Une phrase sibylline du budget fait craindre le pire au milieu culturel. Le budget du ministère de la Culture augmentera de 12,9 millions de dollars, ce qui correspond à 2,1%. Mais cette hausse servira «principalement» à couvrir la hausse des frais d'exploitation de la Maison symphonique et du service de dette subventionnée. Cette augmentation sera «compensée en partie par diverses mesures d'économies», y lit-on.

Aucun détail n'est fourni sur la ventilation des dépenses. «On craint que ces mesures d'économies, ce soient des coupes», affirme Bastien Gilbert, du Mouvement pour les arts et les lettres (MAL).

Le ministre de la Culture, Maka Kotto, n'a rien dit pour rassurer le milieu. «Nous allons prioriser ce que nous avons à prioriser relativement à l'assiette fiscale», a-t-il signalé. La réponse viendra au dépôt des crédits budgétaires, le 6 décembre.

Hier, nous avons appris que la hausse non prévue des frais d'exploitation à la Maison symphonique s'élevait à 4 millions de dollars. Québec assume cette augmentation, comme le stipule le partenariat public-privé signé en 2009 avec une société en commandite contrôlée par SNC-Lavalin. Cette hausse de 4 millions compte pour 30% de l'augmentation du budget du ministère de la Culture.

Une bonne partie de la part restante des nouvelles sommes allouées au budget servira à payer «l'augmentation du service de dette subventionnée». Aucun chiffre précis n'est donné. À cela s'ajoutent les nouvelles sommes promises, mais non chiffrées, par le ministre la semaine dernière pour le virage web de Télé-Québec.

Le MAL se demande comment le gouvernement Marois pourra respecter ses engagements. Lors de la dernière campagne électorale, Mme Marois a promis à terme 88 millions par année en culture. Télé-Québec héritait à elle seule de 10 millions de dollars - davantage que ce qui reste de l'augmentation du budget après avoir comptabilisé les coûts imprévus à la Maison symphonique.

Les autres engagements: augmenter les budgets du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) (13 millions) et de la Société de développement des entreprises culturelles (8 millions), créer un fonds pour soutenir les tournées internationales des artistes québécois (5 millions) et créer un programme de résidence d'artistes dans les écoles primaires et secondaires (30 millions).

En entrevue avec La Presse le mois dernier, M. Kotto a indiqué que ces promesses pourraient être reportées.

Le MAL craint qu'en plus de reporter ces promesses, le ministre fasse des compressions. «On ne veut pas de coupes dans les sommes qui vont aux artistes, dit M. Gilbert. Et je rappelle que les frais d'administration ont beaucoup été coupés dans les dernières années [dans le milieu culturel].»