Parlons d'une grosse semaine pour Montréal, le showbiz, le livre et le cinéma québécois. Et on n'inclut même pas la rencontre Coderre-Labeaume... Petite hebdo-revue de trois événements attendus et un qui n'était pas prévu, tous importants en termes culturels.

Lundi, La Presse annonce la conclusion de l'achat de L'Équipe Spectra par le Groupe CH, contrôlé par la famille Molson, propriétaire du Canadien et du Centre Bell. En après-midi, le ministre de la Culture Maka Kotto annonce l'intention de son gouvernement d'encadrer le prix du livre neuf.

Mercredi, le conseil des ministres entérine la nomination de Monique Simard à la direction de la Société de développement des entreprises culturelles et on apprend que Phyllis Lambert quitte la présidence du Centre canadien d'architecture qu'elle a fondé il y a 25 ans. Surprise, même si la fondatrice d'Héritage Montréal a 87 ans. Une Grande Montréalaise de bord en bord.

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Mardi, à la conférence de presse CH-Spectra, Geoff Molson a lancé à la blague qu'il venait de se rendre compte qu'Alain Simard, le PDG de sa nouvelle filiale, avait tendance à «quitter son texte»... Hilarité générale. Les habitués savent depuis longtemps que Simard, souvent seul à rire de ses blagues d'ouverture à l'américaine, n'est pas un grand orateur. Le gars a d'autres qualités. De promoteur culturel, d'homme d'affaires, de leader tenace. S'il était de la race du meilleur ami de l'homme, il serait plus un chien de berger qui n'abandonne jamais sa poursuite qu'un pitbull dangereux.

Quand Geoff Molson comprendra cet autre aspect de la personnalité de Simard, il voudra peut-être revendre Spectra. Mais pas à n'importe qui: Simard a un veto. Entre-temps, il doit défendre le fait que le modèle d'affaires unique qu'il a conçu avec le Festival de jazz il y a 35 ans est passé en d'autres mains. Ledit modèle: une entreprise privée produit des festivals sans but lucratif subventionnés et commandités, qui se distinguent par leur programmation extérieure gratuite dans laquelle tous les profits de l'événement sont réinvestis.

«Payés avec notre argent», ces festivals? En courte partie dans le cas du Jazz, où 16 % du budget vient des contributions publiques, à peu près 4,5 millions sur un budget de 30 millions. Avant de s'arracher la chemise à carreaux sur la place des Festivals, il faut savoir que c'est deux ou trois fois moins que pour un film. Par exemple, pour le premier trimestre de 2014, Téléfilm Canada a annoncé en septembre une aide totale de 12 millions pour neuf projets de films, dont cinq québécois. Aide moyenne par film: 1,33 million sur un budget moyen de 3,8 millions. Le résultat d'une petite règle de trois nous montre que, avec la seule subvention de Téléfilm, un producteur de cinéma a déjà financé 35 % de son film. Et il attend l'aide de la SODEC... Entendez-vous quelqu'un crier?

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Interpellé personnellement pendant le Salon du livre, Maka Kotto a tenu la promesse faite aux militants de Sauvons les livres: le gouvernement péquiste présentera à l'Assemblée nationale, à la rentrée de février, un projet de loi instituant une remise maximale de 10 % sur les nouveautés. L'impact des mesures sera évalué après 36 mois, preuve que tout le monde ne croit pas que le prix réglementé représente le remède universel aux maux actuels de l'édition et de la librairie québécoises.

Sauvons les livres a salué l'initiative de Maka Kotto et réclame d'emblée un OUI unanime de l'Assemblée nationale. Le message dit à peu près ceci: si vous n'êtes pas pour le prix réglementé, vous êtes contre l'épanouissement de la culture québécoise... Mettons l'approche dans la colonne «Bonnes intentions démagogiques».

L'ONF, où Monique Simard dirigeait le Programme français depuis 2008, a salué la nomination de l'ancienne syndicaliste et productrice de cinéma à la tête de la SODEC, soulignant entre autres son apport au «leadership créatif» de l'ONF et son «énergie légendaire». Tous reconnaissent le talent de Mme Simard - «Ça passe par là» ! - mais certains acteurs de la chaîne du livre avaient espéré la promotion de Gilles Corbeil, DG de «l'autre» partie - livre, métiers d'art, musique et variétés - de la SODEC que l'éditeur Pascal Assathiany du Boréal appelle méchamment la «Société de développement des entreprises de cinéma»...

À porter à l'agenda

CINÉ-CONCERT

Comme au dernier Festival de jazz, Ben Charest et le Terrible Orchestre de Belleville livrent, live, la musique des Triplettes de Belleville pendant la projection du film sur grand écran. Belle soirée samedi au Théâtre de la Ville de Longueuil.

RADIO-STAR

La Première Chaîne de Radio-Canada entame samedi à 11 h la série Gros plan sur la célébrité qu'anime Catherine Pogonat, accompagnée de nos éminents collègues journalistes Nicolas Tittley et Marc Cassivi. Devinez qui est le gros nom de l'épisode «Enfant vedette»?