À quelques jours de l’inauguration de l’espace Yoop, La Presse a visité la fameuse salle virtuelle destinée à la captation de spectacles hébergés par la Place des Arts. Un projet mené par le Groupe KO de Louis Morissette, qui s’est associé à enovLAB dans l’aventure.

On retrouve Louis Morissette sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier, transformée en salle de spectacle virtuelle. Autour de nous, six écrans géants, une dizaine de caméras, dont des webcams, sans parler des éclairages. Tout cela servira à la captation de spectacles payants.

« C’est quand même un gros set-up, nous dit l’acteur et producteur. L’idée derrière ça, c’est que si on demande aux gens de payer, il faut leur offrir une captation de qualité. Il faut qu’il y ait une plus-value par rapport à ce qu’ils peuvent voir gratuitement sur Facebook ou Instagram, et même par rapport à Zoom. »

Mardi soir, les premiers essais « devant public » ont été faits avec la musicienne Sara Dufour. Jeudi soir, c’était au tour de l’humoriste Rachid Badouri de « tester », avec ses collègues humoristes Mathieu Pepper et Mike Beaudoin, une version condensée du spectacle-bénéfice Nous pour vous, qui mêle humour et chanson.

« Ça ne remplacera jamais le show vivant, nous dit Rachid Badouri, mais je le vois comme une excellente alternative à ce bordel de confinement qui nous empêche de divertir notre monde. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Rachid Badouri continuera d’alimenter les réseaux sociaux de contenus gratuits, mais il croit que les artistes ont besoin d’une « alternative » pour mener à bien leurs projets de spectacles de façon professionnelle.

J’offre du contenu gratuit sur les réseaux sociaux, je ne demande rien, j’ai même 235 000 personnes qui me suivent sur TikTok depuis deux mois, donc je suis très content, mais à un moment donné, il faut gagner notre vie.

Rachid Badouri

Ces premiers essais ont « rassuré » Louis Morissette, qui s’est amusé toute la semaine à interagir avec le public en faisant lui-même des numéros.

« On offre trois points de vue différents aux spectateurs, les gens peuvent se déplacer, ce qu’ils ne peuvent pas faire avec Zoom, ils peuvent faire leur découpage. Le son est vraiment très bon, les éclairages aussi, et puis on s’est rendu compte qu’avec 12 à 18 micros ouverts, c’est suffisant pour créer une ambiance pour l’artiste. »

L’application a été conçue par la société enovLAB, établie à New York et dirigée par un ami de Morissette, Benoit Fredette.

« Ils avaient commencé à travailler sur la phase 1 du projet au printemps, qui consistait à mettre en place la billetterie. La phase 2, avec la captation d’événements virtuels, était prévue pour 2020-2021. Avec la pandémie, ç’a été mis sur la fast track, mais il y avait déjà quatre ou cinq années de développement derrière, donc c’était une chance de connaître le président de la compagnie. »

L’événement inaugural de l’espace Yoop aura lieu samedi à 20 h. Il s’agit d’une conférence avec le footballeur et médecin Laurent Duvernay-Tardif.

Cette conférence, animée par Louis Morissette, devait avoir lieu (devant public) après la victoire des Chiefs de Kansas City au Super Bowl, au mois de mars. Mais la crise sanitaire liée à la COVID-19 a forcé l’annulation de l’événement. C’est ce même rendez-vous qui aura lieu trois mois plus tard dans un format virtuel.

« On devait parler du Super Bowl et de mes six années dans la NFL, dans une équipe du Midwest américain, et de mes études en médecine », nous a confié Laurent Duvernay-Tardif jeudi.

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Laurent Duvernay-Tardif s’entretiendra avec Louis Morissette de ses six dernières années dans la NFL, mais aussi de ses études en médecine et de son expérience en CHSLD.

Mais on va aussi parler de la pandémie et de mon passage en CHSLD, parce que ça a été marquant. Je ne veux pas me faire du capital là-dessus, mais j’ai découvert de nouvelles professions et je crois qu’il y a de belles leçons à tirer de ça.

Laurent Duvernay-Tardif

L’athlète de 29 ans a aussi l’intention de transmettre un message aux jeunes spectateurs.

« Je veux leur dire que c’est possible d’avoir deux passions et de les mener jusqu’au plus haut niveau, que c’est important de trouver un équilibre dans la vie, qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Mais surtout qu’il ne faut pas avoir peur de sortir des sentiers battus. Moi, quand j’ai commencé mes cours de médecine à McGill, je savais dire yes, no et toaster. J’enregistrais mes cours, je les réécoutais avec un dictionnaire. Je veux dire que si on se met à la tâche, il n’y a rien d’impossible. »

Le spectacle d’Alicia Moffet suivra le 25 juin, puis viendra celui de Rachid Badouri le 2 juillet. Le duo américain Sofi Tukker est également annoncé sur l’application de Yoop, tout comme une conférence avec le nouvel entraîneur de l’Impact, Thierry Henry, mais les dates n’ont pas encore été annoncées. Une programmation plus étoffée sera dévoilée après le 25 juin, a indiqué Louis Morissette.

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L’imposant studio virtuel de l’espace Yoop occupera la scène de la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts au moins jusqu’à la fin du mois de septembre.

Le studio virtuel, lui, demeurera hébergé sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier au moins jusqu’à la fin septembre.

« Après, on verra, nous a dit le producteur de KO. Il y a beaucoup de gens qui attendent de voir les premières captations pour voir ce qu’on est capables de faire. Le but de Yoop n’est pas de remplacer le spectacle live, mais, s’il y a un intérêt chez les artistes à continuer de faire ce genre de captations live, à la fin d’une tournée par exemple, je vais continuer à en faire », nous dit Louis Morissette, qui produira certains spectacles et qui « louera » l’espace dans d’autres cas. « Comme n’importe quelle salle de diffusion. »

« Si c’est temporaire, alors ce sera temporaire, ajoute-t-il. Moi-même, je ne demande pas mieux que de recommencer à faire des spectacles, mais en attendant, on va voir ce que ça donne. »