Syndicats et diffuseurs se sont exprimés dans la foulée de la publication des allégations d'inconduite de la part de Sylvain Archambault sur ses plateaux de tournage. Seule Sophie Deschênes, productrice des séries Les pays d'en haut et Mensonges, n'a pas trouvé le temps de faire le point sur la situation avec La Presse.

Il faudra attendre encore un peu avant de savoir ce qu'il adviendra de Mensonges 4, en tournage jusqu'au 22 décembre. La productrice Sophie Deschênes n'a en effet toujours pas répondu aux questions de La Presse concernant l'avenir de la série diffusée sur illico.

Pourtant, c'est bien à elle que nous a renvoyée le Groupe TVA hier afin de savoir si Sylvain Archambault continuerait de piloter la série.

«Nous avons communiqué avec la responsable de la production très tôt ce matin pour lui demander de nous informer des actions qu'elle comptait prendre après le dévoilement de ces témoignages», a précisé Véronique Mercier, vice-présidente des communications du Groupe TVA, qui affirme ne jamais avoir eu vent des allégations concernant M. Archambault.

L'Alliance québécoise des techniciens de l'image et du son (AQTIS) s'est rendue sur le plateau de Mensonges 4 hier afin de soutenir ses membres présents sur le tournage, qui n'a pas été suspendu. Le directeur général de l'institution, Gilles Charland, et son président Alexandre Curzi ont précisé que les techniciens avaient été rencontrés la veille de la publication de l'article de La Presse, puis le matin même par la productrice Sophie Deschênes. Mais on ignore la teneur exacte des propos de la productrice.

«Ça a été un choc pour bon nombre des gens qui travaillent sur ce plateau depuis plusieurs années», a dit Gilles Charland, de l'AQTIS.

«On a eu l'occasion de discuter avec la productrice et nous avons conclu que s'il y avait des gestes qui étaient posés, de quelque forme que ce soit, la production interviendrait pour que ça cesse», a précisé M. Charland.

«Nous avons réitéré la position de l'AQTIS, qui est : tolérance zéro. Ça a fait l'unanimité des membres présents. En 2017 et à l'aube de 2018, tous ont été d'accord pour dire que ce genre d'attitude qui aurait pu avoir lieu dans le passé est complètement inacceptable. S'ils avaient été témoins, ils n'auraient pas accepté. Ils ne veulent pas être pris pour des personnes qui cautionnent [de tels gestes]. Pour le moment, l'équipe continue de tourner, mais on verra où ils s'en vont avec ça», a pour sa part expliqué Alexandre Curzi.

Du côté de Radio-Canada, diffuseur des séries Les pays d'en haut et Cheval-Serpent, le premier directeur aux relations publiques et promotion Marc Pichet a fait savoir que les deux productions seraient bel et bien diffusées à l'hiver 2018 afin de ne pas pénaliser l'auditoire et les dizaines d'artistes et artisans qui y ont contribué.

«Radio-Canada suit donc l'évolution du dossier et travaille de près avec les maisons de production concernées pour que soient apportés les correctifs qui s'imposent dans le respect des droits de tous.»

La présidente de l'Union des artistes Sophie Prégent a pour sa part tenu à rappeler que «l'UDA ne tol[érait] aucune forme de harcèlement et travaill[ait] en amont pour prévenir tout comportement inacceptable».

Sylvain Archambault a réagi en matinée dans un communiqué aux allégations d'inconduite sur ses plateaux de tournage. Le réalisateur exige que les personnes ayant témoigné sous le couvert de l'anonymat le fassent à visage découvert pour prouver leurs dires. «L'anonymat permet de dire n'importe quoi, même des faussetés», a-t-il déclaré avant d'ajouter: «On assiste depuis quelque temps à non seulement des mises en accusation gratuites non challengées, mais à des condamnations en règle sans droit de défense. J'espère que les gens feront la distinction.» Le réalisateur indique également que toute personne ayant formulé des propos mensongers fera l'objet d'une action judiciaire.

Des comédiens accusent Sophie Prégent de conflit d'intérêts

La comédienne et présidente de l'Union des artistes Sophie Prégent a accordé hier matin une entrevue à Paul Arcand au micro du 98,5 FM afin de commenter les allégations d'inconduite concernant Sylvain Archambault. Une intervention qui n'a pas fait l'unanimité auprès de certains membres du syndicat, comme Marc-André Grondin, qui a publié sur les réseaux sociaux une lettre accusant Mme Prégent d'être en conflit d'intérêts. «Votre rôle en tant que présidente de l'UDA est de défendre vos membres. En acceptant de relater vos expériences personnelles avec Monsieur Archambault, vous vous êtes placée en grave situation de conflit d'intérêts et avez failli à votre rôle», a indiqué Marc-André Grondin.

Une question également soulevée par la comédienne Karine Vanasse sur Twitter: «Suite à la lecture de cet article, je me demande ceci: est-ce qu'un acteur/actrice encore actif peut, de façon impartiale, représenter les autres membres UDA à titre de Président, et ce, en toutes circonstances?», s'est interrogée l'actrice sur le réseau social.

La comédienne Magalie Lépine-Blondeau s'est elle aussi prononcée sur Facebook pour dénoncer la prise de position de Mme Prégent, qui a, selon elle, «failli gravement à son rôle en ne condamnant pas avec véhémence que de tels comportements soient ainsi tolérés».

Le membre de l'UDA et réalisateur Christian Laurence a quant à lui demandé la démission de Sophie Prégent en envoyant lui aussi un courrier à son syndicat.

«À la complaisance dont elle fait preuve envers son "ami" Sylvain Archambault, son absence de détachement ainsi que son manque de compassion envers les victimes prouvent qu'elle est incapable d'assurer de façon adéquate la fonction de présidente de l'association », a écrit le comédien, tout en invitant d'« autres membres du syndicat à se prononcer à ce sujet», a-t-il écrit.

En fin de journée, Sophie Prégent a tenu à s'excuser par écrit en s'adressant au comédien Marc-André Grondin. «D'un côté, si j'ai dit quelque chose ce matin qui a pu être interprété par vous ou d'autres comme un manque de compassion à l'égard de personnes affectées par le comportement de M. Archambault, je m'en excuse sincèrement», a précisé la présidente de l'UDA.

«Chaque révélation est bouleversante. Chaque dénonciation mérite qu'on s'y attarde. Chaque fois, cela nous confirme que nous devons faire tout ce qui est possible pour défendre le droit des artistes et des artisans du milieu culturel de travailler dans un environnement respectueux et exempt de situations d'abus ou de harcèlement. Il n'y a plus de place pour ce genre de comportement», a-t-elle ajouté.