Après les commissions Ferrandez-Taillefer et Ferrandez-Ravary, voici la commission Ferrandez-Normandeau. Dès le 11 janvier, Nathalie Normandeau deviendra la nouvelle commissaire à l’émission matinale Puisqu’il faut se lever animée par Paul Arcand. Et question de tester la température de l’eau, la nouvelle recrue remplacera Bernard Drainville dans la case horaire du midi pour toute la durée du congé des Fêtes.

« C’est un nouveau départ, lance Nathalie Normandeau, visiblement ravie. Je tape du pied depuis longtemps, j’avais hâte de retrouver un micro. »

Rappelons que le 25 octobre dernier, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) annonçait sa décision de ne pas interjeter appel dans le dossier de Nathalie Normandeau et de ses coaccusés, une affaire qui a débuté avec l’arrestation de l’ancienne ministre par l’Unité permanente anticorruption (UPAC), en mars 2016.

« Pour tout vous dire, à une certaine époque, je pensais que ma vie professionnelle était finie », avoue celle qui a quitté son micro d’animatrice au 102,1 (BLVD), à Québec, en 2019. À l’époque, Mme Normandeau avait pris cette décision parce qu’elle souhaitait régler ses problèmes judiciaires et entreprendre l’écriture d’un livre dans lequel elle donnerait sa version des faits sur toute cette affaire.

« Je ne pensais jamais revenir dans la grande famille Cogeco où j’ai fait mes débuts en 2015, ajoute-t-elle. Or, non seulement je reviens, mais je vais faire de la radio avec Paul Arcand ! J’ai l’impression d’accéder aux plus hautes marches du podium. » En 2016, Nathalie Normandeau avait intenté des poursuites contre Cogeco pour congédiement illégal à la suite de son arrestation par l’UPAC. Les deux parties s’étaient finalement entendues à l’amiable.

Un jour…

Nathalie Normandeau raconte que c’est à la suite d’une entrevue qu’elle a accordée à Paul Arcand il y a environ un an que ce dernier lui aurait lancé : « Un jour, j’aimerais ça faire de la radio avec vous ! »

« Ça m’a pris par surprise, je me disais : ‟Wow !, c’est le meilleur !" se souvient-elle. Ça m’a vraiment fait plaisir. » Ce qui était impensable à l’époque à cause de ses démêlés avec la justice est devenu chose possible avec la récente décision du DPCP. Aujourd’hui, Nathalie Normandeau a l’impression de passer dans les ligues majeures.

Je suis encore une nouvelle venue à la radio, je n’ai pas 20 ans de métier dans le corps. Je dirais que ça m’a pris plusieurs années entre mon départ de la politique et le moment où je me suis retrouvée devant un micro pour sentir que j’avais enfin trouvé ce que je voulais faire. J’ai eu un véritable coup de foudre et j’ai été renversée par l’intelligence et la pertinence des auditeurs. Par leur gros bon sens aussi, qui m’a souvent fait revoir certaines de mes positions.

Nathalie Normandeau

L’ancienne vice-première ministre du Québec dit aimer le contact direct que la radio procure. « Avec la radio, on doit être vrai, authentique, insiste-t-elle. Si tu n’es pas toi-même, ça paraît tout de suite. J’avais des preuves à faire en quittant la politique. Pour les gens, j’étais la ministre pas très souriante qu’ils voyaient à la télé. Mais j’ai fait confiance aux auditeurs et ils ont découvert que je suis une fille très simple. Tu ne peux pas jouer un personnage à la radio, ça ne passe pas. »

Se faire connaître

Si les auditeurs de Québec ont appris à l’apprécier, Nathalie Normandeau doit maintenant se faire connaître des auditeurs montréalais. « J’arrive avec humilité, je sais que suis privilégiée et je suis très reconnaissante, assure-t-elle. J’ai une responsabilité en acceptant ce micro et je ne la prends pas à la légère. »

Et à quoi ressemble le style Normandeau ?

Je suis quelqu’un qui parle beaucoup, mais qui écoute aussi beaucoup. Je dis les choses telles qu’elles sont. Pour moi, la radio, c’est un peu le prolongement de mon engagement politique. Quand on fait de la radio d’opinion, on entre directement dans le quotidien des gens, on réfléchit avec eux, et on essaie de stimuler le débat. Ce n’est pas banal.

Nathalie Normandeau

Craint-elle de croiser le fer avec le flamboyant ancien maire du Plateau-Mont-Royal ? « Vous savez, à Québec, j’ai quand même débattu avec Éric Duhaime et André Arthur, répond-elle du tac au tac. Ça forme en peu de temps [rires]. J’ai écouté les interventions de M. Ferrandez et c’est quelqu’un d’extrêmement rigoureux et bien préparé. Notre mandat, c’est de contribuer au débat public, mais ce ne sera pas un ring de boxe tous les matins à 8 h 30. On a chacun notre style et j’ai l’intention de demeurer telle que je suis. » La commissaire Normandeau participera à l’émission de chez elle, à Québec. Quant à l’actuelle collègue de Luc Ferrandez, Lise Ravary, elle commentera l’actualité tous les jours avec Luc Lavoie dès janvier, à l’émission Drainville PM.

Si Nathalie Normandeau dit apprécier sa chance, elle sait aussi qu’elle devra faire tomber les préjugés à son endroit au cours des prochains mois. « Je sais que mon capital de sympathie est affecté, je vais devoir travailler fort, confie-t-elle. On m’a dépeinte d’une façon très négative dans les médias au cours des dernières années, mais je ne me laisserai pas définir par ça. Je veux montrer que ce n’est pas ce que je suis. Je veux être positive, la vie continue… Go, on y va ! »