Nos journalistes ont pris des nouvelles des sept artistes de la relève qu'ils suivent pendant un an. Ils nous racontent leur mois de mars...

DANIEL CLARKE BOUCHARD : C'est reparti!

Daniel Clarke Bouchard a dû patienter deux ou trois semaines avant d'être complètement remis de la blessure au bras droit qu'il avait subie en février. «Ce fut quand même plus long que je le pensais, mais je suis heureux d'être complètement guéri», dit le pianiste de 14 ans.

Il a non seulement pu reprendre ses leçons de piano, mais il a aussi participé le 18 mars au Show qu'il faut voir, un concert-bénéfice au profit de la Fondation de l'Institut Nazareth et Louis-Braille à l'Étoile Dix30. «Il y avait là des artistes très connus, dont Valérie Carpentier et les soeurs Boulay. C'était pour une bonne cause et j'ai pu faire partager au public ma passion de la musique.»

Cette courte pause bien involontaire lui aura permis de se reposer un peu, lui qui sera beaucoup sollicité au cours des prochains mois. En mai, il se produira à Rimouski, au Grand Théâtre de Québec et au Festival Classica de Saint-Lambert, «sa» ville.

Le 2 juin, direction Maison symphonique où il partagera l'affiche avec son mentor Oliver Jones. Les deux pianistes joueront séparément, puis ils feront équipe vers la fin du programme. En juillet, Daniel participera à divers festivals musicaux.

À l'automne, on l'attend notamment à Sherbrooke et à Alma. En novembre, Daniel donne deux concerts avec l'ensemble I Musici, à Montréal et à Saint-Jean-sur-Richelieu. Et le jeune pianiste entend bien lancer son album de Noël qui serait suivi d'un concert des Fêtes.

Ce n'est pas tout. Daniel a assisté récemment au lancement de la saison 2014-2015 de l'Orchestre symphonique de Montréal, où on a annoncé qu'il jouerait Mozart et André Mathieu avec l'OSM le 22 février 2015, à la Maison symphonique. La même Maison symphonique où, à 12 ans, il a joué pour la première fois avec l'Orchestre Métropolitain.

Entre-temps, la télé américaine s'intéresse vivement à Daniel qui n'attend qu'une confirmation pour sauter dans le premier avion en partance de Montréal. - Alain de Repentigny

XAVIER HUARD : Les vers sont à l'honneur

Xavier Huard vient à peine de terminer la tournée pour la pièce jeunesse Gros Paul qu'il entame déjà ses nouveaux projets. Au programme: la création d'une compagnie théâtrale, les répétitions de Cyrano de Bergerac et ses premiers tournages dans L'auberge du chien noir.

Dès la deuxième semaine d'avril, le diplômé de l'École nationale de théâtre tournera dans L'auberge du chien noir. «En ce moment, j'apprends toutes mes scènes. Parce que la télévision, ce n'est pas un terrain connu pour moi. Sur le plateau, je ne veux pas me poser des questions sur mon texte.»

Dans un premier temps, il tournera dans deux épisodes. Mais comme il joue un premier rôle, il a de grandes chances de se retrouver dans d'autres épisodes du téléroman de Radio-Canada.

Il y a quelques mois, Xavier Huard a reçu le texte de Cyrano de Bergerac, qui sera sur la scène du Théâtre du Nouveau Monde cet été. Il jouera un des cadets de Gascogne aux côtés de Patrice Robitaille.

«Quotidiennement, je fais des exercices pour me préparer à la pièce. C'est un texte en alexandrins, donc assez difficile.»

Ce ne sont pas les seuls vers qui l'occupent, puisqu'il monte en ce moment un spectacle de poésie avec sa nouvelle compagnie théâtrale, qu'il a créée avec ses amis et colocataires Jérémie Francoeur-Chalifour et Christophe Payeur.

«Le nom de notre compagnie est, tiens-toi bien, La faillite. Lorsque nous sommes allés ouvrir la compagnie à la Caisse de la culture, la dame qui nous a reçus nous a dit que notre choix de nom a fait jaser à la Caisse Desjardins», rigole Xavier.

