Depuis le début du confinement, plutôt que de chanter, Daniel Bélanger dessine. L’auteur-compositeur-interprète nous a parlé directement de son studio, où il travaille sur les chansons de son prochain album.

En quelques semaines, Daniel Bélanger a instauré un genre de rendez-vous avec les abonnés de son compte Instagram, qui se délectent de ses dessins quasi quotidiens — une vingtaine depuis le 26 mars. Des dessins délicats et évocateurs, qui portent un regard sur l’actualité, mais qui décrivent aussi en quelques traits les états d’âme de leur créateur.

Daniel Bélanger l’admet, il s’est laissé prendre au jeu. « Le premier que j’ai fait, c’était un bonhomme allumette qui regardait passer les oiseaux en V. J’ai aimé le côté simple et rapide, pour moi ça fonctionnait bien, puis les gens ont réagi. »

Alors que ses confrères et consœurs se donnent à fond dans les prestations en direct sur les réseaux sociaux et que les fans lui réclament des Facebook Live en lui disant à quel point ils ont besoin de sa musique en ces temps de pandémie, le chanteur a choisi une autre manière de communiquer.

Les dessins de Daniel Bélanger
  • Un des dessins de Daniel Bélanger

    IMAGE FOURNIE PAR DANIEL BÉLANGER

    Un des dessins de Daniel Bélanger

  • Un des dessins de Daniel Bélanger

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Je suis allé là où ça m’appelait. Les Facebook Live, je ne trouvais pas la façon de le faire. Les dessins m’inspiraient plus, c’est plus créatif pour moi.

Daniel Bélanger

Le résultat est une espèce de « journal intime » réalisé « sans intention et sans obligation », et permet un échange avec le public qu’il « aime bien ». Il réconforte aussi d’une autre manière que la chanson par son humanisme, son réalisme et sa candeur, la série de dessins évoquant autant le drame des morts dans les CHSLD que le manque de farine dans les épiceries.

« Au fil des dessins, tu finis par voir une courbe, une espèce d’histoire, qui est celle d’un petit bonhomme allumette. »

Seuls ensemble

Si cette silhouette vous rappelle quelque chose, c’est que sa jumelle figurait déjà sur la pochette de Rêver mieux, qu’il avait lui-même dessinée à l’époque… Au début de la pandémie, Daniel Bélanger l’a d’ailleurs modifiée en lui faisant porter un masque de protection.

« Mais celui-là, je le transforme régulièrement. À Noël, je l’habille en père Noël, par exemple… » Il a donc toujours un peu dessiné ? Il nuance en riant. « En fait, je dessine sous la torture surtout… Comme en ce moment ! »

Figurant sur cet album paru en 2001, l’expression « Seuls ensemble », qui fait partie de la chanson Dans un Spoutnik, est d’ailleurs un peu devenue le leitmotiv de la lutte contre la propagation du virus depuis un mois.

> Écoutez un extrait de la chanson Dans un Spoutnik

« Oui ça me touche, et je le prends, mais seulement si on se rappelle que Fiori l’a écrite dans une toune d’Harmonium avant moi. Ça m’est arrivé que des chanteurs utilisent une de mes phrases dans leurs chansons. Pour moi, et j’espère que Serge pense comme moi, c’est comme un flambeau qu’on se passe. On a le même message. »

Dans un Spoutnik est une chanson de solitude, mais où le narrateur, à l’image de chaque personne confinée au Québec, « essaie d’arriver quelque part », résume Daniel Bélanger. « Il essaie de galvaniser tout le monde pour donner du souffle et un peu de force, pour continuer à faire ce que chacun veut faire de sa vie. »

Création

En confinement depuis un mois comme tout le monde, l’auteur-compositeur-interprète n’a pas beaucoup changé sa routine. « Je pars de la maison tous les matins, je viens dans mon studio, la seule différence, c’est que je retourne luncher à la maison plutôt que d’aller dans des bouibouis autour. »

Victime des bouleversements dans le milieu de la musique, Daniel Bélanger a dans ses tiroirs un album instrumental tout prêt, intitulé Travelling, dont la sortie qui était prévue ce printemps a été retardée. « Il est bouclé, il attend le grand monde », dit le chanteur, qui est en pleine création de son prochain album de chansons.

J’en ai la moitié de terminée. Ça va, c’est comme avant. Il y a toujours des obstacles à la création, en tout cas, moi, j’en ai toujours eu. Là, c’est le confinement.

Daniel Bélanger

Il n’a jamais eu autant de temps pour composer, dit-il, et rigole en racontant que l’absence de date butoir lui permet « de travailler beaucoup, beaucoup sur deux accords ».

« C’est vrai, il y a aujourd’hui… et la prochaine épicerie. C’est à peu près tout ce qui rythme nos semaines. »

Mais il continue à travailler, envoyant parfois une chanson à un musicien qui « fait la batterie à Repentigny », puis à un autre « qui joue du trombone à Laval ».

« C’est un peu moi, ça. Mais ce n’est pas un truc de sauvage. En confinement, ça change la perception. On continue envers et contre tout à créer, pour ne pas avoir perdu son temps. Jusqu’à présent, c’est ça mon état d’esprit. Mais ça peut changer demain matin, ça dépend des nouvelles à la télé. »

Daniel Bélanger a été très touché par un texte qu’il a lu récemment dans La Presse+, dans lequel des écrivains racontaient leur « paralysie créatrice » depuis le début de la crise, et où des lecteurs confiaient qu’ils avaient de la difficulté à lire.

> Lisez la chronique de Chantal Guy

« Il faut avoir de la disponibilité intérieure pour faire tout ça. La ville est déserte ! Pour s’isoler pour créer, il faut qu’il y ait du monde à l’extérieur. Là, il n’y a plus de monde, alors on s’isole encore plus, et l’isolement, ça insécurise, ça dérange… Mais j’y arrive assez bien quand même. »

Il s’interrompt pour regarder quelqu’un par la fenêtre et rit fort. « En tout cas, on va s’ennuyer de voir du monde passer avec des paquets de 16 rouleaux de papier de toilette dans les bras ! »

> Consultez le compte Instagram de Daniel Bélanger