Les mesures d’aide gouvernementale aux artistes seront primordiales pour assurer leur survie professionnelle et une reprise progressive de leurs activités. Mais l’incertitude persiste sur les programmes annoncés. L’Union des artistes (UdA), qui représente quelque 13 000 artistes québécois, se fait pourtant rassurante.

Après avoir dû mettre à pied 60 % de son personnel, faute de revenu, l’Union des artistes (UdA) veut montrer que l’organisme est à l’écoute de ses membres. La comédienne Sophie Prégent, sa présidente, a tenu à les rassurer, dans un message vidéo mis en ligne vendredi, en précisant que l’UdA est en contact régulier tant avec Ottawa qu’avec Québec pour faire valoir leurs droits et leurs inquiétudes.

Mme Prégent a ainsi annoncé que ni les redevances ni le versement du « congé payé pour l’artiste » (le COPAR, distribué chaque année en juillet) ne les pénaliseront s’ils ont aussi droit à la Prestation canadienne d’urgence (PCU) activée lundi par le fédéral. 

>> Voyez la vidéo de l’Union des artistes

Or, pour l’instant, la PCU est la seule planche de salut des artistes… mais certains ne se qualifieront pas. Pour être admissible aux 2000 $ par mois pendant un maximum de quatre mois, il faut avoir cessé de travailler en raison de la COVID-19, ne pas avoir quitté son emploi volontairement, avoir gagné au moins 5000 $ en 2019 ou dans les 12 mois précédant la demande et être sans revenu pendant 14 jours consécutifs avant cette demande. 

Cette dernière condition inquiète l’UdA, car elle pourrait empêcher un grand nombre d’artistes qui ont plus d’un emploi d’avoir droit à la PCU. L’organisme attendait donc, lundi, l’annonce d’« ajustements » de la part du fédéral afin de permettre aux artistes qui ont eu une autre activité professionnelle pendant les 14 jours ayant précédé leur demande de se qualifier.

Au bureau du ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, on assure qu’il y aura des ajustements, parce que le gouvernement fédéral essaie d’appliquer la PCU à un maximum de travailleurs, et que le ministre est attentif aux préoccupations des artistes.

Cela dit, Sophie Prégent assure que les artistes qui n’auront pas droit à la PCU pourront bénéficier de l’aide de la Fondation des artistes et possiblement de la Fondation J.A. De Sève, qui donne chaque année 25 000 $ à l’UdA, et qui a accepté d’allonger 100 000 $ à l’organisme. « L’UdA va pouvoir passer au travers », assure Mme Prégent. 

Aide fédérale, aide provinciale

Le gouvernement fédéral est pour l’instant en première ligne de l’aide aux artistes. Le Conseil des arts du Canada (CAC) tente ainsi de trouver des solutions et a mis en ligne, lundi, une page pour sonder les artistes et leurs besoins.

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Le CAC a déjà annoncé le versement de 60 millions pour aider les organismes culturels déjà subventionnés à faire face au manque de liquidités. Ottawa a également lancé le Programme fédéral de subventions salariales aux entreprises qui touchera indirectement les artistes. Et la SOCAN (Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) a annoncé la semaine dernière un fonds de crise de 2 millions pour venir en aide à ses membres qui souffrent de l’annulation des spectacles et des tournages. 

Sophie Prégent se réjouit par ailleurs que le gouvernement québécois, par l’entremise de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) et du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), vienne en aide aux producteurs artistiques et leur évite autant que possible la faillite. « Pour que les projets repartent », dit-elle, expliquant toutefois que le ministère de la Culture et des Communications n’aidera pas pour l’instant directement les artistes. 

Le Conseil québécois du théâtre déplore qu’« aucune mesure compensatoire pour les pertes liées aux événements annulés ou reportés ne soit prévue ». Québec a toutefois déjà assuré que tous les contrats signés par des artistes seraient honorés. Pour le reste, les artistes devront attendre le plan de relance pour les milieux artistique et culturel que le ministère de la Culture et des Communications du Québec prépare actuellement, conjointement avec le Conseil des arts et des lettres du Québec.