Lou, Thomas, Matthieu, Izia, Lola, Léa, Félix, Alice, Hugo, Jacques: pour les récompenses Césars du cinéma, comme récemment à celles des Victoires de la musique, les «fils et filles de» occupent cette année le devant de la scène française.

«Mum, I got it!» («Maman, je l'ai!»), lançait Lou Doillon en recevant la Victoire de l'artiste féminine de l'année. «Mum», c'est Jane Birkin, et Papa, c'est le réalisateur de cinéma Jacques Doillon.

Et si Lou était si contente, c'est aussi parce qu'elle se faisait un nom au côté de sa soeur Charlotte Gainsbourg, actrice et chanteuse, fille du chanteur Serge Gainsbourg.

Thomas Dutronc, fils de Jacques, était moins chanceux, et repartait bredouille, tout comme sa mère, la chanteuse Françoise Hardy.

Fils du chanteur Louis Chedid, et petit-fils de la poétesse franco-libanaise Andrée Chedid, Matthieu, dit «M», a aussi dû faire une croix sur la Victoire du meilleur album.

Au théâtre du Châtelet, au coeur de Paris, pour la remise le 22 février des Césars, le parterre de nommés contient lui aussi son lot d'héritiers et d'héritières.

Candidate au César de la meilleure actrice pour son rôle de lectrice de Marie-Antoinette dans Les Adieux à la Reine, Léa Seydoux porte un nom synonyme de gros sous dans le monde du cinéma: elle est la petite-fille de Jérôme Seydoux, patron de Pathé, et la petite nièce de Nicolas Seydoux, PDG de Gaumont.

Castings

Dans la catégorie des meilleurs espoirs féminins, elles sont trois à porter des patronymes déjà connus du public: Izia Higelin, fille de Jacques le chanteur, dans Mauvaise fille»; Lola Dewaere, fille de Patrick, l'acteur mort il y a trente ans, dans Mince alors!, et Alice de Lencquesaing dans Au galop», un film réalisé par papa, Louis-Do de Lencquesaing, également acteur multicartes.

Côté meilleur espoir masculin, Félix Moati, dans Télé gaucho, a pour père le journaliste et réalisateur Serge Moati, auteur notamment de documentaires et de séries télé.

Concourant pour son troisième César du meilleur réalisateur avec le film De rouille et d'os, Jacques Audiard s'est déjà fait un prénom en gagnant la statuette pour De battre mon coeur s'est arrêté et Un prophète.

Avant lui, son père, le célèbre dialoguiste et réalisateur Michel Audiard, auteur de répliques cultes du cinéma français, avait gagné un César en 1982, celui du meilleur scénario pour le film Garde à vue, un face à face dans une salle de commissariat entre Lino Ventura et Michel Serrault.

Nommé au César du premier film pour Comme des frères, Hugo Gélin affiche un arbre généalogique encore plus riche. C'est le fils de l'acteur-réalisateur Xavier Gélin, lui-même fils du couple de stars de l'après-guerre Daniel Gélin et Danièle Delorme.

Aucun de ces rejetons célèbres n'a choisi de changer de nom pour donner au moins l'apparence de l'anonymat.

Dans les magazines, Lou Doillon, ex-actrice, ex-mannequin, s'explique longuement sur son ancien mal-être, incapable de trouver sa place entre une mère et une soeur ultra-célèbres.

À 33 ans, Lola Dewaere a une approche plus terre à terre et explique franchement pourquoi elle a gardé le nom de son père: «Ayant commencé assez tard, je me suis dit que les choses iraient plus vite pour être reçue dans les castings».