Quelques incontournables culturels des années 90 aujourd'hui disparus.

Les hebdos culturels gratuits

On ne pouvait pas imaginer un jeudi au réveil sans aller chercher «son» Voir. Dans le métro, au café, à l'épicerie, les exemplaires du journal gratuit s'envolaient comme des petits pains! Puis, on le dévorait avidement de la couverture noir et blanc aux petites annonces. À la fin des années 90, on comptait quatre hebdos culturels gratuits montréalais (deux en anglais, deux en français). En 2018, il ne reste que le Voir mensuel. Un plus bel objet que son ancêtre qui tachait les mains, mais sans son âme ni sa popularité. Précisons que l'auteur de ces lignes a travaillé au Voir dans les années 90. Tant pis pour la jeunesse et la nostalgie... - Luc Boulanger

HMV et Sam The Record Man

Bien avant Spotify, c'est aux postes d'écoute des magasins de disques (entre autres) qu'on découvrait de la nouvelle musique. Au HMV, des lecteurs CD fixés au mur nous permettaient de tendre l'oreille à des albums «hype» triés sur le volet (on se rappelle avoir découvert Portishead ainsi). Sinon, on faisait la file avec une pile de CD devant un poste où un commis les déballait et les faisait jouer pour nous. HMV disparu, Sam the Record Man étant (déjà) un lointain souvenir, on a maintenant accès à toute la discographie du monde d'un seul clic, mais on s'ennuie un peu du trouble qu'on se donnait au nom de la mélomanie. - Frédéric Murphy

La Boîte noire

Véritable caverne d'Ali Baba des fervents du septième art, La Boîte noire, ouverte en 1986 à l'intersection des rues Rivard et Marie-Anne avant son déménagement rue Saint-Denis, était l'endroit par excellence où parfaire sa connaissance du néoréalisme italien ou de la Nouvelle Vague française. Ses vidéothécaires étaient de véritables «curateurs» et son guide annuel était une référence. Après de fastes années 2000 qui ont vu ouvrir des succursales sur l'avenue Laurier et dans le Vieux-Montréal (outre son quartier général de l'avenue du Mont-Royal), La Boîte noire a succombé à la tendance du cinéma maison. Pour les chercheurs de pépites cinématographiques, rien ne l'a vraiment remplacée. Surtout pas Netflix. - Frédéric Murphy

La fumée dans les bars

Dans les années 90, sortir dans les bars signifiait se faire enfumer d'aplomb et, quand on dansait, il fallait faire attention aux brûlures des tisons. Pas juste dans les bars, d'ailleurs: dans les salles de spectacles, dans les restaurants, même dans certaines salles de classe à l'université. C'est la dernière décennie des fumeurs dominants et des non-fumeurs dominés, car depuis 2006, plus personne n'est obligé de laver ses vêtements et ses cheveux qui empestent la cigarette au retour d'une soirée bien arrosée. - Chantal Guy

La coupe Stanley à Montréal

Personne ne se doutait en 1993 - même ceux qui ont fait l'émeute au centre-ville après la victoire du Canadien contre les Kings de Los Angeles - que c'était la dernière fois qu'on voyait la coupe Stanley à Montréal pour un looooong bout de temps. Les jeunes fans qui ont fêté dans les rues en 1993 ont aujourd'hui des enfants majeurs et prient pour ne pas être grands-parents avant de voir le retour de la mythique coupe. Probablement le comeback le plus désiré du monde sportif à l'heure actuelle (sans les émeutes, idéalement). Faites-vous du mal en revoyant les dernières secondes du dernier match. - Chantal Guy