À l’angle des rues Montcalm et Sherbrooke se trouve l’une des plus grandes collections de costumes en Amérique du Nord. Le Grand Costumier soutient les créateurs d’ici et d’ailleurs depuis près de trois ans. Incursion dans l’édifice Gaston-Miron, qui abrite « un patrimoine vivant et dynamique », comme le décrit la directrice Marie Houde.

Où peut-on trouver plus de 100 000 tenues et accessoires d’époques différentes, mis à la disposition des créateurs du milieu du cinéma, de la télévision et du théâtre ? Au Grand Costumier, situé dans l’ancienne Bibliothèque centrale de Montréal, en face du parc La Fontaine.

La collection est le vestige des belles années du costumier de Radio-Canada. Jusqu’au milieu des années 80, une quarantaine d’artisans y confectionnaient des habits de toutes sortes pour les besoins des productions radio-canadiennes. En 2014, l’annonce de sa fermeture a secoué le monde de l’art et du divertissement. Beaucoup se sont mobilisés pour préserver ce patrimoine emblématique et l’initiative du Grand Costumier, un organisme d’économie sociale à but non lucratif, a pris forme.

Une des belles retombées de cette annonce malheureuse, c’est qu’on a rendu la collection accessible à tous les créateurs.

Marie Houde, directrice du Grand Costumier

L’organisme permet un transfert d’expertise entre la relève et les créateurs établis, ce qui nourrit l’écosystème fragile des métiers du costume. Le Grand Costumier est ouvert aux plus petites productions, offre des formations et dispose d’un centre de documentation complet.

Des clients comme Netflix et Amazon Prime

Chaque année, 300 productions sollicitent l’OBNL, ce qui contribue à son rayonnement à l’étranger. La valeur ajoutée du Grand Costumier, c’est l’accompagnement offert aux créateurs. « Des clients qui travaillent habituellement à Los Angeles viennent nous voir et sont surpris de l’endroit qu’ils visitent », indique la directrice du Grand Costumier, Marie Houde.

L’établissement est un lieu enchanteur, loin du stéréotype de l’entrepôt de costumes sombre et poussiéreux. Les vêtements sont entreposés avec la plus grande minutie, classés par style et par époque pour faciliter le travail des professionnels du film ou de la télévision, soumis à des délais de production très serrés.

La collection est rassemblée sur cinq étages vastes et lumineux que le grand public peut visiter les week-ends.

Les productions américaines tournées à Toronto et à Vancouver sont friandes du service offert par l’équipe du Grand Costumier. La moitié des revenus proviennent de clients comme Netflix, Amazon Prime et Warner Brothers. Certains habits sont apparus dans des séries télévisées américaines comme Chilling Adventures of Sabrina, The Man in the High Castle et The Umbrella Academy. « Ces revenus de l’étranger dont on est si fiers servent aux créateurs d’ici, qui bénéficient des services connexes comme la formation », précise Marie Houde.

C’est fabuleux qu’après trois ans, un OBNL québécois du milieu de la culture nous fasse connaître hors du pays.

Marie Houde, directrice du Grand Costumier

Soucieuse de son mandat d’être au service des créateurs, l’équipe du Grand Costumier continue de cultiver l’art de développer autrement. L’organisme a fait l’acquisition de 7000 costumes en trois ans et l’équipe est passée de quatre à neuf employés.

Cette croissance rapide ne vient pas sans défi, selon Marie Houde : « Il faut trouver un espace d’entreposage qui répond à nos normes strictes pour continuer à bonifier notre collection. »