exemples. À lire, à voir et à écouter en cette journée marquante.

I Can’t Breathe, de H.E.R., et Matter, de Brittany Campbell

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE H.E.R

H.E.R.

La musique des chanteuses afro-américaines H.E.R. et Brittany Campbell n’a pas attendu le drame survenu le 25 mai 2020 pour être engagée. Mais le meurtre de George Floyd leur a inspiré des morceaux imprégnés de l’esprit de protestation qui a bouillonné l’été dernier. I Can’t Breathe, de H.E.R., dont le titre reprend les mots que George Floyd a prononcés lors de l’intervention violente qui a causé sa mort, a été nommée chanson de l’année aux prix Grammy. « Avons-nous de l’importance ? » (Do we matter ?), se demande quant à elle Brittany Campbell sur son morceau paru en août 2020.

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Royauté, de Dramatik et al.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Dramatik (Jocelyn Bruno)

Il y a les œuvres abordant directement la mort de George Floyd et d’autres personnes noires victimes de la brutalité policière. Il y a aussi les œuvres qui cherchent plus largement à mettre de l’avant le talent d’artistes de la communauté noire, à revendiquer une juste place dans la musique comme dans la société. C’est le cas de la compilation Royauté, un projet du rappeur québécois Dramatik, auquel une trentaine d’artistes collaborent. Depuis février dernier, Mois de l’histoire des Noirs, une chanson est dévoilée chaque mois. Les profits sont remis à l’OBNL Fonds 1804, qui soutient la persévérance et la réussite scolaires.

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La fresque, de Tasia Valliant et Jenna Schwartz, et La vie des Noir.e.s compte

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

La vie des Noirs compte

Deux artistes montréalaises, Tasia Valliant et Jenna Schwartz, ont réalisé une œuvre murale dans le quartier Pointe-Saint-Charles représentant le visage de George Floyd. Quelques semaines après sa mort, elles ont souhaité sensibiliser les Montréalais à cet évènement et au problème global qu’il illustre en peignant cette fresque sur le mur d’un centre communautaire. De nombreux artistes et militants ont pour leur part participé à la réalisation d’une fresque d’environ 100 mètres des mots La vie des Noir.e.s compte, sur la chaussée de la rue Sainte-Catherine. La fresque, un projet de la Fondation Dynastie, a depuis été effacée.

« This is a White problem » — Banksy

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Œuvre de Banksy

Des graffitis, fresques et œuvres d’art avec le slogan Black Lives Matter, un portrait de George Floyd, des messages antiracistes sont apparus partout dans le monde depuis l’été dernier. L’artiste anglais Banksy a contribué à la vague en créant une œuvre qu’il a partagée sur les réseaux sociaux. On y voit un drapeau états-unien au-dessus d’un portrait d’une personne sans visage, placé à côté d’un cierge et de fleurs. Dans cette publication, Banksy a exprimé son besoin de prendre position, après s’être demandé s’il fallait plutôt qu’il se taise et qu’il écoute les personnes noires. « Pourquoi est-ce que je ferais ça ? Ce n’est pas leur problème. C’est le mien. […] C’est un problème de Blancs. »

The Bigger Picture, de Lil Baby, et FTP, de YG

PHOTO KEVIN WINTER, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Lil Baby

Il vaut la peine de voir (ou revoir) la performance du rappeur américain Lil Baby, avec sa chanson The Bigger Picture, lors de la cérémonie des prix Grammy. Parue en juin 2020, la pièce lance un appel à ce que justice soit rendue pour les Noirs américains tués par la police et à ce que le racisme systémique soit enrayé. Toujours dans le rap américain, YG a fait paraître FTP (pour F*** the Police, reprenant ainsi – à peu près – le titre du groupe NWA de 1988), une chanson de protestation cette fois plus acerbe que celle de Lil Baby et dont le vidéoclip percutant montre des scènes de manifestations et d’incidents de brutalité policière.

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3 Brothers – Radio Raheem, Eric Garner and George Floyd, de Spike Lee

PHOTO TIRÉE D’IMDB

Image du film 3 Brothers – Radio Raheem, Eric Garner and George Floyd

Spike Lee a réalisé un court métrage paru durant le point culminant des manifestations de l’été dernier à travers les États-Unis (et au-delà). Intitulé 3 Brothers – Radio Raheem, Eric Garner and George Floyd, l’œuvre se rapporte au film de Lee de 1989, Do the Right Thing, dans lequel le personnage de Radio Raheem est tué par étranglement par un policier. Dans 3 Brothers, Spike Lee alterne les images de la mort de Radio Raheem avec celles d’Eric Garner (mort en 2014 à la suite de son arrestation durant laquelle il a été étranglé par un policier) et de George Floyd (maintenu au sol pendant neuf minutes avec le genou du policier Derek Chauvin sur sa nuque alors qu’il était menotté). En ouverture, le cinéaste demande : « L’Histoire arrêtera-t-elle un jour de se répéter ? »

« Le silence, c’est la mort, et toi, si tu te tais, tu meurs et si tu parles, tu meurs. Alors dis et meurs ! », de Stanley Février

PHOTO TIRÉE DU SITE DE STANLEY FÉVRIER

Scène de l’action-performance « Le silence, c’est la mort, et toi, si tu te tais, tu meurs et si tu parles, tu meurs. Alors dis et meurs ! », de Stanley Février

L’action-performance de Stanley Février reprend les mots de l’écrivain algérien Tahar Djaout. Une sculpture d’un homme, visage contre le sol, les mains derrière le dos, a été déposée au sol et transportée dans un corbillard lors d’une protestation organisée par l’artiste. Les participants étaient invités à inscrire les noms de victimes de brutalité policière sur des pancartes. L’œuvre s’est inscrite dans le cadre des protestations contre la brutalité policière et le racisme systémique qui ont secoué le monde l’an dernier.

Two Distant Strangers, de Travon Free et Martin Desmond Roe

PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

Scène du court métrage Two Distant Strangers, de Travon Free et Martin Desmond Roe

Gagnant d’un Oscar lors de la plus récente célébration du cinéma, le court métrage Two Distant Strangers met en vedette le rappeur Joey Bada$$ dans le rôle d’un dessinateur de bande dessinée attaqué par un policier alors qu’il rentre chez lui après un rendez-vous galant. Dans le film d’une demi-heure, le personnage se retrouve prisonnier d’une boucle temporelle, forcé à revivre sa mort, encore et encore. Cette œuvre de Travon Free et Martin Desmond Roe, perturbante et tragique, est offerte sur Netflix.

We Can’t Stop Now, de la Dre Danielle Hyles (texte) et d’Enrico Iskandar (illustrations)

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

We Can’t Stop Now, de la Dre Danielle Hyles (texte) et d’Enrico Iskandar (illustrations)

Dans ce livre pour enfants, trois jeunes Noirs se rendent compte de l’importance en société de la couleur de leur peau. Vivien, Deryn et Ayanna, frère et sœurs, ont peur pour la sécurité de leur père après la mort d’un homme noir tué par un policier. La médecin canadienne Danielle Hyles explore ici le moment où l’innocence laisse place à la compréhension que la couleur de la peau est une différence qui peut porter préjudice. Le livre, paru en août dernier, n’est offert qu’en anglais pour le moment. Plusieurs œuvres pour enfants et adolescents abordent la question du racisme, notamment Le chemin de Jada, de Laura Nsafou et Barbara Brun, Nous sommes tous féministes, de Chimamanda Ngozi Adichie (adapté pour le jeune public), Nos boucles au naturel, de Matthew A. Cherry, ou La haine qu’on donne, d’Angie Thomas.