Si vous avez rigolé en regardant La Maison-Bleue à Radio-Canada, la deuxième saison, que l’Extra de Tou.TV offre ce jeudi, vous plaira tout autant, car elle creuse le même sillon politico-comique que la première.

Si vous vous appelez Jean-François Lisée, qui a détesté cette série signée Ricardo Trogi et Daniel Savoie, ou si vous détenez une carte de membre du Parti québécois depuis les années 1980, passez votre tour. À moins de vraiment vouloir vous infliger une autre violente crise d’urticaire.

PHOTO VÉRO BONCOMPAGNI, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Le président Jacques Hamelin et son populaire vice-président Gilbert Boudreau (Guy Nadon et Claude Despins) sont au cœur de la deuxième saison de La Maison-Bleue.

J’ai regardé mercredi six des dix nouvelles demi-heures de La Maison-Bleue 2 et j’ai bien ri. On s’entend : cette sitcom garde le même ton burlesque et exagéré. C’est de la grosse caricature, écrite en appuyant fort, fort sur les touches du clavier.

Et il n’y a rien de réaliste là-dedans, à part l’émission de débats Coude à coude, toujours animée par l’intense Jessika Walsh (Maryève Alary). En fait, tous les personnages de cette comédie restent niais, naïfs et nonos. Aucune discrimination n’a été faite en fonction de l’orientation politique.

Dans ce deuxième chapitre, le président Jacques Hamelin (Guy Nadon, impeccable) en arrache. L’échec (volontaire) du référendum pour l’échange du Nord québécois contre une partie de la Floride — mais sans les plages — a fait dégringoler sa cote de popularité au deuxième sous-sol.

Par contre, le peuple n’a jamais autant adulé le vice-président Gilbert Boudreau (Claude Despins), un gros mononcle illettré qui a fait fortune dans les disco-mobiles. Les Québécois en pincent pour cet analphabète populiste, qui leur ressemble et qui dit les vraies affaires.

Le message que nous envoient ici les scénaristes fait mal : les citoyens préfèrent — et de loin — être gouvernés par du monde ordinaire sans éducation, sans ambition. Ça fesse.

Donc, pour être réélu, Jacques Hamelin n’a pas le choix : il devra coprésider la République du Québec avec Boudreau, la nouvelle coqueluche du pays. Le stratège de l’agence de publicité Vladimir joué par Julien Lacroix a été écarté du scénario. Son acolyte, interprétée par Marie-Lyne Joncas, reste cependant dans le décor.

Autre changement à la distribution : Mike (Karl Farah), le voisin fédéraliste douchebag, a finalement été évincé du quartier. Bon choix. On avait fait le tour de cette histoire.

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Les deux conseillers du président Jacques Hamelin : Antoine et Karine, interprétés par Simon Beaulé-Bulman et Geneviève Schmidt

Les deux conseillers dévoués, mes préférés, soit Karine (Geneviève Schmidt, toujours bonne) et Antoine (Simon Beaulé-Bulman, la découverte de La Maison-Bleue), se mettent encore plus dans le pétrin pour servir le président Hamelin. Une mission d’espionnage en Ontario et une filature dans la Basse-Ville de Québec leur vaudront des bosses et des bleus.

L’intrigue principale de La Maison-Bleue 2 tourne autour d’une crise acéricole. Les succursales de la Société québécoise du sirop d’érable (SQDSE) frôlent la pénurie. Les érables ne coulent plus au Québec, alors que la récolte est abondante au Nouveau-Brunswick, dans le Maine et en Ontario. Pourquoi ? Le général Charette (Roger Léger) ouvre une enquête sans grande conviction.

Cette affaire de sirop d’érable s’étire inutilement. Ce n’est pas si drôle et intéressant que ça, au final. Les gags récurrents de dysfonction érectile font également « théâtre d’été » en 1997. Les auteurs sont capables de mieux.

Par contre, la relation clandestine entre Caroline Dumas (Myriam LeBlanc), la commentatrice fédéraliste de l’émission Coude à coude, et Gilbert Boudreau le misogyne débouche sur des scènes très croustillantes.

Aussi, il faut attendre au quatrième épisode avant de voir Mélanie Guzzo (Isabelle Brouillette), cheffe du Bloc canadien. C’est tard dans une campagne électorale qui bat son plein depuis si longtemps.

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Jacques Hamelin et sa femme Mireille, interprétée par Anne-Marie Cadieux

Dans la peau de Mireille, première dame du Québec, Anne-Marie Cadieux nous prouve encore qu’elle se débrouille avec autant d’aisance dans le registre bouffon que dans le drame. Quelle actrice talentueuse.

Et attendez de rencontrer la conjointe de Gilbert Boudreau, l’agente d’immeubles Marie-Ange (Kathleen Fortin), alias la Cléopâtre de Mascouche. Flammèches en vue avec Mireille, l’autre co-première dame.

Encore une fois, les textes de La Maison-Bleue renferment une quantité amusante de clins d’œil, dont les Tim Burden, le Canal T, le Centre Vidéotron usé, le sirop François Lambert, le juge Réjean Houle de la Cour suprême ou le prix Nobel des arts remis à Guylaine Tremblay.

Ah oui, le personnage du gouverneur du Saguenay–Lac-Saint-Jean, campé par Jeff Boudreault, prend du galon (mais pas de sirop d’érable, parce qu’il est rationné, OK ?).

Mardi de finales

Toute la vie et 5e Rang ont tiré leur révérence, mardi soir, devant respectivement des audiences de 1 040 000 et 996 000 téléspectateurs. D’excellents chiffres, compte tenu de la belle température qui a gardé les Québécois à l’extérieur plus longtemps.

Toujours mardi, District 31 a été vu par 1 454 000 fans. Le tricheur (974 000) s’est approché du million. La facture (814 000) est restée devant la quotidienne de Star Académie (731 000). Big Brother Célébrités (502 000) s’est maintenu, tout comme La tour (688 000).