Voici les choix culturels hebdomadaires d'Agnès Gruda.
CINÉMA
No
Ça se passe au Chili, lors du plébiscite de 1988, par lequel Augusto Pinochet, de plus en plus contesté chez lui et à l'étranger, veut se donner une légitimité démocratique. Pour la première fois, les opposants chiliens ont le droit de s'exprimer publiquement. L'histoire d'une campagne publicitaire joyeuse, menée comme une pub commerciale, qui a conduit à la chute du dictateur. Le film de Pablo Larraín est captivant.
LIVRE
La couleur des sentiments
Le roman de Kathryn Stockett est campé dans le Mississippi de 1962, encore imperméable aux échos du mouvement pour les droits civiques. Sujet de débat chez les Blancs de la ville de Jackson: faut-il, oui ou non, construire des toilettes séparées pour les domestiques noires, par mesure d'hygiène? Un roman à trois voix, qui se lit comme un thriller social, et qui nous rappelle un monde pas si lointain et heureusement révolu.
THÉÂTRE
Le roi se meurt
Le roi Bérenger se meurt, tout craque autour de lui, mais il refuse de se rendre à l'évidence. Ionesco a écrit cette pièce après avoir été grièvement malade. Le TNM l'a présentée pendant hiver, dans une mise en scène de Frédéric Dubois. Mais pour moi, c'était surtout une occasion de redécouvrir cette brillante allégorie. Comme Bérenger, le roi agonisant, nous sommes tous des souverains en péril. Et chacun de nous sera «le premier à mourir».
SÉRIE TÉLÉ
Breaking Bad
Ma série coup de coeur de l'hiver. Un prof de chimie d'Albuquerque, au Nouveau-Mexique, apprend qu'il est atteint d'un cancer incurable. Et que ses assurances ne couvrent pas le traitement susceptible de lui sauver la vie. Il décide de fabriquer du crystal meth dans un laboratoire improvisé dans le désert. La série commence comme une critique du système de santé américain, mais on tombe rapidement dans un univers déjanté et délicieusement amoral.
DISQUE
Amanké Dionti
Un disque métissé, où un griot sénégalais se joint à un musicien jazz allemand pour produire une musique planante et apaisante. La trompette de Volker Goetze se marie en douceur à la kora et à la voix chaude d'Ablaye Cissoko. J'ai découvert ce disque à Noël et l'écoute en boucle depuis. C'est un baume après une journée trop turbulente, un refuge au milieu de l'hiver.