Vous avez été plusieurs à relever le sourcil, mardi soir, devant votre télé. Quoi, Radio-Canada présente une nouvelle télésérie dramatique avec Hélène Florent et Paul Doucet ?

Est-ce que c’est bon ? Réponse brève : non. Cette minisérie de six épisodes, fabriquée au Nouveau-Brunswick, porte le titre de Conséquences et son visionnement en occasionne quelques-unes sur le plan psychologique, dont le découragement et le désespoir.

PHOTO FOURNIE PAR ICI RADIO-CANADA

Hélène Florent est animatrice de radio parlée dans la série Conséquences.

Heureusement que Paul Doucet et Hélène Florent relèvent la barre du jeu, parce que les autres acteurs de la distribution évoluent dans un registre moins soutenu, mettons. Comme si les épisodes contenaient deux niveaux d’interprétation : celui standard, plus que correct, et l’autre, surjoué. Le décalage frappe d’une scène à l’autre.

Il y a aussi un problème avec les accents des personnages de Conséquences, un problème récurrent dans presque toutes les émissions de fiction tournées dans les Maritimes.

Au sein d’une même famille, les parents s’expriment dans un français standard montréalais, tandis que leurs enfants parlent avec des inflexions acadiennes à couper au couteau. Ça ne fonctionne juste pas.

Vous avez tout de même été 403 000 curieux à regarder la première heure de Conséquences, mardi, à 20 h. Et maintenant, vous souhaitez un gros suspense pour tenter de découvrir l’identité de la personne qui a violé la pauvre Nadia, 19 ans. Désolé de crever votre bulle d’espoir, mais vous le saurez rapidement. Genre dans l’épisode de mardi, le deuxième d’une série de six.

La façon dont les deux familles de Conséquences abordent l’agression sexuelle est étrange. La mère de Nadia essaiera de régler le cas de sa fille à l’amiable, sans appeler la police. La psychologue (Isabelle Cyr) s’évertuera à convaincre la jeune victime qu’elle a peut-être couru après.

Évidemment, chacun des personnages agit selon ses propres intérêts, que je ne divulgâcherai pas. Reste que tout ça laisse perplexe en cette période de « balance ton porc ».

C’est dommage, car les magnifiques images de la réalisatrice Lyne Charlebois (Toute la vérité, Nos étés) annonçaient une télésérie vraiment intéressante. Deux familles bourgeoises de Moncton, dont les trois enfants ont grandi ensemble, qui se déchirent à propos de nouveaux et de vieux secrets, ça me parlait.

En plus, le chalet de l’homme d’affaires Paul (Paul Doucet) et de sa femme psy Élizabeth (Isabelle Cyr) était encore plus beau que le gigantesque manoir des O’Hara à TVA. Pas étonnant que leurs meilleurs amis Anne (Hélène Florent), animatrice de radio parlée, et Benoît (Tony Murray), comptable et associé de Paul, y dormaient si souvent.

Après quelques minutes, l’abus de séquences sans paroles a fini par m’agacer royalement. Comme si la production s’obstinait à nous rappeler le côté hyper grave des évènements. Ça va, on a très bien compris.

On va également ajouter du piano mélancolique et de la guitare sèche tristounette pour être certain que l’aspect épouvantable de l’histoire ressorte. C’est beau, ça ne pourrait pas être plus clair, merci. On va quand même demander aux ados de crier et leur faire claquer plein de portes pour que les gens à la maison saisissent bien que rien ne va plus. OK, stop, je décroche, c’est trop pour moi.

En février, ARTV a relayé en rafale Conséquences dans l’indifférence la plus totale. Cette série a coûté 3,9 millions et le diffuseur public doit la rentabiliser, d’où son transfert sur l’antenne principale.

Dans les années passées, Le clan et Le siège avaient relevé la barre des téléséries manufacturées au Nouveau-Brunswick. Malheureusement, Conséquences a rabaissé l’indicateur de qualité à la hauteur de Belle-Baie.

Le désert télévisuel estival

Ça paraît que la saison de télé hivernale a pris fin avec le départ de District 31. Depuis Pâques, les cotes d’écoute ont baissé de façon importante.

Lundi soir, Les chefs ! de Radio-Canada a attiré 536 000 gourmands, contre 408 000 qui ont fréquenté la caserne de Chicago Fire à TVA. Tous réseaux confondus, l’émission la plus populaire du lundi soir a été Refuge animal à TVA avec ses 758 000 fidèles.

Mardi soir, Radio-Canada a obtenu ses meilleurs résultats avec Des squelettes dans le placard (459 000), et Le tricheur de TVA (919 000) a trôné au sommet du palmarès des émissions les plus populaires. Les reprises de V (Je suis chef, L’Open Mic de…) profitent légèrement de cette période creuse.