Des concerts extérieurs avec places assises dans toutes les zones dès le 21 mai, jusqu’à 2500 spectateurs debout à partir du 25 juin : le gouvernement Legault a détaillé mercredi son plan pour la tenue des rendez-vous culturels cet été au Québec. « J’ai juste le goût de vous dire : "Enfin !" », a lancé mercredi Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications, en point de presse. « Enfin, on va retrouver nos artistes qui nous donnent notre joie de vivre durant l’été. »

Les allègements débutent ce vendredi, alors que les spectacles extérieurs pourront accueillir 250 personnes ayant réservé une place assignée. Une semaine plus tard, le gouvernement Legault autorisera les grandes salles de spectacle et les sites extérieurs avec places assises à présenter des performances devant un maximum de 2500 spectateurs, à condition qu’ils soient répartis en sous-sections de 250 personnes dotées d’installations sanitaires, d’entrées et de sorties indépendantes.

« Le souhait le plus cher que j’avais, c’est que ce qui est dans l’ADN profond des Québec, c’est-à-dire les festivals et les évènements, puisse reprendre et revivre cet été », s’est quant à elle réjouie Caroline Proulx, ministre du Tourisme.

En ce qui concerne les festivals et les évènements estivaux, c’est le 25 juin que la saison prendra vraiment son envol, soit 24 h après les habituelles festivités de la fête nationale du Québec.

« Il est prévu que la fête dure sur cinq jours à Montréal, dans le Quartier des spectacles, le jour et le soir », explique Louise Harel, présidente du Comité de la fête nationale du Québec à Montréal, qui a fait une croix sur « tout grand rassemblement festif » dans la métropole. « On aura bientôt l’occasion de faire une annonce en bonne et due forme. »

Le choix de la date « est le fruit d’un travail conjoint avec la Santé publique et le gouvernement », a expliqué Mme Roy, qui n’a pas voulu dire si elle invitait les Québécois à festoyer une journée plus tard. « Il y a toute la notion de prévisibilité. Le fait est que le 25 juin, c’est le retour des festivals et des spectacles debout. C’est relativement tôt. On est déjà à la mi-mai. »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Un fil de fériste traverse la rue Saint-Denis pendant le festival Montréal Complètement cirque. Le festival dirigé par Nadine Marchand aura lieu comme prévu début juillet en respectant les nouvelles règles de la Santé publique.

Au lendemain de la « Saint-Jean-Baptiste », un maximum de 2500 spectateurs debout ou sans sièges attitrés pourront converger dans un même site, toujours en respectant un système d’« enclos » de 250 festivaliers, tous séparés par des barrières et surveillés par au moins un employé ou bénévole. Sur place, les festivaliers seront séparés par des pastilles identifiés au sol afin de respecter une distance de 1,5 à deux mètres selon la zone.

« Quand on a commencé les discussions, on s’en allait vers une jauge qui ressemblait à celle du mois d’août dernier, autour de 250-500 spectateurs, explique Martin Roy, président du Regroupement des évènements majeurs internationaux (REMI). On a poussé l’idée de zones. On disait : "On est capables, on a la technologie, la capacité organisationnelle pour le faire." Je suis content qu’on ait été entendus. »

Un même festival pourra héberger plusieurs rassemblements de 2500 personnes s’ils se tiennent à 500 mètres de distance.

Vivement la « prévisibilité »

Toujours à partir du 25 juin, les subdivisions ne seront plus nécessaires pour les spectacles extérieurs avec des places assises assignées. La majorité des régions du Québec devraient alors se trouver en zone jaune, ce qui permettra une distanciation physique abaissée à 1,5 mètres et la consommation de nourriture et d’alcool. Un passage en zone verte, prévu le 28 juin, signifierait de nouveaux allégements.

« On souhaitait avoir de la prévisibilité, et c’est ce qu’on a, se réjouit M. Roy. L’annonce est arrivée à minuit moins une. Le gros de la saison était en jeu, surtout pour les festivals qui se déroulent à la fin du mois de juin ou au début du mois de juillet. »

Dans tous les cas, les spectateurs devront se procurer un billet gratuit ou payant, ce qui constituera une forme d’enregistrement pour assurer la traçabilité en cas d’éclosion de COVID-19. Il n’est pas question, pour l’instant, de demander une preuve vaccinale. « On n’en est pas là pour le moment, a répondu Caroline Proulx à une question de La Presse. Il n’y aucune demande à cet égard-là qui est rentré au cabinet. » Pas question non plus de sortir les millions de tests rapides antigéniques des entrepôts. « Ça ne nous pas été demandé de la part des promoteurs. »

Martin Roy, président du Regroupement des évènements majeurs internationaux, note toutefois que ces questions ont été discutées avec la Santé publique. « Est-ce qu’une preuve vaccinale nous permettrait de retrouver des achalandages normaux, à la base de notre modèle d’affaires, plus rapidement ? C’est une bonne question. En août, on pourrait faire des spectacles de 15 000, 20 000 personnes qui ont reçu deux doses.

