L'aveu par Bill Cosby qu'il a utilisé un puissant sédatif avec au moins une femme pour avoir des relations sexuelles a relancé le scandale de viols présumés par le célèbre acteur américain, mais ne devrait pas lui valoir de nouvelles poursuites judiciaires.

Depuis novembre 2014, plusieurs dizaines de femmes sont sorties de l'ombre aux États-Unis, accusant M. Cosby d'attouchements ou de viol, la plupart du temps en les droguant à leur insu. Plusieurs d'entre elles étaient mineures au moment des faits présumés, qui remontent dans certains cas aux années 1960.

La parution lundi d'un document dans lequel il passe aux aveux pour au moins une femme est le dernier épisode de l'affaire à rebondissements qui a miné ces derniers mois la carrière de Bill Cosby, qui aura 78 ans en fin de semaine.

Dans cette déposition datant de 2005, il admet avoir donné du Quaalude, un sédatif et hypnotique, à au moins une jeune femme en 1976.

Il s'agit d'Andrea Constand, ex-directrice du club de basket de Temple University où M. Cosby a étudié et où il était membre du conseil d'administration, qu'il a quitté en décembre dernier.

La plainte de Mme Constand pour viol s'était soldée par un non-lieu.

Dans le document, l'avocate de Mme Constand demande à Bill Cosby si, quand il a «obtenu les Quaaludes, (il) avait en tête de les utiliser avec des jeunes femmes avec lesquelles il voulait avoir des relations sexuelles?». Il répond «oui».

Il a ensuite rétro-pédalé, expliquant avoir mal entendu «women» (femmes) et cru entendre «woman» (femme): «je parlais uniquement de T...», une femme en particulier.

Plus loin, M. Cosby déclare: «j'ai rencontré Mlle T. (dont l'anonymat a été préservé) à Las Vegas (en 1976). Elle est venue me voir en coulisses. Je lui ai donné du Quaalude. Nous avons eu un rapport sexuel».

«Aucun préjudice en justice»

Le scénario décrit par les victimes présumées, qui font surface à intervalles réguliers, est souvent le même : elles se voient proposer un verre, ne se souviennent plus de rien, et se réveillent nues dans un lit en sa compagnie.

Ces soupçons ont lourdement terni l'image de Bill Cosby, longtemps considéré comme le père idéal de l'Amérique grâce à son personnage affectueux et débonnaire dans «The Cosby show».

Au point que le juge Eduardo Robreno a ainsi justifié sa décision : «le contraste saisissant entre Bill Cosby, le moraliste public, et Bill Cosby, la cible de graves allégations concernant une conduite indécente (et peut-être criminelle), est un sujet qui a un intérêt particulier pour (...) le public».

L'avocate Gloria Allred, qui représente plusieurs femmes accusant M. Cosby, a indiqué être «très optimiste» sur le fait que l'aveu aidera dans d'autres cas, comme celui de sa cliente Judy Huth, qui dit avoir été agressée sexuellement lorsqu'elle n'avait que 15 ans. Elle a récemment été déboutée en justice en raison de la prescription des faits.

«Cela confirme les allégations de plusieurs victimes qui ont dit qu'il a utilisé de la drogue pour les agresser sexuellement», a-t-elle ajouté.

Pour Lisa Bloom, avocate d'une autre victime présumée, Janice Dickinson, «il est temps que M. Cosby cesse de se cacher (...) et qu'il s'excuse publiquement auprès (d'elle) et des 46 autres femmes qui l'accusent».

Jill Scott, chanteuse soul américaine et l'un des rares soutiens de l'acteur, s'est dite mardi «écoeurée» par la révélation de son aveu.

Depuis le début du scandale, les annulations de spectacles s'enchaînent et la chaîne NBC, qui diffusait le célèbre sitcom, a mis fin à un programme en développement qui devait relancer sa carrière.

Pourtant, il semble peu probable qu'il soit réellement inquiété en justice à cause du délai de prescription.

En décembre, des procureurs de Los Angeles avaient refusé d'engager des poursuites après une plainte déposée pour agression sexuelle en 1974 encore en raison de la prescription des faits, et même si la plaignante était mineure à l'époque.

«Mon avis est qu'à part de la mauvaise publicité et un effet néfaste sur son héritage, je pense qu'il ne va subir aucun préjudice en justice», a confié à l'AFP Franck Bress, professeur à la faculté de droit de New York.

Plusieurs plaintes croisées pour diffamation ou tentative d'extorsion sont par ailleurs en cours entre M. Cosby et certaines de ses accusatrices.