La grève générale illimitée des techniciens de plateau n’aura pas lieu. Le conflit qui les oppose depuis plusieurs mois aux producteurs de télévision et de cinéma a pris fin hier avec l’adoption à 85 % de la recommandation d’un médiateur.

Au cours des deux derniers jours, un comité de l’Alliance québécoise des techniciens et techniciennes de l’image et du son (AQTIS) a pris part à un dernier blitz de négociations avec les représentants de l’Association québécoise de la production médiatique (AQPM). Jusqu’au petit matin hier, les deux parties ont discuté de la plus récente offre de l’employeur.

Au terme de ces rencontres, le syndicat des techniciens a présenté à ses membres une offre de conciliation proposée par le médiateur désigné par la ministre de la Culture et des Communications. L’AQTIS a conseillé l’adoption de cette recommandation.

Réunis dès 18 h, les techniciens ont statué à 85 % en faveur de l’accord peu avant 23 h, hier. Quelque 800 membres de l’AQTIS ont pris part à la décision.

La question de la rémunération

Après des mois de négociations et à la suite de la dernière offre de l’AQPM mise sur la table vendredi dernier, aucune entente de principe n’avait pu être conclue entre les deux parties. 

Le médiateur appelé en renfort durant l’été a permis d’arriver à un accommodement. Il avait permis de régler plusieurs points de négociation sur lesquels techniciens et producteurs ne parvenaient pas à s’entendre. Les questions de santé et sécurité du travail, la formation, la qualification professionnelle et la priorité d’embauche ont figuré au cœur des litiges ces derniers mois.

Un obstacle persistait à empêcher la résolution du conflit de travail : la rémunération des employés. L’AQTIS demandait une augmentation des salaires minimums que l’AQPM (qui représente des producteurs privés) jugeait inappropriée compte tenu de la situation économique des milieux du film et de la télévision.

Satisfaction de part et d’autre

L’AQTIS s’est réjouie d’avoir obtenu plusieurs gains en matière de conditions de travail. Particulièrement en matière de salaire, mais également de priorité d’embauche des membres, de limitation de la sous-traitance, de formalité de contrats, d’avantages sociaux, de formation professionnelle et d’équité salariale.

« Nous sommes très satisfaits du rapport du médiateur que nous avons présenté aux membres », a indiqué Gilles Charland, directeur général de l’AQTIS, dans un communiqué.

Depuis le début de cette négociation, nous étions convaincus de l’importance de mieux structurer l’industrie du cinéma, de la télévision et des nouveaux médias pour faire face aux multiples changements qu’elle traverse.

Gilles Chartrand

L’AQPM est aussi satisfaite de l’entérinement de la recommandation, après des négociations « tendues ». Toutefois, la proposition du médiateur « ne correspond pas exactement à ce que l’AQPM souhaitait à titre de règlement, notamment en raison des coûts additionnels qu’elle impose aux producteurs dans un contexte déjà très difficile », a soulevé Hélène Messier, présidente et directrice générale de l’AQPM, également dans un communiqué. 

« La recommandation du médiateur reflète un véritable compromis entre les parties, et le comité de négociation en recommandera l’acceptation au conseil d’administration et aux membres de l’AQPM au cours des prochaines semaines », a-t-elle néanmoins ajouté.

Appel aux gouvernements

La convention collective des techniciens de plateau était échue depuis près d’un an. L’AQTIS représente quelque 6000 membres issus de 150 corps de métier. Ceux-ci sont caméramans, preneurs de son, maquilleurs, coiffeurs, et travaillent à la production de téléséries, de documentaires et de films en tant que pigistes.

Alors que le Gala des prix Gémeaux se tenait au Théâtre St-Denis, l’AQTIS prenait hier soir une décision à même de chambouler le bon déroulement de l’industrie télévisuelle.

Des tournages avaient été reportés ou carrément annulés sous la menace d’une grève. Un débrayage le 29 août dernier avait causé des délais sur une dizaine de plateaux.

Une grève générale illimitée aurait privé de nombreux lieux de travail de techniciens, un scénario qui causait une inquiétude générale dans le milieu ces derniers temps.

À la suite de ce houleux conflit de travail, l’AQPM souhaite alerter les décideurs politiques et demande des réinvestissements financiers ainsi que la modification des lois sur la radiodiffusion et les télécommunications.