À 88 ans, Janette Bertrand enchaîne les best-sellers et lance cette semaine Lit double 2, tout juste un an après le premier volet de cette trilogie consacrée au couple.

«Je ne suis peut-être pas une experte de l'amour, mais peut-être bien de la vie à deux: j'ai été 64 ans en couple, mais pas avec le même homme!», lance-t-elle dans un éclat de rire.

L'auteure a créé quatre couples, de quatre générations et de milieux différents, qui lui permettent d'aborder des problématiques propres au quotidien de nombreuses familles, comme la dépression de son conjoint, la ménopause, les problèmes d'érection, etc.

«J'ai toujours écrit les épisodes de L'amour avec un grand A à partir de choses qui me fatiguaient. On ne parle que des 50% de couples qui se séparent, mais l'autre moitié reste ensemble! Comment font-ils? Comment règlent-ils leurs petits problèmes de la vie?», interroge-t-elle.

Touchée par l'affection de ses lecteurs pour les personnages de Lit double, l'auteure a donc décidé de poursuivre les aventures de Clara, la septuagénaire productrice de légumes bios, et des couples vacillants qui l'entourent.

«Je suis en train d'écrire le troisième volet dans lequel on suivra notamment le quotidien de Claude et Francis, notre couple homosexuel», précise l'auteure.

Janette Bertrand partage sa vie depuis près de 30 ans avec Donald, son conjoint de 20 ans son cadet. Cette différence d'âge fait-elle partie des défis à relever dans son couple? «Ce n'est pas un défi, au contraire, il n'y a pas de compétition! Ça rajeunit, ça fait du bien d'avoir quelqu'un de plus jeune. C'est un des tabous qui restent dans notre société. On nous appelle les cougars! Pourquoi ne dit-on pas des hommes avec des femmes plus jeunes qu'ils sont des lions?», s'amuse-t-elle.

Confidence

«Je serai bientôt de retour à la télé puisque je vais commencer à tourner en août Ma vie en trois actes (la biographie dont elle a vendu 200 000 exemplaires) en trois épisodes à ARTV. C'est mon histoire, à travers celle des femmes en général, en format documentaire. J'ai d'autres projets télé qui ne sont pas encore confirmés.»

Q/R

Avec qui changeriez-vous de carrière?

Plus jeune, j'ai été à l'université en lettres et je voulais être grand reporter. J'ai tellement essayé de me placer dans les grands journaux, mais j'avais l'air très jeune. La Presse m'avait demandé de faire la description des mariages, mais j'ai refusé, car je voulais rapporter ce qui se passait dans le monde.

Ce qui vous fait le plus rire?

Mes deux arrière-petites-filles. Elles n'ont aucune inhibition. La plus jeune vient me voir et me dit: «Tu n'arrêtes pas de vieillir, mamie!» Ou encore: «Ta peau se détache de ton corps.» Comment ne pas rire?

Qu'est-ce qui vous a donné le goût de faire ce métier?

En 1945, en sortant de l'université, j'ai publié Mon coeur et ses chansons, un recueil de poèmes qui étaient lus à CKAC. De fil en aiguille, j'ai commencé à écrire pour la radio, puis la télévision. Cette carrière m'a été offerte, je ne l'ai pas voulue. Petite, j'étais médiocre en classe, je n'avais aucun talent et je ne me voyais aucun avenir. Tout à coup, c'est arrivé.

Le livre que vous auriez rêvé d'écrire?

Tout Colette! Surtout la série des Claudine. J'aime sa liberté et sa manière d'aborder la sexualité. Si elle avait été un homme, je suis certaine qu'elle aurait été parmi les grands, autant que Victor Hugo ou Balzac. C'est mon modèle.

Un plaisir coupable?

La musique country. J'adore ça!

Vous souvenez-vous de votre premier slow?

Oui, sur Only You des Platters. Je devais avoir 17 ans. On passait l'été à la plage Windsor, à Repentigny, et il y avait un kiosque avec un juke-box qui jouait ça.

Vous arrive-t-il de mentir?

Oui! Ceux qui vous diront le contraire sont des menteurs. Je suis une menteuse sociale, pour ne froisser personne.