Avec Survivre, le directeur du Quat'Sous, Éric Jean, clôt sa saison sur une note plutôt légère. Il met en scène cette pièce signée Olvier Kemeid sur l'aliénation de la vie de bureau et le quotidien routinier de gens en panne de désir.

Dans un décor terne et vintage (l'ère numérique n'est pas encore arrivée dans ce lieu de travail), six employés de bureau s'affairent sans conviction à leur tâche respective en attendant le coup de 17 h qui vient les libérer de leur prison. Pour mieux recommencer le lendemain matin. Jusqu'au jour où un jeune homme mystérieux fera intrusion dans cet univers beige pour soulever la nappe de leurs fantasmes.

Pièce sur la place du rêve et de l'imaginaire dans la vie, Survivre commence comme une comédie pour ensuite plonger dans l'onirisme, voire le suspense. Et c'est là que ça se gâte un peu. Si, dans le registre comique, on s'amuse à voir évoluer ces archétypes de la comédie postindustrielle, la part mystérieuse des personnages demeure floue et trop mince. Pas tant à cause du jeu ou de la mise en scène que du texte. À vue de nez, le manuscrit ne doit pas dépasser la vingtaine de feuillets. Il manque donc un peu de viande autour de ce canevas intéressant, mais court. Comme si les créateurs avaient choisi un thème, improvisé à partir du thème, puis manqué d'inspiration au moment de monter la pièce...

D'ailleurs, Éric Jean a terminé sa distribution avant que le texte d'Olivier Kemeid ne soit écrit. Sylvie Drapeau, Anne Casabonne, André Robitaille, Renaud Lacelle-Bourdon, Martine-Marie Lalande, Laurie Gagné et Olivia Palacci ont bien voulu collaborer à « cette création à l'aveugle «. C'est un procédé de création qui en vaut un autre. Il a sans doute permis aux interprètes de bien définir leur personnage. Car ils les rendent tous très bien. Il reste que si ce spectacle de 70 minutes est agréable, il ne provoque pas de grande réflexion. Malgré un sujet qui était fort prometteur.

Jusqu'au 18 mai au Quat'Sous. Les représentations des vendredis et samedis sont précédées de la courte pièce Cleaning de Simon Lacroix, artiste en résidence au Théâtre de Quat'Sous.