La faillite produira des créations expérimentales: «Le but est de s'éclater. Pas de mandat hyper sérieux.»

Leur premier spectacle, Les nuits frauduleuses, sera présenté au Bain Mathieu les 9, 10 et 11 avril. Sous forme de cabaret, une quinzaine de comédiens déclameront des poèmes québécois.

«Ce sera très ludique, explosif. Le but est de démontrer que la poésie peut être drôle et l'fun

Un projet avec le comédien Marc Béland est aussi au programme.

La poésie est une des passions de Xavier Huard. Il en lit, en récite et en écrit. «On croit que c'est un objet inatteignable, mais c'est beaucoup plus simple qu'on pense.» - Véronique Lauzon

Photo: Ulysse Lemerise, collaboration spéciale La Presse

Xavier Huard

SARAH BOURDON : Partout et nulle part

Mardi dernier, dans la loge du Club Soda. «J'espère que c'est la seule fois qu'on va la chanter», lui lance Yann Perreau.

Sarah Bourdon et Yann ont enregistré une chanson pour la compilation Dark Side of The Noune, qui vise à amasser des fonds et à sensibiliser les jeunes hommes à la lutte contre le cancer testiculaire.

L'album-bénéfice prend la forme d'une émission de radio animée par Antoine Bertrand et Richard Z. Sirois, et est ponctuée de chansons polissonnes. Sarah accompagne Yann sur C'est pas toute, pièce qui rappelle que «c'est pas toute d'avoir une grosse graine».

«Les gens qui ne me connaissent pas vont se faire une belle idée de moi», lance Sarah en riant.

La chanteuse regrette de voir se terminer la longue tournée provinciale de Yann Perreau, qu'elle accompagne sur scène et dont elle assure la première partie. «Il ne nous reste que deux shows et ça me rend nostalgique. On a passé l'année ensemble et c'est la fin de quelque chose. Là, j'ai beau lancer mon album à l'automne, je ne sais pas ce qui va se passer après.»

Sarah commence à s'impatienter pour son album, dont la sortie est prévue à l'automne avec l'étiquette Audiogram. Son réalisateur Guillaume Chartrain et elle font du surplace à l'étape du mixage. «C'est rare, une voix soul en français et nous cherchons comment bien mixer la voix avec la musique, explique-t-elle. Comme nous nous posons beaucoup de questions, le processus est moins créatif. Mais j'ai espoir que ce soit terminé fin avril.»

En ce moment, Sarah élabore également le concept de la pochette et du livret, dont elle a confié la direction artistique à son frère photographe. «Je veux un album de photos qui se rapportent à chacune des chansons», explique-t-elle.

Entre-temps, Sarah Bourdon continue de répéter pour son rôle dans la pièce Les Troyennes, qui sera présentée au festival Fringe du 10 au 20 juin sous la direction de Jacinthe Gilbert.

Prochaine étape: bâtir son spectacle et voir quels musiciens sont disponibles au cours des prochains mois. «C'est important pour moi de réfléchir à ce que je veux de A à Z pour mon album.» - Émilie Côté

Photo: Ulysse Lemerise, collaboration spéciale La Presse

Sarah Bourdon

KIM DESPATIS : Théâtre à lire

Au milieu des répétitions survoltées des Liaisons dangereuses chez Duceppe, sous la direction inspirée de Serge Denoncourt, la comédienne Kim Despatis n'a pas chômé ce mois-ci. Avec l'acteur Olivier Rousseau, Kim a organisé une lecture de leurs (premières) pièces: Trois fois passera... de Kim et Serre-moi de Rousseau.

Présenté dimanche dernier, devant une centaine de comédiens et amis à l'École nationale de théâtre, ce programme double proposait deux pièces fort différentes dans le ton, mais avec un thème commun: la quête de l'amour dans un monde où tout est éphémère. Deux textes qui nous prouvaient, entre autres, le talent et la polyvalence de ces deux jeunes interprètes.

«C'est un texte que j'ai commencé à écrire au cégep et poursuivi après ma formation à l'École, raconte Kim. Il est tout le temps en changement. Et pour m'aider dans mon processus de création, j'ai fait appel à la comédienne Sylvie Léonard comme coach.

