Comment renforcer l'importance de la culture dans le développement de Montréal? Tel est l'objectif du Rendez-vous 2012, Montréal métropole culturelle, une rencontre organisée le 26 novembre à la TOHU. Dans ce cadre, La Presse a rencontré Jacques K. Primeau, un pilier de la scène culturelle québécoise et nouveau président du C.A. du Partenariat du Quartier des spectacles. Le producteur de Tout le monde en parle et d'artistes tels que Guy A. Lepage, Yves Pelletier et les Denis Drolet nous parle de ses ambitions pour dynamiser le centre-ville montréalais.

Q: Le Rendez-vous 2012 survient à mi-parcours du Plan d'action 2007-2017 - Montréal, métropole culturelle. Est-ce vraiment utile cette rencontre?

R: Je pense que oui. Avec tout ce qui se passe à Montréal, on a besoin de se rassembler pour définir pas juste ce qui va mal, mais aussi ce qui va bien et ce qui est porteur pour l'ensemble de la culture à Montréal. Nous allons montrer où en est le Quartier des spectacles puisqu'on était un des projets moteurs du Rendez-vous de 2007.

Q: Plus particulièrement?

R: On aimerait aborder par exemple la question du cinéma, notamment de sa diffusion. La problématique avec l'ONF, avec la Cinémathèque, de même que la situation des festivals de cinéma dans le quartier pour que ça soit prioritaire. À Montréal, on a une façon particulière de développer le cinéma, différente de Toronto. On a une niche à trouver à partir de ce qu'on a.

Q: Vous étiez vice-président du Partenariat du Quartier des spectacles depuis 2003 avant de devenir, cet automne président. Quel a été votre rôle dans la création du Partenariat?

R: L'idée était dans l'air dans les années 90. En 2001, alors que j'étais président de l'ADISQ, on s'est réunis à six ou sept pour réfléchir sur ce qui serait stimulant pour la culture à Montréal. Une des propositions était le Quartier des spectacles. Gérald Tremblay l'a créé en 2003.

Q: Quel bilan faites-vous de ces neuf ans de gestion du Quartier des spectacles avec Charles Lapointe?

R: Il s'agissait d'abord d'une phase de concertation pour savoir où on s'en allait avec la Ville et avec les gens du spectacle. Puis, on a débuté les aménagements en 2007. La place des Festivals, la Promenade, la rue Sainte-Catherine piétonnière. On est rendu au travail de contenu et d'animation des places publiques et de soutien des éléments créateurs du quartier.

Q: Quelle a été depuis neuf ans la plus belle réalisation du Quartier des spectacles?

R: Le Parcours lumière. Il est parti d'un projet pilote qui a abouti à un plan lumière pour les lieux de diffusion culturels. Et on va créer dès la fin de l'année des projections simultanées sur huit façades différentes. Il faut comprendre qu'on est rendu à mi-étape de ce que peut faire le Partenariat. Il reste beaucoup à faire, l'aménagement de l'édifice Wilder, important pour la danse, la patinoire de la rue Clark, l'aménagement du pôle est. Pendant ce temps, 40 festivals dont le Jazz et Juste pour rire, profitent des installations pour aller plus loin.

Q: Que pensez-vous de la proposition de Gilbert Rozon de créer une masse critique de festivals l'été dans ce quartier, comme à Édimbourg?

R: L'été culturel montréalais, extrêmement varié, c'est important, mais ça commence à être pas mal complet. Je ne pense pas que le modèle d'Édimbourg soit applicable dans son intégralité. Le modèle montréalais sera montréalais. Il permettra de superposer des événements, mais pas de les noyer dans une espèce de magma. Si des organismes veulent se mettre ensemble, c'est leur choix. Chaque festival a son autonomie. Mais les événements qui ont lieu à l'extérieur de l'été sont importants. Coup de coeur francophone, par exemple. Il faut qu'il y ait de l'activité toute l'année, d'où l'idée de la patinoire l'hiver.

Q: Que privilégiez-vous pour faire face à la concurrence des salles de spectacles de l'extérieur de l'île?

R: On est en train de faire une étude sur la fréquentation du public pour développer ensuite un plan d'action pour se repositionner. On revient au fondement de ce pour quoi on a créé tout ça. Il faut plus de places de BIXI, améliorer les transports en commun, notamment en allongeant les heures de services, ajouter plus de stationnements et améliorer la signalisation avec du jalonnement dynamique. Notre but est d'avoir plus de spectacles et plus de spectateurs. Car Leonard Cohen, il ne passera pas à Laval, mais dans le Quartier des spectacles.

Q: Vous êtes donc optimiste quant au développement du Quartier des spectacles dans les années à venir?

R: Je suis très optimiste. J'accepte ce mandat avec beaucoup d'humilité, car remplacer Charles Lapointe n'est pas rien. Il a fait un travail extraordinaire. La barre est haute, mais on a une vitesse de croisière, une équipe extrêmement qualifiée et une qualité de création exceptionnelle à Montréal, avec de nouvelles choses chaque année. C'est ce qui fait la force du Quartier des spectacles.