(Montréal) Un Québec sans musique originale, sans théâtre, ni livres d’ici ? Impensable, disent quelque 200 000 créateurs qui s’unissent pour rappeler l’importance des droits d’auteur qui assurent la survie de toutes ces formes d’art.

La loi canadienne sur le droit d’auteur est truffée d’exceptions qui permettent aux utilisateurs d’éviter de payer les redevances, estiment-ils.

Et parce qu’ils souhaitent un modèle qui soit plus juste et équitable, ils lancent ainsi une campagne de sensibilisation auprès de la population et des élus fédéraux en train de procéder à l’examen de cette loi.

Cette campagne, baptisée Une vie sans art, vraiment ?, est lancée à l’occasion de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur par un collectif de 16 organisations représentant plus de 200 000 artistes et créateurs.

Les redevances provenant des droits d’auteur ne sont pas une taxe : elles font partie du gagne-pain des artistes, souligne Laurent Dubois, directeur de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) et l’un des porte-paroles de la mobilisation.

Selon lui, la dernière révision de la Loi sur le droit d’auteur n’a fait que priver encore plus les créateurs en ajoutant une série de situations permettant d’éviter le paiement des redevances.

Alors qu’il n’y avait qu’une dizaine d’exceptions à la loi avant 1988, on en compte actuellement près de 85, ce qui représente 40 % du contenu de sa dernière version, soutient M. Dubois.

En entrevue, il a mentionné les exceptions « à des fins éducatives » et celle de l’utilisation des œuvres à des fins non commerciales. Il précise que les artistes ne veulent pas que ces exceptions soient éliminées, mais qu’elles soient plutôt « mieux encadrées ». Certaines sont trop floues, dit-il, et ouvrent la porte aux abus.

M. Dubois souhaite aussi que le modèle de perception des redevances soit mieux amarré aux nouvelles technologies : les amateurs de musique, par exemple, délaissent les disques pour des plateformes d’écoute en continu.

Et la loi n’est pas adaptée à ces nouvelles façons d’écouter la musique, ajoute de son côté David Bussières, auteur-compositeur-interprète et l’un des deux membres du duo Alfa Rococo.

Les gens n’ont jamais autant payé pour de la musique, mais les créateurs musicaux n’ont jamais reçu aussi peu d’argent, soutient l’artiste, qui est aussi porte-parole du Regroupement des artisans de la musique (RAM). Il est ainsi question d’une meilleure distribution des redevances.

Il y a trop d’intermédiaires entre les consommateurs et les artistes, et ces intermédiaires ne contribuent pas à l’industrie musicale, ajoute-t-il.

Les citoyens sont invités à montrer leur appui aux artistes québécois et canadiens, en allant signer et partager le manifeste au www.uneviesansart.ca.