«Dans notre situation politique et économique, ministre de la Culture ou pas, tout le monde s'en fout de la culture!»

Si certains directeurs de festival français voient plutôt d'un bon oeil l'arrivée à la Culture de Fleur Pellerin - «Elle vient à notre festival à titre personnel», nous a dit en souriant Jean-Paul Roland, des Eurockéennes de Belfort - , la plupart des «opérateurs» rencontrés le week-end dernier au Festival de musique émergente de Rouyn-Noranda ne voient pas comment, dans le contexte d'austérité actuel, l'ancienne secrétaire d'État chargée du commerce extérieur pourrait faire sa marque dans le deuxième cabinet du premier ministre Manuel Valls.

«Elle vient du numérique», soulignera pour sa part Patrice Papelard, directeur artistique des Invites de Villeurbanne, ville de 15 000 habitants limitrophe de Lyon qui a toujours élu un maire socialiste. M. Papelard est aussi directeur du Centre national des arts de la rue et il se prépare à composer avec des budgets à la baisse.

La Culture est «un ministère en ruine», lisait-on dans Libération, au lendemain du dévoilement de ce nouveau cabinet qui, pour sauver le «compromis social-démocrate» du président François Hollande, dont la cote est «dans les abysses», doit remettre la France sur le chemin de la croissance en jugulant le chômage et la croissance de la dette (1717 milliards d'euros en 2012 selon L'Express).

À la Culture, les dossiers qui attendent Mme Pellerin vont de «chaud» à «brûlant» comme la question des intermittents du spectacle - sonorisateurs, éclairagistes, etc. - qui contestent bruyamment la réforme de leur régime d'assurance-emploi: «Une grenade dégoupillée» selon Libé, qui a déjà perturbé grandement la saison festivalière. Ajoutez le financement des musées, le partage des revenus dans la nouvelle économie de la musique en ligne, le financement de l'audiovisuel public. Des airs aussi connus de ce côté-ci du Grand Lac...

Pendant ce temps...

Ici, le regroupement Sauvons les livres reprend le flambeau en réclamant une rencontre avec le premier ministre dans l'espoir de lui faire changer d'idée sur la question du prix réglementé du livre neuf, «qui faisait pourtant l'objet d'un consensus rare dans le milieu du livre».

Bon... Oui, M. Couillard a déclaré que la lecture était un «enjeu fondamental», mais c'était pour réparer la gaffe, historique, de son ministre de l'Éducation qui considérait qu'il y avait déjà assez de livres dans les bibliothèques scolaires...

Enjeu «fondamental» donc, pour le PM, mais dont la priorité, disons, reste à préciser... Sauvons les livres avait souhaité rencontrer la ministre de la Culture pour discuter des «solutions structurantes à long terme» mais Mme David a délégué le député de Sherbrooke, Luc Fortin, à la rencontre exploratoire de mardi matin. Ah...

D'aucuns pourront y voir un élément de réponse à la question parapluie de Sauvons les livres: «La culture est-elle une priorité pour le gouvernement Couillard?»

Territoires

Après Hélène David à la Culture, la plus importante nomination «culturelle» du gouvernement libéral a certes été celle, en juillet, de Christiane Barbe à la tête de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

L'ancienne sous-ministre de la Culture a présidé, hier à la Grande Bibliothèque, au lancement de sa première programmation, élaborée sur le thème des «territoires» avant qu'elle n'occupe son siège.

Ainsi, pour agrandir le territoire déjà consacré à Michel Tremblay - une grande exposition du Musée de la Civilisation de Québec -, BAnQ propose une exposition consacrée au travail du metteur en scène André Brassard et une série, Territoires de Tremblay, animée par Paul Lefebvre. René-Daniel Dubois y abordera la langue des Belles-Soeurs (14 octobre) et Michel Dorais, de «La traversée des travestis», de la Duchesse à Sandra (9 décembre).

Marie-France Bazzo et Vincent Vallières, quant à eux, iront parler de leurs lectures dans la série La bibliothèque de..., qu'animait Guy Berthiaume, l'ancien patron de BAnQ. Désormais, la série littéraire sera animée par Matthieu Dugal, un espoir radio-canadien. Choix discutable... Avec son prestige et ses moyens, BAnQ aurait facilement pu trouver une personnalité du monde du livre capable de lire un rapport de recherche et de mener une entrevue sur scène. Comme du monde.

À l'agenda

OUMF - Le festival de la rentrée, eh oui! se poursuit dans le Quartier latin où, sur deux scènes de la rue Saint-Denis, les concerts se succèdent en rafale. Ce soir à partir de 18h: Ryan Playground, The Posterz, Heart Street, Les Anticipateurs, Alaclair Ensemble, Donzelle et Misteur Valaire. Le programme (voir oumf.ca) est tout aussi étoffé dans la rue avec, entre autres, le concours Danse ton âge et la troupe Golden Gala qui célèbre «la domination totale de l'objet».

Foule bleue - Pour la rentrée, La Ligne bleue - Réseaux et quartiers culturels (LaLigneBleue.ca) propose une «aventure urbaine inédite», demain à 15h15 à la gare Jean-Talon, station du Parc de la ligne bleue du métro. Audioguide (bilingue) conçu par le Théâtre du futur - et déjà disponible sur EventBrite.ca - , avec trame musicale de Navet confit. Et des surprises pour les «avant-gardistes» présents...

Campus SAT - La Société des arts technologiques lance sa saison de formation (125 heures d'atelier) lundi, au cours d'un 5 à 7 où l'on pourra rencontrer les formateurs, voir des démos, le tout dans une ambiance très «SAT», avec DJ, VJ, coquetels, etc. Il faut réserver: sat.qc.ca.