«J'avais beaucoup de facilité à écrire les dialogues avec les deux personnages enfants, mais j'avais plus de difficulté avec ceux des parents. Sylvie a été d'une grande générosité. Et j'ai pu profiter au maximum de son expérience.»

L'événement était produit par L'Ingénu, la toute nouvelle compagnie d'Olivier Rousseau. «Olivier m'a approchée pour qu'on fasse un programme double. J'ai tout de suite dit oui, parce que je souhaitais trouver quelqu'un qui accepterait de monter mon texte. Je tiens énormément à ce projet et j'ai le goût de le pousser jusqu'au bout.

«Mais ça demande beaucoup de travail et de contacts pour organiser un événement comme celui-là, poursuit-elle. Nous nous sommes dit qu'à deux, ça allait être doublement plus efficace!»

Le mois prochain, on retrouvera Kim alors qu'elle vivra, avec entre autres Éric Bruneau et Julie LeBreton, la belle aventure des Liaisons dangereuses, à l'affiche du 9 avril au 17 mai, au Théâtre Jean-Duceppe. - Luc Boulanger

Photo: Ulysse Lemerise, collaboration spéciale La Presse

Kim Despatis

JULIE TRUDEL : Le retour de la couleur

C'est peut-être l'effet de l'éloignement, de la quiétude de la forêt albertaine ou des sommets enneigés des Rocheuses. C'est peut-être rien de tout cela. Chose certaine, la couleur est revenue dans le travail de la peintre Julie Trudel, qui vient de passer les derniers mois plongée dans le noir et blanc.

Déjà, en préparant sa palette de matériaux à expédier au Centre Banff, Julie avait prévu le coup et les couleurs cyan, jaune, noir et magenta avaient fait leur chemin dans ses boîtes. Elle est finalement arrivée au Centre Banff il y a une semaine. Elle a aussitôt pris possession de l'atelier calme et lumineux mis à sa disposition par le Leighton Artists' Colony.

Depuis, elle a fait un peu de repérage, croisé le poète et le clown de l'horreur qui ont des cabanes près de la sienne. Elle prend ses repas dans une résidence commune qui lui sert aussi d'hôtel le soir venu. Elle ne connaît pas encore grand monde sauf Luce Meunier, une artiste visuelle comme elle, qui a obtenu la même bourse de résidence qu'elle.

Pour l'instant - et même si cela fait peu de temps qu'elle est arrivée - , Julie est ravie de son séjour dans les Rocheuses. D'abord, bien que l'hiver s'éternise et qu'il fasse plus froid que chez nous, il fait clair jusqu'à 20 h, ce qui l'aide à travailler avec la lumière du jour plus longtemps. Elle aime beaucoup son atelier et les grands murs blancs qui lui permettent d'accrocher ses premiers essais. Elle a aussi accès à un important atelier de sérigraphie qu'elle entend bien exploiter. «À Montréal, pour avoir accès à un équipement de pointe comme celui-là, ça coûte trop cher, alors j'en profite», dit-elle.

Julie quittera Banff le 2 mai. En attendant, elle explore le monde de la couleur en toute liberté et sans obligation de résultat. Le bonheur. - Nathalie Petrowski

Photo: Ulysse Lemerise, collaboration spéciale La Presse

Julie Trudel

ÉRIC MORIN : Après les Jutra

Dimanche soir, Éric Morin était chez lui, en Abitibi. Il regardait la soirée des Jutra. Son premier long métrage, Chasse au Godard d'Abbittibbi, y était en lice dans cinq catégories.

«J'étais un peu déçu de ne pas être sur place, dit-il. Mais vivre en région éloignée est un choix de vie qui n'a pas que des avantages. Cela dit, j'ai vraiment aimé le timing du gala. Pour moi, c'est comme une fin de cycle, avec le DVD qui sort. Surtout, j'ai terminé vendredi la première version du scénario de mon nouveau film. Je ne me sens pas dans un creux de vague!»