Si de grands évènements comme le Festival de Jazz et les Francos ont annoncé leur report en septembre, quelques membres rebrassent leurs cartes à la suite des annonces de mercredi, souligne Martin Roy, du REMI. Des annonces devraient suivre.

Évènements Attractions Québec, qui représente 250 festivals au Québec, se dit heureux « d’avoir en main des « balises claires » pour accompagner ses membres. Permis d’alcool, service de restauration déambulatoire ou à l’écart, surveillance des zones : de nombreux défis logistiques et budgétaires attendent néanmoins les promoteurs, selon son directeur général, François-G. Chevrier. « Ça nous donne une belle ligne de départ, mais la course vient juste de commencer. »

Du côté d’evenko, qui chapeaute Osheaga, île Soniq et Lasso, « l’équipe de programmation analyse le tout » avant de commenter ou de faire des annonces.

Peu d’impact en région

Les organisateurs de festivals régionaux, particulièrement actifs en juin, juillet et août, ont bien accueilli la nouvelle. Mais pour plusieurs, ces précisions changent peu de choses.

« Ça vient valider les bonnes nouvelles qu’on avait entendues mardi. Il y a encore des zones grises qu’on devra éclaircir avec la Santé publique », indique Julien Pinardon, directeur général du Festival de la chanson de Tadoussac, qui se tiendra du 25 juin au 4 juillet prochain.

Il souhaite préciser la notion des services de bars et de restauration pour bien comprendre comment opérer à l’extérieur et à l’intérieur.

Pour Alan Côté, directeur général et artistique du Festival en chanson de Petite-Vallée, les annonces de Québec viennent avec leur lot de soulagement. Par contre, l’évènement se tiendra tout de même devant un public réduit. « Ça prend des énormes infrastructures pour établir des sections clôturées de 250 personnes distancées les unes des autres. »

M. Côté se réjouit tout de même du soutien financier de Québec et du retour des déplacements entre régions. Ils sont actuellement toujours permis, mais non recommandés.

« On est contents de vivre un vent de déconfinement, mais à une semaine de notre évènement, il n’est pas possible de changer notre formule » explique pour sa part Martin Faucher, directeur artistique et codirecteur général du Festival TransAmériques (FTA).

Un « certain flou » demeure sur les performances déambulatoires. « On se demande si les spectateurs doivent être distancés et si ça s’applique dès maintenant. »

Par ailleurs, les spectacles dans les ciné-parcs sont permis dès maintenant, de même que les parcours déambulatoires pour les détenteurs de billets horodatés, a annoncé Québec mercredi.

Ils ont dit

Tout le monde s’est enligné sur le 250 personnes. Pour avoir 2500 personnes, avec dix zones indépendantes, ça prend beaucoup d’espace. Peut-être que certains festivals vont faire deux zones de 250 personnes, mais j’ai l’impression qu’à part pour certains spectacles où c’est facile d’augmenter la jauge, ça va rester comme tel. Surtout si le set-up est fait et que les billets sont vendus.

Patrick Kearney, porte-parole du Regroupement des festivals régionaux artistiques indépendants (REFRAIN) et directeur général de Santa Teresa, qui débutait mercredi

On s’étaient préparé en conséquence. On a des évènements avec des places assignées et d’autres en déambulation sur la rue Saint-Denis. On va être capable d’avoir de meilleures représentations que l’été passé et faire travailler les artistes du cirque

Stéphane Lavoie, directeur général de la Tohu, qui produit le festival Montréal complètement cirque

Le tourisme est l’un des secteurs économiques qui a été le plus affecté durant la pandémie. Le plan [du gouvernement Legault] permet à l’industrie touristique d’avoir de la prévisibilité nécessaire pour la reprise graduelle de plusieurs de ses activités.

Francis Bouchard, porte-parole de Tourisme Montréal

Les infrastructures liées aux sections de 250 personnes, c’est beaucoup de logistique. C’est peut-être possible pour un méga festival, mais pour les plus petits ça devient compliqué et coûteux

Clément Turgeon, fondateur et directeur du Festif ! de Baie-Saint-Paul, qui aura lieu du 21 au 25 juillet

Avec Henri Ouellette-Vézina, La Presse