Pier-Luc Funk est partout depuis quelques années. Au cinéma, à la télé, à la radio, au théâtre, à la LNI…. Même en pleine pandémie. Alors que les projets de beaucoup d’artistes sont tombés à l’eau, il s’est retrouvé à coanimer avec Catherine Brunet l’émission Les suppléants à Télé-Québec, destinée aux élèves qui ne pouvaient plus aller à l’école, et il coanimera le 19 juin prochain, avec Sarah-Jeanne Labrosse, l’émission spéciale Le Bal Mammouth, qui viendra souligner en grand la fin du secondaire pour les jeunes privés de leur bal de finissants.

On peut dire qu’avec ses collègues et amies, il a tenu virtuellement la main à beaucoup d’ados confinés, dont bon nombre disent qu’ils ont été les grands oubliés de cette crise. « Je ne sais pas s’ils ont été les oubliés, réfléchit Pier-Luc Funk, mais ils sont ceux auxquels on n’a pas senti qu’on était obligés de s’adresser à eux. »

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Pier-Luc Funk

On a senti qu’on devait parler aux enfants, aux parents, et aux personnes âgées plus affectées par le virus, mais l’ado, c’est un peu la personne dont on se dit qu’il doit se gérer tout seul.

Pier-Luc Funk

« C’est un âge aussi où tu essaies d’avoir plus de liberté, et tu trouves ton autonomie par tes amis, mais là, ils ne pouvaient pas les voir, ajoute-t-il. Ça crée beaucoup d’isolement. Avec Les suppléants, on a parlé à des intervenants de Tel-Jeunes, c’est fou ce qu’ils ont réalisé. Les jeunes, dans leur besoin d’émancipation, sont en train de devenir les adultes de demain, ils ont eu un frein non seulement professionnel, mais aussi dans leur croissance personnelle. Je pense que ça a vraiment été dur pour eux. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Pier-Luc Funk est apparu au point de presse quotidien du gouvernement Legault le 25 mai dernier.

Le comédien de 26 ans est allé jusqu’à apparaître, toujours en compagnie de Sarah-Jeanne Labrosse, au point de presse quotidien du gouvernement Legault pour livrer un message aux jeunes. C’est dire à quel point son capital de sympathie auprès de cette tranche de la population est connu. « Je ne pensais jamais dans la vie que le premier ministre allait me demander mon soutien pour passer un message ! s’étonne encore Pier-Luc Funk. Je pense qu’on est allés prêter main-forte parce qu’il avait de la difficulté à rejoindre les jeunes, qui sont moins à risque, afin de respecter les mesures. Mais c’est épeurant quand même, la conférence de presse, avec tous les journalistes. Mettons que j’avais plein de niaiseries qui me passaient par la tête, et que j’ai pensé : fais juste dire ce que tu as à dire et fais pas trop de conneries. »

C’est un peu ce petit côté décalé qui fait que les jeunes lui font confiance. Pier-Luc Funk confie qu’il n’a pas comme but d’être un modèle pour eux. « Je ne veux pas vérifier mes actions pour voir si je suis un bon modèle. Mes modèles à moi ne sont pas des gens qui font ça. Par exemple, je tripe sur Muhammad Ali dans la vie. Il n’était pas en train de se surveiller pour savoir s’il était un bon modèle, il faisait juste ce qu’il aimait faire. Mais j’aime ça, si je peux apporter du bien et être ce grand frère qu’ils n’ont pas eu. En même temps, je ne veux pas être un grand frère exemplaire non plus, comme n’importe quel grand frère qui fait des niaiseries. Je ne suis pas parfait, et je ne le serai jamais. »