Éric Morin n'a pas chômé depuis que son film a pris l'affiche en novembre. Il s'est mis sérieusement à l'écriture d'un scénario qu'il a en tête depuis longtemps. Gold, son deuxième long métrage, explorera les mêmes thématiques que son oeuvre précédente (l'exil, l'enracinement, notamment), autour d'Abitibiens qui se retrouvent dans leur ville natale.

Pour ce projet plus ambitieux que Chasse au Godard d'Abittibbi, Morin espère obtenir du financement des principaux organismes subventionnaires, Téléfilm Canada et la SODEC, auxquels il vient de soumettre son scénario. «Ce sera moins cowboy comme production que Chasse au Godard», qui n'avait pas reçu d'aide de Téléfilm.

Dans un monde idéal, le cinéaste aimerait tourner son film dès l'automne. Il saura en juin s'il a le feu vert des institutions et demeure conscient que ce pourrait être plus tard, à l'occasion d'autres dépôts, après les ajustements requis par les divers conseillers en scénarisation.

«J'ai hâte de profiter de leurs conseils, dit-il. En écrivant, je me suis rendu compte que certains personnages avaient pris plus d'importance qu'au départ. Il y a dans l'histoire un traumatisé crânien, Steve, victime d'un accident dans une mine, qui me permet de dire bien des choses.»

La livraison de cette première version de son scénario permet à Morin de se concentrer plus librement sur les menus détails de la réalisation. Le cinéaste dit avoir hâte de «trouver des corps» à ces personnages. Il a des comédiens en tête et souhaite tenir des auditions aussitôt que Gold sera en voie de production. - Marc Cassivi

Photo: Ulysse Lemerise, collaboration spéciale La Presse

Éric Morin

JIMMY GONZALEZ : Vie de cabaret

La nouvelle recrue des 7 doigts de la main, Jimmy Gonzalez, que l'on peut voir dans le cabaret Queen of the Night - présenté au Diamond Horseshoe de New York depuis le 31 décembre dernier - a trouvé le moyen d'enrichir sa vie nocturne.

Le jongleur de 22 ans a préparé un petit numéro de jonglerie qu'il présentera du 1er au 5 avril au cabaret The Box. Le petit théâtre du Lower East Side ouvre ses portes à 23h. Le spectacle est coproduit par Randy Weiner (Queen of The Night, Sleep No More).

«C'est un cabaret assez trash, nous dit Jimmy Gonzalez, qui est à New York jusqu'au mois de mai. Il y a une ambiance très «club», les gens dansent beaucoup.»

Les performances de cirque et de danse commencent vers 1h du matin et prennent fin au lever du soleil... À mesure qu'on s'enfonce dans la nuit, les numéros sont de plus en plus osés. Lorsque Jimmy Gonzalez y est allé (en tant que spectateur), une artiste de cirque faisait un numéro de trapèze complètement nue.

Jimmy Gonzalez leur a proposé de faire un numéro de jonglerie avec des balles d'argile sur la musique du groupe Eels (non, il ne sera pas nu). Sa copine Érika Nguyen fera un numéro de cerceau.

«C'est un projet qui nous permet de briser la routine, résume Jimmy Gonzalez. Ça nous permet d'apprécier la vie nocturne new-yorkaise.»

Pendant ses temps libres, Jimmy Gonzalez se consacre à la tournée du spectacle Croisé qu'a mis en scène Johanne Madore. Le spectacle s'arrêtera à Toulouse du 27 mai au 6 juin. D'autres dates s'ajouteront.

L'été prochain, à Montréal complètement cirque, sa compagnie Et des hommes et des femmes participera à un showcase le 9 juillet. L'événement, qui réunira une centaine de diffuseurs et de directeurs de festivals, a lancé plusieurs spectacles de troupes québécoises.

«On veut présenter Croisé dans des festivals comme Circa [en France] et participer à CINARS [Conférence internationale des arts de la scène] en novembre. On veut vendre notre spectacle pour le faire tourner en 2015. Dès que nous aurons terminé notre contrat à New York, nous allons nous y consacrer.» - Jean Siag

Photo: Ulysse Lemerise, collaboration spéciale La Presse

Jimmy Gonzalez