Aperçu de la Place des Arts en cinq dates, de sa construction à l'inauguration de la Maison symphonique.

1956

Le premier ministre de la province de Québec, Maurice Duplessis, fait adopter la «Loi pour faciliter l'établissement et l'administration d'une salle de concert à Montréal». Bien que le «Cheuf» n'ait jamais été proche des «pianoteux», son gouvernement cède le terrain et accorde les fonds de démarrage au Centre Sir-George-Étienne-Cartier, «PPP» avant la lettre mis sur pied deux ans plus tôt par le nouveau maire de Montréal, Jean Drapeau, avec l'appui de mécènes tels Samuel Bronfman qui partagent l'objectif de «doter Montréal d'une salle de concert à la mesure de ses besoins et de ses aspirations». Depuis sa fondation en 1934, l'Orchestre symphonique de Montréal se produit à l'Auditorium Le Plateau, une salle de 1300 places attenante à l'école du même nom, dans le parc La Fontaine.

1963

Sur fond d'effervescence nationaliste, le projet de la Place des Arts se heurte à des opposants dénonçant la démolition de logements dans le quadrilatère choisi et la nomination à la direction de la PdA d'un Américain qui ne parle pas français. S'ajoute la bataille de juridiction entre le syndicat américain Actor's Equity et l'Union des artistes qui mènera à l'annulation du festival d'ouverture. Le soir du samedi 21 septembre 1963, la Grande Salle de 3000 places n'en ouvre pas moins ses portes, en présence du premier ministre Jean Lesage. Dirigé par le maestro Wilfrid Pelletier - qui donnera son nom à la Grande Salle en 1966 - puis par son chef Zubin Mehta, l'OSM joue entre autres la Symphonie no 1 de Mahler. Dehors, des militants séparatistes du RIN scandent «Non à la Place des Autres!» et la police charge... Six mois plus tard, Claude Léveillée devient le premier Québécois à se produire en solo dans la nouvelle salle «nationalisée».

1976

Le soir de la fête des Rois (6 janvier), Yvon Deschamps termine une série de 100 représentations de suite au Théâtre Maisonneuve, record absolu de la scène québécoise (qui tient toujours, d'ailleurs). Avec le style du monologuiste et le vaste public qu'il attire - 145 000 spectateurs en trois mois -, on ne parle plus du tout de la «Place des Autres»... L'inauguration du Théâtre Maisonneuve - et du Port-Royal, renommé plus tard Théâtre Jean-Duceppe -, juste à temps pour l'ouverture d'Expo 67, avait complètement transformé l'offre de spectacles à Montréal; la salle de 1450 places permettait à des producteurs comme Guy Latraverse (Diane Dufresne, Michel Fugain) et Sam Gesser (Harry Belafonte, Nat King Cole) de présenter des artistes sur plusieurs soirs en profitant des retombées médiatiques de leur séjour à Montréal, ce qui était plus difficile à la salle Wilfrid-Pelletier, à cause de sa taille.

1989

Après trois années à «s'écartiller» entre la rue Saint-Denis et la Place des Arts, le Festival international de jazz de Montréal concentre ses activités à la PdA et autour, à l'occasion de son 10e anniversaire. Le grand spectacle extérieur de cette année-là est donné par Pat Metheny... dans la rue McGill College, mais à partir de 1990, tout se fait rue Sainte-Catherine et dans les autres rues attenantes à la Place des Arts qui, tant pour les Montréalais que pour les visiteurs, devient le foyer du plus grand festival de musique au monde. L'ouverture, en 1992, du Musée d'art contemporain et de la Cinquième Salle, vouée à l'avant-garde, contribue par ailleurs à faire de la PdA un des plus grands complexes culturels d'Amérique du Nord.

2011

Soixante-dix-huit ans après la fondation des Concerts symphoniques, Montréal voit s'ouvrir la Maison symphonique que l'OSM, principal occupant, partage avec l'Orchestre métropolitain et d'autres ensembles. Avec ses 2100 sièges, la Maison porte la capacité totale des six salles du complexe de la Place des Arts à 7635 sièges qui seront tous occupés ce soir pour la soirée commémorative du cinquantenaire (voir laplacedesarts.com pour le programme). La PdA a profité du chantier «symphonique» pour se refaire une beauté au cours des deux dernières années, question de se mettre à niveau avec la rue Sainte-Catherine rénovée et la magnifique place des Festivals... qui doit sa naissance à la Place des Arts où se côtoient jazz et musique classique, opéra et chanson, danse et théâtre, et les multiples publics de ces disciplines qui font de la Place des Arts le coeur du Quartier des spectacles et de la vie artistique métropolitaine.