L’esprit Mammouth

J’ai rencontré Pier-Luc Funk au parc La Fontaine et j’étais fébrile comme une élève à son bal de finissants, parce que c’était la première entrevue en personne que je faisais après trois mois de confinement. Face à face, son énergie rappelle un peu celle du jeune Marc Labrèche à ses débuts, avec sa silhouette svelte et, surtout, son côté caméléon, touche-à-tout. À seulement 26 ans, son CV est déjà très impressionnant. Je me souviens de l’enfant qui a eu son premier rôle au cinéma dans Un été sans point ni coup sûr de Francis Leclerc, je l’avais adoré dans la version québécoise de Saturday Night Live et, comme bien des madames, il a été pour moi le psychopathe Jérémie dans la série Mémoires vives, tandis qu’il cartonnait auprès du public ado dans la série-culte Le chalet. Et son registre ne cesse de s’élargir, car j’ai été complètement remuée par sa performance dans la formidable série Fragile, de Serge Boucher, offerte sur ICI Tou.tv (bientôt présentée à la télé) qui lui vaudra certainement une nomination aux prix Gémeaux. Son dernier projet, la série Pour toujours plus un jour, créée par la bande du Chalet, a été récemment présenté sur le volet francophone de CRAVE.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Pier-Luc Funk dans Un été sans point ni coup sûr en 2008

Cette polyvalence lui vient de l’impro, selon lui – il est à ce jour le plus jeune joueur entré dans la ligue, l’un des plus étoilés et récompensés. Et peut-être aussi de son côté TDAH. C’est d’ailleurs l’une des choses qui lui ont valu le plus de commentaires : sa participation au segment Montée de lait de l’émission Format familial, lorsqu’il parlé de son enfance avec un TDAH.

« Je ne pensais pas non plus devenir le porte-parole pour le TDAH, lance-t-il en riant. J’ai juste raconté mon expérience à moi. » Mais est-ce que ça se calme en vieillissant ? « Je pense que c’est une bête qui se dompte. Et le plus dur contexte pour apprivoiser cette bête-là, c’est justement à l’école. Tu fais face aux normes d’apprentissage, tu dois rentrer dans le rythme. Mais je pense aussi que c’est un pouvoir. Si je n’avais pas de TDAH, je ne serais pas capable de pousser ma performance aussi loin. Avoir un cerveau qui fonctionne un peu trop vite et qui pense à mille affaires en même temps, je pense que ça permet de faire des choses que les autres ne peuvent pas faire, même si ça met des bâtons dans les roues dans certaines situations. C’est un couteau à double tranchant. »

En raison de la pandémie, quelques-uns de ses projets ont dû être reportés. Il fera un peu de doublage cet été et terminera l’écriture de son premier long métrage. Mais avant, il y aura Le Bal Mammouth. Et pour lui, le concept Mammouth est du plus bel esprit qui existe. « Je suis tellement fier d’être associé à ce projet-là parce que ça met en lumière des gens qui ne le sont pas. Des actions inspirantes, des humains de notre quotidien qui font des affaires grandioses. Ça englobe uniquement l’inspiration et je pense que c’est quelque chose dont on a beaucoup besoin en ce moment. On est dans un monde axé sur le mauvais, la tragédie, on est là pour mettre la lumière sur ce qui se fait de bien, donner la parole aux jeunes et voir ce qui est important pour eux. L’esprit Mammouth, c’est d’aider son prochain aussi. »

La bande de Mammouth a décidé avant même que les bals de finissants soient annulés d’organiser cette spéciale, avec plein d’artistes invités, un avant-bal animé par Mathieu Dufour et un après-bal avec DJ. On a demandé aux jeunes de former des groupes sur Zoom pendant cette soirée, dans lesquels Pier-Luc Funk et Sarah-Jeanne Labrosse pourraient apparaître par surprise.

« Avec Le Bal Mammouth, dit Pier-Luc Funk, qui croit que ce rite de passage est important pour tourner la dernière page d’un chapitre de vie, les jeunes se sentent ensemble et veulent traverser cette épreuve avec nous. »

Le Bal Mammouth, dès 19 h 30 sur Télé-Québec, le 19 juin