Comment Montréal peut-il se positionner parmi les grandes villes créatives du monde et de quels leviers la métropole dispose-t-elle pour y arriver ?

À l'invitation de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), quelque 400 acteurs de divers champs de la création se sont réunis vendredi au Palais des congrès pour amorcer un tour de cette vaste et vitale question, au cours du premier Forum stratégique des industries créatives.

Cette rencontre, la première du genre sauf erreur, s'inscrivait dans la foulée de la publication, quatre jours avant, d'une étude de la CCMM intitulée Les industries créatives: catalyseurs de richesse et de rayonnement pour la métropole. Outre les arts, l'appellation «industries créatives» comprend, aux fins de cette étude à tout le moins, l'architecture et le design, les médias et le multimédia, la mode et la publicité.

Vers le top 5

On y apprend notamment que les 92 000 emplois du regroupement représentent 4,6 % de l'emploi total de la métropole et que ce nombre croît deux fois plus vite que l'ensemble des activités économiques. Avec des retombées directes de 5,8 milliards de dollars dans son économie (4,9 % du PIB), Montréal se tient dans le premier tiers (7e rang) des 21 régions métropolitaines de l'Amérique du Nord. Objectif: accéder au top 5 d'ici cinq ans.

Pour Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM, «nous sommes arrivés à la phase de valorisation à l'échelle internationale», phase au cours de laquelle un grand nombre de petites et microentreprises devront arriver à la taille moyenne pour créer cette lancée qui permet de franchir les frontières. Et les noms exemplaires clignotent: le cirque Éloize qui semble dépasser le Cirque du Soleil en capital de sympathie: 450 villes conquises dans 45 pays en 20 ans; gsmproject°, concepteur d'expositions de calibre mondial; Moment Factory à qui le Cirque du Soleil a fait appel pour le contenu vidéo du spectacle de Madonna, à la mi-temps du SuperBowl de 2012; Sid Lee, demandé dans toutes les métropoles pour sa capacité d'intégrer image de marque, publicité et marketing.

Comment créer ce que le ministre de la Métropole Jean-François Lisée appelle cette «alchimie créative» qui, seule, permettra des retombées positives de la logique de marché extérieur à laquelle les industries créatives québécoises sont forcément condamnées?

Réponses en vrac lancées par les 20 intervenants du forum de vendredi. Cultiver et conserver le talent qui, chaque année, sort à pleines portes des universités québécoises. Attirer les compétences étrangères, par des mesures incitatives fiscales, notamment; les candidats sont nombreux: au cours d'une récente journée «Montréal à Paris», plus de 13 000 candidats ont postulé aux 623 postes ouverts par 43 employeurs montréalais.

Initiatives

Parmi les récentes initiatives évoquées au Forum, notons le Cabinet éphémère, cette «boutique nomade» lancée en septembre par le Conseil de créateurs de mode du Québec, et l'International Start up Festival, «le plus grand événement entrepreneurial du Canada» - dans une ville qui ne l'est pas assez - qui a réuni 3500 personnes dans le Vieux-Port en juillet dernier.

La mondialisation, évidemment, implique souvent l'usage de l'anglais dans les échanges voire dans la création même. Prenant acte de cette réalité, le ministre Lisée a déclaré dans ses remarques finales - en 14 points! - qu'il était «de notre responsabilité d'assumer l'interface» linguistique mais que, parallèlement, les industriels de la création québécoise devaient appliquer le «principe du téléphone» selon lequel, dès qu'on raccroche, le français doit reprendre ses droits de langue de travail. Et de création.