Ils font équipe depuis cinq ans pour créer les spectacles de la série hommage du Cirque du Soleil à Trois-Rivières. Cette fois-ci, le metteur en scène Jean-Guy Legault et le directeur musical Jean-Phi Goncalves explorent le répertoire des Cowboys Fringants. La Presse leur a parlé.

Après Beau Dommage (Le monde est fou), Robert Charlebois (Tout écartillé), Luc Plamondon (Stone) et Les Colocs (Juste une p’tite nuite), Jean-Guy Legault et Jean-Phi Goncalves font le plongeon dans l’univers folk-country engagé des Cowboys Fringants.

« Il y avait un désir de travailler sur un répertoire plus contemporain », nous dit Jean-Guy Legault, qui indique que le nom des Cowboys revient depuis le début de la série. « Il y a eu la musique des années 70, Plamondon avec les années 80, Les Colocs dans les années 90, donc on poursuit avec un groupe qui a marqué les années 2000. »

L’équipe de création a choisi 13 pièces parmi les 9 albums studio (et les 5 albums live) des Cowboys. Parmi elles, bien sûr, Joyeux calvaire, mais aussi Les étoiles filantes, Bye bye Lou et Toune d’automne, chanson pivot du spectacle selon les créateurs.

« J’ai toujours considéré les Cowboys comme un groupe d’automne. On a l’impression que c’est là que les tounes s’écrivent. C’est une drôle de période où la nature est la plus colorée, en même temps qu’elle est en train de s’endormir. » — Le metteur en scène Jean-Guy Legault

Le hasard a fait que durant la tournée de Break syndical (en 2003), Jean-Phi Goncalves assurait la première partie des Cowboys au Centre Bell avec Dumas.

« C’est à ce moment-là que j’ai appris à mieux les connaître, nous dit le musicien, arrangeur et réalisateur. L’énergie qui se dégageait de ce show-là, c’était vraiment impressionnant. »

Dans son travail de mixage, Jean-Phi Goncalves a d’ailleurs tenté de mettre en valeur le son emblématique des Cowboys, sans le dénaturer.

Écoutez un extrait de la chanson Les étoiles filantes

« La musique des Cowboys est celle que je peux le moins transformer. J’ai mis un peu d’électronique ici et là, mais seulement pour souligner quelque chose de visuel. En général, le son du band ne veut pas ça. Leur proposition est déjà très forte ; tout ce que j’ai fait, c’est magnifier les intentions. Il y aura des moments épiques et d’autres plus intimistes. »

Les Cowboys pour traverser l’adolescence

Jean-Guy Legault connaissait bien sûr les Cowboys, mais il a (re)découvert le groupe à travers sa fille, durant son passage « difficile » à l’adolescence.

« Depuis qu’elle est petite, elle se balance dans la cour arrière sur une balançoire banane. Elle met ses écouteurs et elle s’évade. Un jour, je lui ai demandé ce qu’elle écoutait, elle m’a dit : “Les Cowboys Fringants.” Je lui ai demandé ce qui la rejoignait et elle m’a répondu : “Ils disent exactement ce que je pense et ce que je ressens.” »

Il a emmené sa fille voir le groupe en spectacle à L’Assomption. « Ça m’est rentré dedans. Tu as l’impression qu’ils te chantent à l’oreille, ils créent des univers et des histoires vraiment intimes. »

Cette expérience personnelle l’a inspiré dans l’écriture de la trame narrative de Joyeux calvaire. Il ne s’en cache pas.

« On suit le personnage de Margot, une adolescente de banlieue qui s’envole au-dessus de sa ville endormie pour plonger dans son imaginaire et inventer des vies aux gens qui habitent ces maisons-là. Il y a dans le show tout le rapport du groupe à la banlieue, puisqu’il vient de Repentigny. »

Un nouveau concept l’an prochain 

Malgré le succès de cette série hommage, l’équipe de création menée par les deux Jean (qui inclut aussi la conceptrice acrobatique Émilie Therrien) souhaite imaginer un nouveau concept pour les cinq prochains spectacles que le Cirque du Soleil s’est engagé à créer à Trois-Rivières (jusqu’en 2024).

« À un moment donné, je crois qu’un concept comme celui-ci a une durée de vie, précise Jean-Guy Legault. On peut rester dans la musique sans suivre ce concept d’hommage à un groupe ou à un artiste. On verra donc comment ça va évoluer. »

À l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières du 17 juillet au 17 août

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